Payez-vous vos forfaits cellulaire et internet trop cher?

Le gouvernement Trudeau a promis une nouvelle fois de s’attaquer à la Loi sur la concurrence qui favorise les géants des télécommunications. En attendant de voir les retombées de cette volonté politique, comment faire pour diminuer la facture de ses forfaits?


Au Canada, trois géants se partagent le marché des télécommunications, Bell, Telus et Rogers. S’ajoute Vidéotron au Québec. Les infrastructures de connexion appartiennent à ces grandes sociétés.

Lorsqu’un petit fournisseur indépendant veut utiliser les infrastructures, il doit payer auprès de l’un des colosses. En 2019, le CRTC avait diminué le prix du gros payé par les petits fournisseurs. Mais face à la pression des géants, celui-ci a renversé les prix en 2021 pour les ramener à ceux de 2016.

« Quand le gouvernement a voulu faire des changements pour plus de rivalité sur le marché, il n’y a pas eu de coordination avec le CRTC et le bureau de la concurrence. Au Canada, le gouvernement s’assure que les compagnies fassent des profits. Ce secteur a plus de pouvoir qu’ailleurs dans le monde », s’insurge John Lawford, directeur du Centre pour la défense de l’intérêt public.

S’en est suivi une grande vague de rachat des indépendants. Dernièrement, Rogers a racheté Shaw et Bell a mis la main sur Ebox. Résultat : en ce moment, même si le consommateur a l’impression d’avoir le choix, il n’existe pas de véritable concurrence au Canada et les prix restent relativement élevés comparés à ceux d’autres pays.

Selon une étude de la firme finlandaise REWHELL, le Canada est l’un des pays les plus dispendieux au monde. Le prix moyen par gigaoctet de données coûte 7 fois plus cher au Canada qu’en Australie, 25 fois plus cher qu’en France et 1000 fois plus cher qu’en Finlande.

« Une des solutions serait d’introduire un nouveau joueur au Canada. On le voit partout, lorsqu’un nouveau fournisseur apparaît, les prix sont à la baisse », mentionne l’analyste chez Option consommateur, Me Alexandre Plourde.

Cependant, l’infrastructure des télécommunications est extrêmement coûteuse. À l’heure actuelle, le gouvernement exige que les nouveaux concurrents construisent une infrastructure en double pour servir les clients, ce qui rend très difficile l’émergence d’une nouvelle entreprise. « Même les trois grandes entreprises ne construisent pas toujours leur propre infrastructure : Bell et Telus partagent une grande partie de leur réseau », rappelle Matt Hatfield, directeur de Campagne chez OpenMedia.

« Aucun des trois grands n’est disposé à vendre l’accès à ses réseaux à des tarifs équitables à des compétiteurs plus petits. Dans d’autres pays, le gouvernement calcule un tarif juste et rentable pour l’accès au réseau et impose le libre accès. C’est là qu’on obtient une concurrence et un choix généralisés », poursuit-il.

La fidélité pas récompensée

La grande majorité des Canadiens possèdent un cellulaire et une connexion internet. « En 2023, ce n’est plus un luxe. J’ai besoin d’une connexion internet et d’un cellulaire pour le travail, pour la vie en général. C’est un service qui est presque aussi essentiel maintenant que l’électricité et l’eau courante », souligne Me Plourde.

Malheureusement, même en étant clients d’une société depuis de nombreuses années, les consommateurs sont loin d’obtenir le meilleur prix disponible sur le marché.

« Vous n’avez pas besoin de négocier avec votre compagnie d’électricité pour obtenir un prix raisonnable. Netflix ne commence pas secrètement à offrir aux nouveaux clients un tarif bien meilleur que celui que vous avez lorsque vous n’y prêtez pas attention. Cela montre le pouvoir dont disposent les entreprises de télécommunications par rapport à nous, en tant que consommateurs. Et c’est quelque chose qui devrait changer. »

—  Matt Hatfield, directeur de Campagne chez OpenMedia

Il revient donc aux consommateurs de faire leurs devoirs et de regarder les tarifs proposés à la fois par leur compagnie pour les nouveaux clients et par les compétiteurs.

Après plusieurs années avec Rogers pour le cellulaire et Vidéotron pour internet et la télévision, André Coulombe a décidé de rompre.

Sur sa facture Vidéotron, M. Coulombe avait du mal à s’y retrouver. « Ça devenait tannant de gérer les différents rabais. Je devais appeler à chaque fois quand l’un arrivait à terme pour obtenir le meilleur prix possible. Et la facture était incompréhensible. Finalement, on payait toujours plus cher », explique-t-il.

Lorsqu’il a reçu une proposition de Bell pour un combo internet-télévision, M. Coulombe l’a soumis à Vidéotron. M. Coulombe payait 130 $. L’offre de Bell : 97 $. « Vidéotron ne m’a pas octroyé une véritable réduction », raconte-t-il.

Quelques semaines plus tard, M. Coulombe a également décidé de revoir son forfait familial avec Rogers.

« Le paiement des cellulaires arrivait à terme et nous en devenions propriétaires. Rogers me proposait un abaissement de 24 $ pour les trois forfaits. La facture allait passer de 188 $ à 164 $. Je trouvais ça un peu élevé, d’autant que le prélèvement pour le payement de nos cellulaires était beaucoup plus grand que la réduction accordée par la suite », raconte-t-il.

Les astuces pour économiser

Avant d’être avec Vidéotron, André Coulombe était un client de Bell. « J’avais juré que Bell n’entrerait plus dans ma maison. C’était toujours compliqué avec eux. »

Après réflexion, M. Coulombe a rappelé Vidéotron pour résilier. « À ce moment-là, Vidéotron ne se respectait plus. Ils étaient prêts à m’accorder une plus grande baisse de prix. Mais pour moi c’était trop tard et j’ai décidé de donner une seconde chance à Bell. »

Pendant 24 mois, M. Coulombe aura droit à une réduction de 24 $ sur le prix initial du combo de Bell. Il bénéficiera également d’une meilleure connexion internet. « À ce jour, ça se passe bien, on verra avec le temps si ma facture est toujours la même et qu’elle reste simple. »

Pour son cellulaire, après avoir étudié les offres de trois fournisseurs, M. Coulombe a opté pour Telus. Sa facture totale montera à 117 $ avec 25 GO pour chaque utilisateur contre 20 GO à partager chez Rogers.

Étant donné que Rogers n’a pas été réceptif lors de son premier appel, M. Coulombe ne lui a pas donné le loisir de se rattraper après son magasinage auprès de la concurrence.

Selon Matt Hatfield, les astuces qui fonctionnaient, il y a 10 ans, ne marchent plus aussi bien. Il conseille d’évaluer en premier ses besoins réels. « Les promotions peuvent être intéressantes, mais un consommateur doit regarder de près pour ne pas payer un forfait comportant des fonctionnalités ou des données dont il n’a pas réellement besoin », partage-t-il.

John Lawford préconise de garder son cellulaire plus longtemps.

« Les compagnies cherchent toujours à ajouter des frais pour garder leurs clients, surtout avec ceux qui cherchent toujours à avoir le dernier modèle. »

—  John Lawford, directeur du Centre pour la défense de l’intérêt public

Un avis partagé par Nadir Marcus Mechaiekh Simon, le pdg de PlanHub, une plateforme web qui analyse et compare les offres des différents distributeurs. « Les téléphones sont tellement chers qu’ils viennent maintenant avec une offre de location. Au bout de deux ans, vous devez payer la balance ou retourner le téléphone », indique-t-il.

« Ces téléphones sont remis à neuf. Il y a de belles économies à faire en achetant un téléphone reconditionné », ajoute-t-il.

Et pour les voyageurs, le fondateur de PlanHub et Simbud préconise une carte eSim qui permet d’accéder à du data à des prix largement inférieurs à un forfait itinérance.

Des périodes clés pour magasiner

Pour internet :

— Rentrée scolaire

— Déménagement

Pour le cellulaire :

— Vendredi fou

— Noël

— Semaine de la relâche