Celui-ci, attenant à l’office du tourisme, est si petit qu’il entrerait presque dans un sac à dos. Il n’est pas ronflant d’artifices, non plus, mais déploie suffisamment d’originalité pour qu’on s’y attarde. Le papogay, un perroquet de métal et de bois de 4,5 kilos, est au centre d’une tradition remontant à la guerre de Cent Ans.
Le premier week-end de mai, le volatile en question est perché sur un mât à 45 mètres de hauteur lors d’une fête qui dure trois jours. Les villageois membres de la Compagnie des archers tentent alors de le faire basculer grâce à des flèches fabriquées à la main. Celui qui fera battre les ailes du papogay deviendra le roi des archers, rien de moins.
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Comment déterminera-t-on sans se tromper lequel des Robin des bois a abattu l’oiseau? À la couleur de ses flèches, qui ne relève pas du hasard. Elle a été choisie et transmise de père en fils et est inscrite dans un registre officiel. Et l’exercice se déroule bien entendu en tenue traditionnelle.
Chaque année, on fait la promotion de l’événement avec une affiche rendant hommage au roi de l’année précédente. Sur le mur du musée, le nom des souverains est affiché, avec quelques exceptions saugrenues. Si l’oiseau tombe tout seul, c’est le vent qui sera élu roi. Il est alors interdit de le hisser à nouveau sur son mât. Il arrive aussi que les archers, trop épuisés par des heures d’efforts, n’arrivent pas à élire un roi. Il faut alors patienter jusqu’à l’année suivante.
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Rieux-Volvestre compte aussi une cathédrale fortifiée. Sous son toit, on remarquera des meurtrières, où les archers s’installaient autrefois pour garder la ville. Il aura fallu une centaine d’années pour la construire dans les années 1300. Curiosité, le bâtiment ne compte qu’une porte pour les fidèles, sur le côté. Traditionnellement, l’évêque y entrait par le clocher au premier étage.
L’été, deux visites de la cathédrale sont organisées tous les jours. Seuls les privilégiés verront l’escalier en colimaçon, qui mène vers les combles. Original, il n’est supporté par aucun pilier central. On nous demande donc de monter à la file indienne, le long du mur, pour éviter de mettre du poids vers le centre. Le lieu de culte compte aussi une impressionnante collection de vêtements liturgiques et de bustes reliquaires, dont un de Saint Jean-Baptiste.
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Un marché se tient le dimanche matin au centre du village.
Martyrs et faïence
À une vingtaine de minutes de là, le tout aussi discret village de Martres-Tolosane, dont le nom signifie « les martyrs de Toulouse », cache lui aussi une tradition. Construite en forme de cercle, la commune de 2300 habitants possédait des doubles remparts.
Dans la seconde moitié du 8e siècle, alors que le village se nommait Angonia, une violente bataille y aurait opposé les Sarrasins et les chrétiens. Le duc Vidian, à la tête de l’armée chrétienne, aurait réussi à repousser les assaillants avant d’être abattu près d’une fontaine où il s’était arrêté pour laver ses plaies.
On raconte que des miracles se sont immédiatement produits sur le tombeau de Vidian, aujourd’hui canonisé. Une procession avec un buste de Saint Vidian est aujourd’hui organisée après la Pentecôte. Presque tous les habitants du village y participent. La procession est aussi ponctuée d’une reconstitution de la bataille qu’a mené Vidian, reconstitution qui a lieu chaque année depuis 1845.
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Les rôles de chaque citoyen sont établis de manière très sérieuse. De génération en génération, les familles gardent le même rôle. S’ils sont chrétiens, ils s’habilleront comme des chevaliers, en rouge. S’ils sont Sarrasins, ils se vêtiront de jaune et de blanc. Martres-Tolosane se drape aussi pour l’occasion de fanions avec les armoiries des combattants.
Cette tradition rappelle un peu celle d’Oberammergau, en Allemagne, où on recrée tous les dix ans la pièce de la Passion du Christ et où plus de 2000 habitants de la ville y tiennent un rôle.
Parmi les autres traditions du village, la faïence occupe une place de choix. On y trouve d’ailleurs un petit musée où on explique que la faïence est cuite au grand feu et qu’on utilise notamment la technique de l’estampage pour décorer les pièces.
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La relève se fait rare pour ce type d’art, si bien qu’il ne reste que quatre faïencières au village. On peut visiter leur atelier et en apprendre davantage sur les techniques utilisées.
Une visite à pied dans les rues permettra aux curieux de scruter l’architecture médiévale et de constater, dans certains cas, que les maisons ne possèdent des fenêtres que d’un côté, pour des raisons purement défensives.
Enfin, pour une visite encore plus ludique, le parc archéologique du Village Gaulois est situé tout près. Il s’agit d’un parc culturel, d’un écomusée qui permet de découvrir les traditions gauloises à travers l’orfèvrerie, le tir à l’arc, la poterie et la forge.
Le journaliste était l’invité d’Air Canada et d’Atout France.