La photo du fil d’arrivée en dit long! Le sourire fendu jusqu’aux oreilles, Évelyne Papillon a non seulement réussi son meilleur temps à vie en demi-Ironman, avec un chrono de 4:32:44, mais a grimpé pour la toute première fois de sa vie sur la plus haute marche du podium d’un tel événement. Et ça ne s’est pas fait sans heurts, alors que Jones Beach, où se déroulait l’événement, était balayée par la queue d’un ouragan, que la pluie s’abattait sur le circuit de vélo et de course, et que les vagues de la baie où avait lieu la nage étaient à la limite d’être dangereuses.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/MVKKYBWARBFLLO5ABMIXHEYEFQ.jpg)
«Je n’ai jamais nagé dans de pareilles conditions. Un moment, on a tous cru que ça allait juste être annulé», se souvient Évelyne, qui a tout de même plongé, pédalé et couru malgré les éléments qui se déchaînaient. Vent de face la moitié du parcours, rien ne pouvait lui laisser croire que sa performance serait si marquante.
Jusqu’à ce qu’elle constate, lors du dernier droit de l’épreuve, soit le 21,1 km de course, que le vélo qui accompagne systématiquement le leader du circuit la suivait de très près. Soudainement, la Trifluvienne a réalisé qu’elle était en train de dominer la course, qu’elle avait une chance de se faufiler au sommet de ce podium courtisé par plus de 580 femmes qui ont participé à l’événement.
«À partir de là, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’ai tout donné. J’ai réalisé que ça se pouvait, que c’était à ma portée. Les gens criaient et m’encourageaient. C’était euphorisant», confie celle qui partage sa passion de l’entraînement Ironman avec quatre autres mamans un peu partout au Québec.
Le groupe s’est surnommé les «Ironmoms».
La discipline du triathlon est apparue dans la vie d’Évelyne en 2009. À peu près au même moment où elle revenait s’installer à Trois-Rivières pour débuter sa pratique médicale, après des études en médecine à l’UdeM et une spécialisation à McGill. D’abord urgentologue au CHAUR de Trois-Rivières, Évelyne profitait de chaque moment entre ses gardes pour s’entraîner. En 2010, elle s’est mérité une place au championnat du monde de triathlon olympique. À quelques reprises dans le circuit provincial, elle est parvenue à se hisser dans le top 3.
De 2011 à 2022, elle a toutefois mis cette discipline sur pause pour se concentrer sur le rôle le plus important de sa vie: devenir maman. Évelyne et son mari, également chirurgien et co-propriétaire du Café Frida de Trois-Rivières, ont eu trois enfants, sans jamais pour autant délaisser le sport.
«L’entraînement n’était peut-être pas au même niveau, mais j’ai toujours été active. Quand les enfants étaient bébés, c’était la poussette, le ski de fond... Aujourd’hui, tout le monde fait du sport, les enfants ont chacun leurs activités et on essaie de maximiser chaque moment pour bouger nous aussi», confie celle qui tentera de coordonner ses entraînements pendant que les cocos ont eux aussi une pratique sportive en cours.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/D33IBQ773NEANOVIWTKQOBNM2U.jpg)
«On n’a rien d’exceptionnel, on est une famille bien ordinaire», s’empresse-t-elle de me dire en riant, lorsque je lui fais remarquer que de coordonner tout ça demande quand même une gymnastique importante. Mais pour Évelyne et son clan, ça fait juste partie de leur quotidien.
«J’ai besoin de ça, c’est ce que j’aime le plus: bouger! Ça m’aide à me sentir bien, j’ai plus d’énergie, j’ai une meilleure concentration, un meilleur sommeil. Je n’en ferai jamais une carrière, ce n’est pas l’objectif. J’ai ma vie, ma carrière, ma famille. Ça se fait dans le plaisir et c’est ça qui est le plus important. Je ne cours pas après les victoires, je le fais parce que ça me rend heureuse», précise-t-elle.
C’est d’ailleurs la première prescription qu’elle aimerait tant donner à tous ses patients. Pas obligé de se lancer systématiquement dans le Ironman. Mais de bouger, d’adopter de saines habitudes de vie, elle ne le répétera jamais assez, c’est à la portée de tout le monde. «Bien dormir, manger sainement et bouger, c’est déjà à la base de tout et ça prévient bien des troubles de santé. Ce n’est pas obligé d’être compliqué, ce n’est pas obligé de coûter cher. Enfiler une paire d’espadrilles et aller prendre une bonne marche active, c’est très bien. Et je dis toujours que ce n’est pas la durée qui est importante, mais la fréquence. Quand ça entre dans notre routine, dans nos habitudes, ça devient tellement plus facile», considère Évelyne.
«C’est surtout important de se fixer des objectifs réalistes. Quand on bouge en famille, ça devient tellement plus simple. Et le plus important, ce sera toujours que ça se fasse dans le plaisir», ajoute-t-elle.
Pour Évelyne, l’objectif à court terme est tout de même de prendre quelques jours de repos, de se remettre de cet exploit sportif et des mois de préparation que ça implique. Mais bon... quand on s’appelle Évelyne Papillon, la définition du repos peut être très subjective. Déjà lundi matin, elle était de retour auprès de ses patients du GMF des Récollets et de la Superclinique réseau du boulevard du Carmel. Les activités sportives en famille reprennent également, sans pour autant se lancer dans des entraînements intensifs précédant un événement comme le Ironman 70.3.
Mais ce n’est qu’une question de temps...
Les bonnes performances de l’athlète lui ont effectivement permis de se tailler une place pour les Championnats du monde de triathlon en Australie en août 2024. Elle ira également performer aux Championnats du monde du Ironman 70.3 en Nouvelle-Zélande en décembre 2024.
«On va reprendre l’entraînement en janvier pour se préparer pour ça», glisse la médecin, qui continuera d’ici là de griffonner ses prescriptions, en espérant inspirer ses patients à bouger eux aussi... à leur façon.