Faire d’une pierre deux coups en hébergeant sur place les travailleurs agricoles

La pénurie de main-d’œuvre demandera également de faire appel aux travailleurs étrangers temporaires dans toutes sortes de domaines.

Ils sont environ 700 travailleurs étrangers temporaires à venir, année après année, prêter main-forte aux producteurs agricoles de Saint-Paul-d’Abbotsford. Depuis quelques mois, ces derniers peuvent maintenant les héberger sur leur terrain, réglant deux problématiques pour la municipalité.


En premier lieu, l’accès au logement au cœur du village. Les maisons se font de plus en plus rares et les agriculteurs les acquéraient dès qu’elles devenaient disponibles afin d’y loger leurs travailleurs.

«Il y avait une réelle concentration à cet endroit. Nous allons faire baisser la pression au cœur du village et donner l’opportunité aux familles de venir s’installer à Saint-Paul-d’Abbotsford», explique Robert Vyncke, maire de la municipalité.



Pendant la période estivale, les travailleurs agricoles représentent environ le quart de la population abbotsfordienne.

Moins de transport

L’administration municipale a donc voté une nouvelle réglementation, sous l’imposante dénomination «Règlement 687-2023 modifiant le règlement sur les permis et certificats numéro 615-2018 afin d’encadrer toute demande de permis de construction pour l’aménagement d’un logement servant à l’hébergement de travailleurs agricoles au sein d’un bâtiment agricole».

Le maire de Saint-Paul-d'Abbotsford, Robert Vyncke

Les producteurs agricoles peuvent ainsi désormais aménager des roulottes, des maisons modulaires, des maisons mobiles ou autres pour loger les travailleurs sur leur terrain.

«C’est très encadré.»

—  Robert Vyncke, maire de la municipalité, faisant allusion aux exigences de la CPTAQ

Ce n’est cependant pas le free-for-all, prévient M. Vyncke. «C’est très encadré. Nous avons des contraintes de la part de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) concernant notamment l’embellissement des installations», affirme le premier magistrat.



Des démarches de consultation ont été menées avec les agriculteurs de la municipalité pour en arriver à ce règlement.

En plus de donner un peu d’air au cœur de la municipalité, ces nouvelles permissions éliminent une autre problématique en lien avec la prise en charge des travailleurs agricoles, soit la logistique des transports.

En ayant la main-d’œuvre sur place, un poids est enlevé sur les épaules des entrepreneurs de Saint-Paul-d’Abbotsford. «On vient vraiment faire d’une pierre deux coups avec cette nouvelle réglementation», commente Robert Vyncke.

Trouver des solutions

En plus de collaborer avec la CPTAQ, l’administration municipale a travaillé de concert avec la MRC de Rouville pour l’élaboration de ce projet de règlement. D’ailleurs, Saint-Paul-d’Abbotsford est la première municipalité à aller de l’avant avec une telle initiative dans Rouville.

Le maire de Saint-Paul-d'Abbotsford estime que les autres municipalités de la MRC de Rouville, toutes à forte vocation agricole, devraient emboîter le pas au cours des prochains mois.

Le gouvernement du Québec fait pression sur les municipalités pour qu’elles se densifient, mais au beau milieu du garde-manger de la province, il est difficile de trouver de l’espace pour construire de nouvelles habitations.

Les enjeux de ressources sont aussi très importants. Il y a quelques mois, l’administration municipale avait mis en place un moratoire sur les nouvelles constructions, puisque l’approvisionnement en eau potable commençait à être problématique.



Depuis, l’interdiction a été partiellement levée, sur une partie du territoire seulement.

«Tout le monde va devoir trouver des solutions. Les pressions du gouvernement et l’étalement urbain créent une joute dans laquelle il va falloir travailler dans les prochaines années», indique celui qui préside le conseil municipal.

M. Vyncke estime d’ailleurs que les autres municipalités de la MRC de Rouville, toutes à forte vocation agricole, devraient emboîter le pas au cours des prochains mois.

La pénurie de main-d’œuvre demandera également de faire appel aux travailleurs étrangers temporaires dans toutes sortes de domaines. Ce sera donc aux villes et aux villages de la province d’innover et de s’adapter pour réussir à les loger, dans un contexte de crise du logement.