L’acteur Michel Côté s’éteint à 72 ans

1 de 19

Michel Côté fut associé aux plus grands succès cinématographiques Québécois. L’Almatois, qui savait jouer tous les styles, a autant ému que fait rire ses compatriotes, est décédé. Sa famille en a fait l’annonce dans un communiqué de presse.


Il s’était retiré de la vie publique pour une période indéterminée en avril 2022, alors qu’il disait suivre des traitements pour une maladie de la moelle osseuse, sans plus de détails. Il avait demandé qu’on respecte son intimité.

Le comédien de 72 ans était à la retraite depuis quelques années, mais donnait encore quelques entrevues. L’une de ses dernières sorties publiques remonte à janvier 2022, aux Enfants de la télé.



Il avait aussi rendu hommage en décembre 2021 à son ami le réalisateur Jean-Marc Vallée (C.RA.Z.Y. et La liste noire), décédé subitement, ce qui l’avait beaucoup affecté.

Sur un ton plus léger, on avait pu le voir à l’émission Bonsoir Bonsoir animée par le Saguenéen Jean-Philippe Wauthier le 22 avril 2020, au début de la pandémie. Il était apparu avec sa conjointe de toujours et mère de ses deux garçons, le comédien Maxime Le Flaguais et l’architecte Charles Côté dans la capsule Un café avec nos sages.

À ce moment, le gouvernement avait demandé de confiner les gens de plus de 70 ans et Michel Côté avait lancé en boutade que seule Véronique était touchée, que lui ne le serait qu’à l’été (il est né en juin 1950). Ils disaient jouer au Scrabble tous les soirs. Ensemble depuis 48 ans à cette époque, le sympathique couple paraissait très heureux et avait souhaité bon courage à tous les Québécois.

Un monument

Si le grand public a surtout connu Michel Côté à la télévision et au cinéma, son nom restera toutefois associé au phénomène de la scène que fut la pièce Broue, dès le début de sa carrière, avec son concitoyen Marcel Gauthier et Marc Messier.



Il y a tenu le rôle de «Pointu» à 3322 reprises pendant 38 ans, de mars 1979 à avril 2017, devant 3 394 195 spectateurs. Le trio de copains l’a tellement bien ancrée dans nos mœurs que deux ans après la tombée du rideau, un autre groupe reprenait la pièce pour poursuivre la tradition.

À la télévision, il a fait rire le Québec avec son personnage d’homosexuel très stéréotypé de Jean-Lou dans La petite vie qui a tenu l’affiche de 1993 à 1998, tout en exposant une autre facette de son talent dans la série Omertà : La loi du silence où il tenait la vedette dans le rôle d’un policier d’une escouade du crime organisé qui tombe amoureux d’une femme sans savoir qu’elle est la fille du chef de la mafia.

Il avait repris son rôle dans la version cinématographique qu’en avait faite en 2012 son auteur, Luc Dionne. Il a également participé à des nombreux Bye bye au début des années 80.

Au grand écran, il a marqué le Québec en 1989 avec les quatre personnages créés avec Robert Ménard dans Cruising Bar. Dans sa tête, Cruising Bar se voulait une suite de Broue, dont il voyait à tort la fin, mais dans un contexte différent, celui de la conquête des filles.

Il avait dit en entrevue qu’il avait eu de la difficulté à choisir son personnage et que Robert Ménard lui avait proposé de tout simplement personnifier les quatre. On connait la suite puisqu’il tint avec brio les rôles de Serge (le ver de terre), un homme laid, timide et complexé; Patrice (le lion), un hyperactif qui peine à reconquérir sa blonde en raison de son problème de consommation; Jean-Jacques (le paon), un richard snob qui s’aime beaucoup trop pour avoir une relation saine avec une femme; et Gérard (le taureau), un banlieusard aussi épais que son tour de taille qui trompe allègrement sa femme jouée par Véronique Le Flaguais.

Il avait repris ses rôles, qui lui avaient valu une nomination au prix Génie pour le meilleur acteur dans un rôle principal, dans une suite où on a pu mesurer l’évolution des personnages en 2008.



Michel Côté nous a aussi fait rire dans Le sens de l’humour (2011), une comédie noire écrite par l’ancien membre du Groupe sanguin, le Jonquiérois Émile Gaudreault et tournée en partie dans le Bas-Saguenay, où il tenait le rôle d’un cuisinier psychopathe, inoffensif en apparence, qui est pris comme tête de Turc par deux humoristes.

Il ne faut pas oublier non plus le duo père-fils qu’il a formé à deux reprises (2009 et 2017) avec Louis-Josée Houde dans De père en flic, écrit également par Émile Gaudreault, lequel figure dans le palmarès des 10 principaux succès du box-office au Québec en compagnie des productions hollywoodiennes.

Michel Côté a su aussi émouvoir son public dans C.R.A.Z.Y., film pour lequel il a remporté l’Iris (alors Jutra) du meilleur acteur de soutien en 2006, qui raconte la relation d’un père de cinq garçons avec l’avant-dernier de ses fils au moment où il découvre son homosexualité.

On a aussi pu voir l’Almatois, inscrit au générique de 25 films, dans des suspenses et dans l’action.

C’est ainsi qu’avec son fils Maxime, il a partagé le rôle du capitaine Robert Piché qui, en août 2001, avait démontré un sang-froid à toute épreuve en faisant planer son Airbus 330 en panne de carburant sur une distance de 100 milles nautiques au-dessus de l’océan Atlantique pour le poser, sans assistance hydraulique, sans volets et sans inverseur de poussée, à l’aéroport des Açores, sauvant la vie de tous ses passagers.

On peut ajouter à la liste des films marquants La liste noire, où il joue le rôle d’un juge à qui une prostituée remet, lors d’un procès, la liste de ses clients où figurent plusieurs de ses collègues, Sur le seuil, un thriller de Patrick Sénéchal en 2004 et, la même année, Le dernier tunnel où il tient le rôle du Québécois Marcel Talon qui, dans son autobiographie, raconte ses exploits de perceur de coffres-forts grâce à des tunnels creusés sous les banques.

Hommage

En mars 2013, Michel Côté avait reçu le prix Jutras hommage pour sa brillante carrière. Dans une entrevue à La Presse, il avait identifié les 10 personnages ayant marqué son parcours. Piché, Cruising bar, Sur le seuil, Le dernier tunnel, Omertà, C.R.A.Z.Y. et De père en flic y figuraient en compagnie de son premier long métrage Au clair de la lune (André Forcier), T’es belle Jeanne (Robert Ménard) et Dans le ventre du dragon (Yves Simoneau) où il partageait la vedette avec son ami, le Jonquiérois Rémy Girard.

Une annonce suivra prochainement concernant les cérémonies qui se dérouleront dans les prochains jours.