
Le Musée des beaux-arts de Granby [GALERIE PHOTOS]
Pendant les cinq premières années de son existence, c’est dans deux salles de l’hôtel de ville que le Musée présente ses trente-huit expositions. Grandement impliquée au sein du Musée, la Galerie nationale en organise une quinzaine surtout consacrées à l’art canadien, conformément à son mandat, mais elle présente aussi deux expositions de reproductions d’œuvres de Van Gogh, Cézanne, Gauguin et Renoir. Parmi les autres organismes participants, le Royal Canadian Academy offre aux citoyens de Granby quelques expositions itinérantes.
Le Musée des Beaux-arts de Granby devient ainsi un point de ralliement pour les œuvres de plusieurs grands artistes canadiens, comme James Wilson Morrice, Paul-Émile Borduas, David Brown Milne, Ozias Leduc et Emily Carr, pour ne nommer que ceux-là.
Cependant, les conditions muséales offertes par l’hôtel de ville sont loin d’être adéquates : « Plusieurs œuvres du musée local ne donnent qu’une idée très imparfaite du peintre, la salle est exiguë, inadéquatement éclairée », peut-on lire dans La Voix de l’Est. Conscients de ces graves lacunes, les représentants du Musée et de la Ville de Granby profitent, en 1954, du déménagement du bureau de poste pour acquérir l’édifice et y installer le musée. L’édifice, nommé « Maison des arts », est inauguré en 1955 par le gouverneur général Vincent Massey. Il héberge, en plus du Musée, la bibliothèque municipale, le service des loisirs, une troupe de théâtre et un cercle littéraire.
Installé dans ses nouveaux locaux, le Musée expose pour la première fois les œuvres abstraites d’un groupe montréalais formé, entre autres, de Jean-Paul Mousseau, Rita Letendre, Paterson Ewen, Ulysse Comtois et Fernand Leduc. Mais l’avant-gardisme de ces artistes ne plaît guère aux visiteurs et la direction du Musée préfère retourner à la présentation de peintures figuratives d’artistes canadiens connus, comme le Groupe des Sept ou la Relève de Montréal. Bien entendu, on réserve une place de choix aux œuvres des artistes locaux et régionaux. D’ailleurs, le Musée ne présente pas seulement des expositions de peinture, mais aussi des céramiques, des photographies, des sérigraphies, des pièces d’orfèvrerie et de la tapisserie.
Cascade d’événements malheureux
Pendant plus d’une décennie, les administrateurs et les bénévoles du Musée des Beaux-arts de Granby feront tout en leur pouvoir pour que l’art devienne accessible au plus grand nombre. Malheureusement, en 1962, le Musée perd sa directrice générale, au moment même où la Ville annonce son intention de le déménager afin de reloger la bibliothèque. On propose alors au musée de retourner exposer à l’hôtel de ville, ce qui éviterait à la municipalité les frais de sa relocalisation. Cette cascade d’événements malheureux a tôt fait d’émousser la bonne volonté des bénévoles et l’intérêt de la population. C’est ainsi qu’après douze ans d’activité, plus de 90 expositions et des milliers de visiteurs, le Musée des Beaux-arts de Granby fermait définitivement ses portes.
Les informations sont tirées de Claude GIBEAULT, Histoire du Musée des Beaux-arts de Granby/ Granby Museum of Fine Arts,