
Du soutien pour les patients schizophrènes résistants
Cependant, dans quelques semaines, en refusant d’appliquer une exception humanitaire, le ministre de la Santé Christian Dubé privera les psychiatres de leur liberté professionnelle de choisir le traitement à la clozapine et le programme de soutien qu’ils jugent convenir le mieux aux patients souffrant de schizophrénie résistante, tout en niant leur opinion scientifique et médicale. Les psychiatres devraient pouvoir choisir les traitements de leurs patients, pas le ministre de la Santé.
Les patients souffrant de schizophrénie résistante actuellement traités avec la clozapine ne seront pas affectés et seront encore soignés avec ce médicament. Toutefois, le refus du ministre Dubé d’accorder une exception aura des conséquences néfastes pour les futurs patients. En effet, l’avenir d’un programme de support pour les patients souffrant de schizophrénie résistante est menacé.
La clozapine est un antipsychotique exceptionnel utilisé par les psychiatres pour soigner les patients atteints de schizophrénie résistante qui ne répondent pas aux autres traitements. Pour des raisons de sécurité, l’utilisation de ce médicament est si délicate que Santé Canada oblige chaque manufacturier à tenir un registre et un programme de soutien aux patients soutenu par des professionnels de la santé.
Dans le contexte de pandémie et de pénurie d’infirmières, le gouvernement sous-estime grandement l’impact clinique de sa décision. Cela est d’autant plus incompréhensible qu’une exception humanitaire autorisant le support financier du manufacturier pour la clozapine n’aurait aucun impact monétaire pour le gouvernement du Québec, la RAMQ et pour les patients. Depuis 2016, de nombreux professionnels de la santé, patients et associations demandent au gouvernement une exception pour la clozapine.
Nous, soussignés, déclarons qu’en vertu de la nature exceptionnelle de la clozapine et de l’impact sur la santé des patients schizophrènes, nous requérons respectueusement que la clozapine bénéficie d’une exception à l’interdiction de remboursement partiel du prix du médicament par le fabricant, pour des raisons humanitaires, cliniques et sociales, comme prévu par la loi. Nous demandons donc au ministre Christian Dubé et à son collègue Dr Lionel Carmant, médecin et ministre responsable de la santé mentale, d’intervenir de toute urgence pour qu’ils appliquent une exception.
Dr David Bloom, psychiatre, Institut universitaire en santé mentale Douglas
Audrey Beauséjour, infirmière praticienne, CISSS de Lanaudière
Dr Félix Carrier, psychiatre, CISSS de Chaudière-Appalaches
Dr Jean-François De La Sablonnière, psychiatre, CISSS du Bas-St-Laurent
Dre Marie-Antoinette Deciccio, psychiatre, CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal
Karine Dupuis, infirmière clinicienne, CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal
Dr Daniel Frank, psychiatre, CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal
Dr Hani Iskandar, directeur soins intensifs, Institut universitaire en santé mentale Douglas
Dre Sarah Landry, psychiatre, CISSS de Chaudière-Appalaches
Dr Jean-Pierre Melun, psychiatre, Institut universitaire en santé mentale de Montréal
Dr Thomas M. Milroy, psychiatre, Centre universitaire de santé McGill
Dr Arthur Propst, psychiatre, CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal
Dr Louis Tessier, psychiatre, CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal
Et 72 autres professionnels en santé mentale, psychiatres, infirmières cliniciennes, ergothérapeutes et travailleuses sociales.