«Honnêtement, le projet pilote dépasse mes attentes. J’espérais 65% à 70% de résidus CRD détournés des sites d’enfouissement. On a réussi à atteindre 75%. C’est toute une réussite. On sent que les entrepreneurs et les gens sur les chantiers de construction ont le goût d’embarquer. Je pense vraiment qu’on a le vent dans le dos. On est rendus là aujourd’hui», a indiqué en entrevue l’homme derrière cet ambitieux projet, Louis Désourdy, président directeur-général de Groupe Désourdy.
«On est vraiment fiers à la Ville de Bromont d’avoir Louis Désourdy et son projet», a dit le maire de Bromont, Louis Villeneuve, saluant l’implication de la chargée de projet Anne Joncas.
«Ce n’est pas toujours simple de faire avancer des dossiers. Mais aujourd’hui, on a la preuve que quand on veut on peut.»
Au total, 14 entreprises ont participé au projet pilote, déployé sur 29 chantiers, soit 24 résidentiels, deux commerciaux et trois industriels. Bien que l’initiative temporaire soit toujours en cours, la collecte de données s’est échelonnée de juin 2022 à janvier 2023. Au cours de cette période, 387 tonnes de résidus CRD ont été revalorisées ou détournées de l’enfouissement. Parmi les matières récupérées, notons le plastique, différents types de bois, le carton et le papier, les métaux, le gypse, le verre, les agrégats puis les bardeaux d’asphalte.
«D’un point de vue environnemental, cet effort de récupération aura permis d’éviter l’émission de 76 tonnes de CO₂, l’équivalent de 17 voitures annuellement» a-t-on mis en perspective.
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Groupe Désourdy prêche également par l’exemple en évitant le plus possible d’avoir recours aux pics des démolisseurs. Une division spécifique a d’ailleurs été créée en ce sens. «Déconstruire plutôt que démolir, avec le recyclage des matériaux, prend de plus en plus de sens», a fait valoir la chargée de projet du tri à la source et du centre Écotri Désourdy, Anne Joncas.
Terreau fertile
Selon les données dévoilées par Groupe Désourdy émanant de Recyc-Québec, en 2021, on a généré 3,5 millions de tonnes de résidus CRD à travers la province. Les deux tiers sont retrouvés dans des sites d’enfouissement.
Or, la région de Brome-Missisquoi arrive en tête de liste à travers la province à ce chapitre, car on y enfouit plus de quatre fois plus de ces matières. On parle de 399 kg par habitant par année, alors que la moyenne au Québec est de 90 kg, a résumé Anne Joncas.
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L’attrait de la région pour de nouveaux arrivants est indéniable depuis plusieurs années, faisant en sorte que l’industrie de la construction y est florissante. Il s’agit donc d’un terreau fertile pour l’implantation d’un centre de tri de résidus CRD.
Les débouchés pour la matière à revaloriser sont également nombreux. Par ailleurs, une fois triés, les résidus de construction seront acheminés dans les locaux de la division «ré-emploi» de l’organisme d’inclusion sociale Pleins Rayons, à Cowansville.
Vaste déploiement
Le futur territoire du centre de tri sera vaste. Selon Louis Désourdy, il s’étendra de Sherbrooke à Saint-Jean-sur-Richelieu. «On veut couvrir une bonne partie de l’Estrie et de la Montérégie», a résumé l’entrepreneur.
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Le but du projet de centre Écotri Désourdy, dont le budget est estimé à près de 16 M$, est de détourner annuellement de l’enfouissement 40 000 tonnes de résidus CRD. De son côté, le conseiller en gestion des matières résiduelles chez Recyc-Québec, Luc Morneau, souhaite que le projet de Bromont fasse «boule de neige» à travers la province. «Des projets comme celui-là sont portés par des gens qui y croient. Chez Recyc-Québec, on veut accompagner les municipalités, les entrepreneurs, les architectes pour les amener à changer leurs façons de faire. On veut donc créer des trousses à outils qui permettraient à ces clientèles de mieux gérer les résidus CRD. Mais pour que ça fonctionne, ça prend une chaîne complète [notamment un centre de tri]», a-t-il mentionné en entrevue.
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Or, le faible coût d’enfouissement des matières est un enjeu qui freine l’essor de projets de centres de tri. La traçabilité des rebuts et le manque de débouchés sont aussi des enjeux de taille pour le déploiement de telles initiatives en région, a souligné Anne Joncas.
Malgré ces enjeux bien tangibles, Louis Désourdy croit que son projet global pourrait être reproduit partout à travers la province. «On va créer un espèce de mode d’emploi pour simplifier la tâche aux autres entrepreneurs qui voudront se lancer dans un projet de centre de tri. Je veux m’impliquer pour que ça fonctionne ailleurs. J’y crois vraiment. Si des partenaires dans d’autres régions embarquent, ça pourrait être lancé à court ou moyen terme.»
Pour de plus amples informations à propos du projet de tri à la source, consulter le site du Groupe Désourdy.