SONDAGE | Appui « sans équivoque » à une loi anti-gaspillage

S’il n’en tenait qu’aux répondants du plus récent sondage SOM-Le Soleil, une loi anti-gaspillage interdisant aux entreprises de jeter des produits neufs invendus serait bien plus qu’un souhait de l’opposition.


Près de neuf Québécois sur dix questionnés dans le cadre de l’enquête menée entre le 1er et le 3 novembre dernier ont répondu être plutôt ou très favorables à l’adoption d’une loi qui empêcherait les pratiques comme celles des chaînes Home Depot et Couche-Tard, révélées grâce à des enquêtes des Coops de l’information.

« C’est assez sans équivoque. Ça va dans le sens commun. J’aurais été excessivement surpris de voir une majorité de répondants être très défavorable. »

—   Éric Lacroix, vice-président et chef de la stratégie d’affaires de la firme SOM

12 % des 1032 répondants ont tout de même reconnu être contre une loi anti-gaspillage. Selon le sondeur, ce désaccord ne peut être associé à une approbation d’un gaspillage systématique de produits qui pourraient avoir une seconde vie.

12 % des 1032 répondants ont tout de même reconnu être contres une loi anti-gaspillage.

« Ce sont probablement des gens qui sont plutôt réfractaires à ce que le gouvernement s’ingère dans la vie des personnes et des entreprises. À mon avis, ce sont des personnes qui ont des habitudes libertariennes », avance-t-il.

Quasi-unanimité chez les 18-34 ans

Signe que cette tranche de la population est très sensible aux enjeux environnementaux, l’enquête révèle que 95 % des 18-34 ans sont favorables à une loi anti-gaspillage.

« Ce n’est pas une surprise que les jeunes soient un peu plus nombreux. Ils sont conscients qu’ils vont vivre avec cette planète plus longtemps que les baby-boomers », souligne M. Lacroix.

Message clair selon QS et le PQ

Dans la foulée de l’enquête des Coops de l’information sur le sort que réserve la chaîne de dépanneurs Couche-Tard aux produits invendus, Québec solidaire a déposé, en mars dernier, un projet de loi visant à lutter contre le gaspillage alimentaire. La même formation politique avait préposé un projet de loi similaire en 2020.

Porteuse du projet de loi « Couche-Tard », la porte-parole solidaire en matière d’Environnement, Alejandra Zaga Mendez, considère le récent coup de sonde comme la confirmation que le gaspillage – alimentaire ou autre – constitue un enjeu très préoccupant pour les Québécois.

La porte-parole de QS en matière d’environnement, Alejandra Zaga Mendez.

« La population demande que l’on fasse plus. Elle demande un encadrement du gaspillage des invendus et du gaspillage alimentaire, car on n’en fait pas assez au Québec », martèle-t-elle.

Tout comme Québec solidaire, le Parti québécois a présenté, au printemps, sa vision d’une loi anti-gaspillage québécoise. S’étendant à l’ensemble des produits commerciaux, le projet de loi comprend notamment des amendes importantes, pouvant atteindre 1,5 million $.

S’appuyant sur les résultats de sondage SOM-Le Soleil, le porte-parole péquiste en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, Joël Arseneau, souhaite que le gouvernement entende le message clair que lui envoie la population et le somme d’appeler son projet de loi.

Le porte-parole péquiste en matière d'environnement, Joël Arseneau.

« Nous sommes prêts à collaborer avec la CAQ pour régler une fois pour toute ce fléau », soutient le député des Îles-de-la-Madeleine.

Son homologue solidaire invite également le gouvernement d’agir de façon concrète, en empruntant la voie législative. Il est du devoir des élus de prendre les choses en main, croit-elle.

« Le message que l’on reçoit [du gouvernement] présentement, c’est que le gaspillage est un problème. Mais il ne veut toujours pas réglementer. C’est très grave en raison de l’ampleur du défi. On ne peut pas laisser aller les entreprises et se fier à leur bonne volonté », lance-t-elle, exaspérée.

Ce sondage en ligne a été mené du 1er au 3 novembre 2023 auprès de 1032 adultes québécois. L’échantillon a été tiré du panel Or de SOM, lequel est constitué d’individus recrutés de façon aléatoire par téléphone (fixe et cellulaire). Les données ont été pondérées pour refléter au mieux les caractéristiques de la population selon l’âge, le genre, la taille du ménage, la scolarité, le logement (propriétaire/locataire), la langue maternelle et la région. La marge d’erreur maximale pour l’ensemble des répondants est de 4,6 %.