L’histoire de Rebecca a débuté par un parcours éclectique. «J’ai toujours aimé faire des choses et je n’avais pas d’argent. Je faisais toutes sortes de créations et les gens les aimaient. J’ai donc continué à en faire. Je fais des vêtements, je travaille le bois, je dessine, je fais des guitares, je vends de l’art», raconte-t-elle.
Mais c’est la couture qui lui apportera finalement un salaire intéressant. Initialement, la costumière rêvait être dans un groupe de musique.
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«J’aime les guitares, j’ai donc suivi un cours de lutherie. On m’a dit qu’il n’y a “pas de femmes qui font des guitares. Les gars veulent des vieux gars chauves avec une barbe et des lunettes. Ils ne veulent pas de filles dans ton genre.” C’était en 1981, les gens ont changé depuis», indique-t-elle au Soleil.
L’apprentie luthière a été membre du groupe punk québécois No Policy au début des années 1980. Ensuite, elle a déménagé en Californie pour se joindre au groupe punk féminin Frightwig.
«J’adorais me faire des ensembles de scènes éclatés. Cela pour moi s’est avéré plus plaisant que de faire de la musique sur scène. Un jour, j’ai fait un spectacle à San Francisco et un propriétaire de boutique est venu me voir en me demandant de faire des vêtements pour son commerce. Il m’a payé et c’était fantastique», dit-elle.
C’est ainsi qu’a débuté la carrière de costumière de Rebecca Sevrin. Établie à Los Angeles et habile avec le cuir, elle collabore régulièrement avec un créateur d’épées.
Et un jour Kiss
«Rebecca, tu vas être jalouse, untel fait de la couture pour Kiss!», lui avait lancé son ami créateur d’épées. Elle avait répondu qu’elle «tuerait pour ce travail», se remémore-t-elle.
Deux jours plus tard, elle avait reçu un coup de téléphone. «Rebecca, j’ai entendu dire que tu voulais le contrat de Kiss. Je ne le veux pas, prends-le! Le type est venu me voir avec les pièces de cuir pour les costumes en me disant qu’il détestait coudre le cuir, que c’était son cauchemar. J’ai dit parfait.»
Elle ne savait toutefois pas que les costumes étaient attendus pour le lendemain.
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«J’ai assemblé les vêtements. La costumière de l’époque m’a téléphoné en me demandant pourquoi je me retrouvais avec les morceaux à coudre sans aucune vérification préalable de leur part. Toutefois, avec le court délai, elle m’a demandé de faire le travail», note-t-elle.
Gene Simmons
Après avoir tout cousu, Rebecca Sevrin est allée à la rencontre de Gene Simmons, chez lui, pour un essayage.
«Je portais un t-shirt avec dessus le personnage Hook de l’univers Marvel. J’aime les bandes dessinées. Quand il l’a vu, il m’a dit que j’avais un beau t-shirt et m’a demandé qui l’avait dessiné. J’ai répondu Jack Kirby. Il s’avère que Gene Simons est un grand collectionneur de bandes dessinées. Il a commencé à me poser des questions. Je répondais et il était impressionné», souligne-t-elle.
Le costume faisait parfaitement. Tout le monde était content. On a expliqué à Rebecca qu’ordinairement, ce n’est pas le chemin habituel pour travailler avec Kiss. Elle avait réussi à se faufiler et avait fait le travail.
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C’était en 2004, il y a bientôt 20 ans.
Bien qu’elle parle souvent de Gene Simmons, tout le groupe brasse des affaires avec Rebecca. Mais pour le bassiste, le rapport est particulier, car c’est elle qui habille l’artiste à chaque spectacle. De plus, elle fait les pièces de braguettes et ses armures. Un vrai «casse-tête» à enfiler, selon la costumière.
Rebecca Sevrin est la seule personne qui manipule la garde-robe du groupe. En tournée, les soirs de concert, son travail débute à 7 h du matin et se poursuit jusqu’à 1 h de la nuit. Il y a beaucoup à faire: on lave les costumes après chaque spectacle. Ensuite, on doit les faire sécher à plat, ils ne vont pas au séchoir.
Il y a également les bottes et le cuir à polir ainsi que les brillants manquants à remplacer. Finalement, elle passe à l’assemblage de l’armure de Gene Simmons.
La tournée d’adieu du groupe prendra fin au Madison Square Garden à New York le 2 décembre. Rebecca éprouve une certaine nostalgie. Elle affirme même espérer que ce soit un mensonge et qu’au fond, ce ne soit pas la dernière tournée de Kiss. «C’est triste il y a une date d’expiration sur mon travail favori. Mais quand ça sera terminé, je vais dormir pendant un mois.»
Potins de coulisses : en direct du costumier du groupe
- Kiss n’utilise que des cristaux de marque Swarovski pour leurs costumes.
- Bien que chaque membre possède plusieurs costumes identiques pour la tournée, ils ont leur favori qu’ils portent spectacle après spectacle. Après chaque représentation, les vêtements sont nettoyés, séchés à plat et restaurés à leur état initial.
- Le batteur Eric Singer portait la même paire de bas (propre) à chaque spectacle jusqu’à leur perte, il y a un mois.
- Les bottes de KISS ont un poids d’environ 10 livres chacune. Elles sont entretenues aussi minutieusement que des bottes de parade militaire. Au besoin, elles sont repeintes et on remplace les cristaux perdus après chaque spectacle. Le chanteur Paul Stanley en possède quatre paires et Gene Simmons deux.
- Les membres s’habillent seuls, à l’exception du bassiste Gene Simmons qui est assisté par Rebecca. Elle le rejoint à 19 h 30 avant chaque spectacle.
- Le secret de Rebecca Sevrin pour que les costumes n’aient pas de mauvaises odeurs? De la vodka et de l’huile essentielle d’arbre de théier dans un vaporisateur. «Efficace et facile à trouver, peu importe à quel endroit vous vous trouvez sur la planète», indique-t-elle. Cette dernière utilise aussi du vinaigre ou du peroxyde.