«Encore aujourd’hui, trois mois après la fusion, je découvre des façons de faire et des habitudes qui n’étaient pas les mêmes au sein des deux entreprises. On s’ajuste en cours de route», constate le président de la nouvelle entreprise qui a choisi de conserver le nom de Auvents Lecours, qui célébrait l’an dernier ses 75 ans d’existence.
Une de ses premières décisions a été de regrouper les activités de production sur mesure d’auvents, de pergolas ou encore de rideaux de patio à un seul endroit, dans les installations occupées par Auvents Daniel Richard dans le parc industriel Cardinal du quartier Vanier. Les équipes de conception-design, de découpage, de fabrication de structures et de couture sont donc maintenant concentrées sous le même toit.
Un seul mode d’emploi
Ce regroupement «est l’un des moyens mis de l’avant pour augmenter l’efficience de l’entreprise», fait valoir Serge Lambert. Il a du même coup fallu unir les méthodes de travail et de production. «Nos auvents sont maintenant tous fabriqués et pliés de la même manière», précise-t-il en ajoutant que chaque entreprise avait ses propres façons de faire différentes. Et qui revendiquait la meilleure? «On n’a pas imposé une méthode ou l’autre. On a demandé les avis de tous les employés, par secteur d’activité, et harmonisé les pratiques pour en arriver à un seul mode d’emploi», répond M. Lambert.
La décision finale n’a pas nécessairement fait l’affaire de tous, notamment de quelques-uns qui devaient changer leurs vieilles habitudes. «Il y a toujours de la résistance aux changements, ou des gens qui jugeront que ce ne sera jamais la bonne manière peu importe celle qu’on a choisie. Certains employés ont quitté, mais ils avaient déjà annoncé leur retraite et ils l’ont simplement devancée», indique Serge Lambert.
Les équipes dédiées à la vente et au service à la clientèle se sont pour leur part installées dans les locaux qu’occupait Auvents Lecours, à quelques kilomètres de là dans le quartier Limoilou. «Auvents Lecours a une belle et longue histoire. La clientèle s’y rend depuis 1947 et on ne voulait pas changer ces habitudes», explique M. Lambert.
Une solution à la pénurie d’employés
Pour un grand nombre d’employés, ces changements signifiaient aussi un nouveau lieu de travail et un changement dans leur routine de transport pour s’y rendre. L’entreprise leur a offert un service de navette entre les deux établissements, que personne n’a finalement souhaité utiliser.
Dans tous les cas, le nouveau président a tenu à les rassurer qu’aucun emploi ne serait perdu, bien au contraire.
«La fusion nous aide à faire face à la pénurie de main-d’œuvre que vivait chacune des entreprises.»
— Serge Lambert
L’entreprise souhaite par ailleurs rapatrier ses quelque 80 employés dans une seule place d’affaires, pour être encore plus efficace. «J’aurais des acheteurs pour nos deux bâtisses, mais c’est plus difficile d’en trouver une pour nous avec la situation dans le secteur immobilier», constate-t-il.
Un parcours atypique
Le parcours entrepreneurial de Serge Lambert est pour le moins atypique. Après avoir raté ses examens médicaux qui l’empêchaient ainsi de réaliser son rêve de devenir policier, il s’est lancé dans une carrière d’enseignant après avoir décroché un diplôme d’études professionnelles en mécanique de véhicules légers.
Quelques années plus tard, deux retours aux études lui ont permis d’obtenir en 2007 un baccalauréat en enseignement, secteur Formation professionnelle, puis une maîtrise en Gestion en milieu scolaire en 2017. Ce qui l’a amené à occuper des postes de direction dans des Centres de formation professionnelle.
En 2019, il décidait de relever de nouveaux défis de gestion, mais dans le secteur privé, en devenant copropriétaire et directeur général d’Auvents et abris Daniel Richard, fondée en 1988. Aujourd’hui, il se retrouve à la tête d’une plus grande entreprise qui mijote plusieurs projets de développement de produits. «Il y a de la place pour de l’innovation dans notre secteur d’activité», affirme-t-il.
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3 questions à Serge Lambert
1. Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu ou que vous aimeriez avoir reçu?
«Tout le monde sait bien qu’il ne faut jamais arroser et entretenir ses mauvaises herbes. La même chose s’applique en matière de relations humaines, que ce soit avec des clients ou des employés. C’est le meilleur conseil que j’ai reçu, celui de ne pas gaspiller son énergie sur les personnes négatives, ce que nous avons naturellement et malheureusement tendance à faire.»
2. Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneur, comme dirigeant?
«Que mon rôle, mes décisions peuvent avoir un impact positif pour les membres de mon équipe. Je travaille fort pour qu’ils soient bien dans leur milieu de travail et qu’ils aient le goût de se dépasser pour l’organisation. Me lever chaque matin sans savoir ce qui va se passer ou quel sera l’enjeu de la journée, puis de trouver des solutions, est une autre source de motivation et de stimulation.»
3. Quel souvenir souhaitez-vous laisser de votre parcours d’entrepreneur?
«Mon principal souhait est que les gens se souviennent de moi comme un gestionnaire à l’écoute de son équipe et qui est toujours prêt à aller au front avec et pour les employés. Je n’ai jamais eu peur de me salir les mains et de mettre l’épaule à la roue pour répondre aux besoins de l’organisation. Je travaille avec des gens de différentes nationalités et classes sociales et je n’ai jamais fait de différence entre les gens. Ils ont tous des forces et mon rôle est de les mettre aux bonnes places.»
En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce