
Une simulation d'accident mortel devant 3000 élèves
Le témoignage livré par Lilian Boulanger, la mère de Carinthe, cette jeune étudiante en médecine décédée à l’âge de 20 ans à la suite d’une collision provoquée par un chauffard ivre en 2004 à Sherbrooke, a bouleversé plus d’un adolescent, mardi, lors de la présentation d’une simulation d’accident à l’aréna de Farnham, dans le cadre du projet Impact.
Sa mère s’est adressée aux jeunes pour « aider à sauver des vies ». « C’est une façon d’aider Carinthe à continuer ce qu’elle voulait faire. Si ça aide à sauver une vie, une famille, j’aurai accompli quelque chose », estime Mme Boulanger, qui a décrit la vie de sa fille qui caressait le rêve d’être urgentologue, les blessures qu’elle a subies lors de la collision, mais aussi toute la douleur et la peine avec lesquelles doivent vivre les membres de la famille et ses amis depuis son départ.

Émotions
L’émotion a été à son comble tout au long de la présentation offerte à près de 3000 étudiants de quatrième et cinquième secondaire du territoire de la commission scolaire du Val-des-Cerfs. Le scénario, toujours plus réaliste au fil des ans, présentait une jeune conductrice qui a pris le volant après avoir consommé drogue et alcool. Sa voiture a violemment percuté un véhicule dans lequel voyageaient trois jeunes, dont une jeune fille éjectée lors de l’impact.
Les policiers, ambulanciers et pompiers — tous des intervenants des services d’urgence en Haute-Yamaska et dans Brome-Missisquoi — se sont succédé sur la scène de l’accident. Des cris à glacer le sang d’une passagère, gravement blessée à une jambe, résonnaient dans l’aréna. Le bilan a été fatal : la passagère éjectée est décédée tandis que les autres occupantes de la voiture ont été blessées. Les policiers ont fait la lecture des droits de la conductrice fautive avant de procéder à son arrestation.
Toute l’action, projetée sur grand écran, a captivé les jeunes du début à la fin. Plusieurs ont été envahis par l’émotion et pleuraient pendant la présentation. Le silence régnait d’ailleurs dans les gradins. « On joue pour que vous restiez en vie. Ce n’est pas normal que des parents survivent à leur enfant », fait valoir Éric Archambault, membre du comité organisateur du projet Impact et animateur de vie spirituelle et engagement communautaire à l’école J.-H.-Leclerc de Granby.
Chacun des services d’urgence a aussi pris la parole en s’adressant aux jeunes. « Conduisez prudemment », a demandé Joël, un policier qui est intervenu à une dizaine de reprises sur des collisions fatales au cours de ses neuf années de carrière. « Faites attention à vous. Vous êtes précieux », a fait valoir Dominic, un pompier de Waterloo. Toutes ces scènes auxquelles sont confrontés les ambulanciers ne sont pas évidentes, même après 15 ans de carrière, a fait valoir René-Pierre. « Mes nuits ne sont pas toujours faciles », confie-t-il.
Les secouristes qui ont participé à la simulation ont dressé une haie d’honneur à la sortie de l’aréna pour remettre à chaque étudiant une petite voiture attachée à une sangle sur laquelle il est écrit « Ils tiennent à toi » pour ne pas qu’ils oublient qu’un tel drame peut bouleverser des vies à jamais.