Coût coup l’injustice!

Je crois le transport en ambulance ne devrait pas être facturé à ses usager, fait valoir Élisée Naud.

LA VOIX DES LECTEURS / J’étais en cours de philosophie lorsque j’ai dû prendre l’ambulance. Des difficultés respiratoires m’empêchaient de rester consciente en classe. Pour tout vous dire, j’ai un diagnostic de syndrome de tachycardie orthostatique posturale, qui m’a amené à utiliser le service ambulancier plusieurs fois. Pour moi, il ne s’agissait alors que d’un énième coûteux, mais nécessaire transport vers l’hôpital. Ce que je croyais banal s’est finalement transformé en questionnement de la part de mes collègues de classe la semaine suivante, quand ils ont appris que je devrais payer ce transport, et ce, même si mon inconscience de plusieurs minutes en classe semblait être une « raison valable » de recevoir des soins médicaux d’urgence.


Bien que l’ambulance soit un service essentiel, son coût n’est pas couvert, contrairement à la plupart des services médicaux au Québec. Pourquoi payer le transport ambulancier quand ce n’est pas un abus ?

Je suis une étudiante, je suis en formation pour devenir une travailleuse, une citoyenne et une contribuable. Oui, il y a des exceptions. Au Québec, les personnes âgées de 65 ans et plus, les gens possédant certaines assurances, les bénéficiaires de l’aide sociale et les victimes d’accident de la route reçoivent un remboursement lors de la prise du transport ambulancier.

Pourquoi ne pas ajouter les étudiants à ces catégories ?

En fait, je crois le transport en ambulance ne devrait pas être facturé à ses usagers. D’abord, parce que beaucoup de Canadiens hésitent ou renoncent à prendre l’ambulance à cause du coût. Selon les statistiques de Radio-Canada (de l’article Des frais d’ambulance qui découragent les malades), les coûts d’un transport en ambulance ont découragé 19% des Canadiens ayant besoin du service de s’en prévaloir.

Cette situation illustre que les plus pauvres, ou ceux qui ne disposent pas d’une assurance privée offerte par leur employeur, n’ont pas la liberté d’utiliser simplement ce service essentiel, car ils doivent toujours faire rimer finances personnelles et santé.

D’un autre côté, nous pourrions craindre qu’un service ambulancier gratuit pour tous mène à des abus. Nous pourrions nous attendre à ce que les personnes bénéficiant de l’aide sociale ou encore celles de 65 ans et plus soient surreprésentées dans les transports en ambulance. Cependant, selon Éric Fortin, superviseur de la coopérative des techniciens ambulanciers du Québec (CTAQ) du Saguenay, la majorité des groupes d’exception n’abusent pas de ces services. Ainsi, nous ne pouvons pas mettre en place un système sur la base d’une mauvaise connaissance de la réalité.

En terminant, je demande, à certaines conditions, l’abolition des frais de transport en ambulance pour les étudiants. Cela pour des raisons humaines, mais aussi parce que nous sommes de futurs payeurs d’impôts, soutenez notre désir de graduer! N’oublions pas que le verbe « payer » vient du latin classique pacore « faire la paix ». Pour ma part, je n’ai pas encore réussi à faire la paix avec cette situation.

Élisée Naud,

Granby