Le Bloc «n’est pas en préparation électorale», clame Yves-François Blanchet

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, était de passage à Bromont mardi dans le cadre d'un colloque sur l'énergie.

Yves-François Blanchet veut ravir des sièges aux libéraux en Estrie. Or, le passage du chef du Bloc québécois à Bromont mardi, dans le cadre d’une tournée de son parti dans la région, n’a rien d’électoraliste. Il s’agit plutôt «d’avoir une meilleure connaissance mutuelle», a-t-il nuancé en entrevue.


Alors que de récents sondages mettent les bloquistes et les libéraux au coude-à-coude dans les intentions de vote dans plusieurs circonscriptions en Estrie, le parti dirigé par Yves-François Blanchet a choisi de tenir son caucus de présession à Sherbrooke ainsi qu’un colloque sur l’énergie à Bromont, mardi. Le choix de ce thème n’a rien d’une «opération séduction», a fait valoir le chef.

«La démarche n’est pas calculée de façon chirurgicale pour faire des gains. Les sondages actuels sont ce qu’ils sont. Ça peut changer, s’améliorer encore ou diminuer. D’emblée, ça nous donne des sièges de plus. Mais, on n’est pas en campagne électorale. L’élection n’est pas supposée arriver avant deux ans, même si je n’étais pas surpris que ce soit l’année prochaine.»

« Brome-Missisquoi, Sherbrooke [et] Compton-Stanstead sont évidemment des endroits où on va aller interpeller les gens plus souvent », a récemment déclaré M. Blanchet à La Presse canadienne.

«J’ai un comité électoral. Mais je n’ai pas de candidature, a dit à La Voix de l’Est le chef bloquiste. Il n’y aura pas d’investiture cet automne. On est en échange avec le milieu, beaucoup en Estrie, pour que la proposition politique que le Bloc va faire colle davantage sur [la réalité] des gens de l’Estrie.»

À quelques jours de la rentrée parlementaire, Yves-François Blanchet assure qu’il sera intransigeant avec ses adversaires politiques. «Je n’embarquerai pas dans des débats à caractère électoral maintenant, mais je ne laisserai rien passer», a-t-il souligné à grands traits, écorchant au passage le chef conservateur, Pierre Poilievre, mettant en doute son intégrité. «Soit il est ignorant ou il a menti sur sa taxe carbone, qui ne s’applique pas au Québec», a-t-il cité en exemple.

Pensée magique

Parmi les thèmes abordés par les panélistes au colloque tenu au Château-Bromont, notons la transition énergétique, le «déploiement de la biomasse au Québec», ainsi que les énergies renouvelables.

Des enjeux qui résonnent au sein du Bloc, a mis en relief le chef du parti. Ce dernier estime par ailleurs qu’Ottawa doit cesser de soutenir l’industrie pétrolière. «Le gouvernement fédéral doit s’engager à soutenir la transition énergétique dans l’Ouest canadien. L’économie de l’Ouest est tributaire du modèle pétrolier, qui est devenu toxique. On ne peut pas condamner ces gens à la pauvreté.»

L’accroissement des transferts aux provinces pour la transition énergétique doit également figurer parmi les priorités du gouvernement du pays, a soutenu Yves-François Blanchet.

Dans la même veine, le gouvernement fédéral s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Idem pour le Québec. Cela signifierait que l’économie n’émettrait pas de gaz à effet de serre ou compenserait ses émissions. Cet objectif est utopique dans le contexte actuel, déplore le chef bloquiste. «Il y a beaucoup d’investissements à faire. La pensée magique ne nous amènera pas à nos objectifs de réduction des émissions d’ici 2050, a-t-il dit. Il faudra qu’il y ait un plan crédible.»

Le spécialiste Normand Mousseau a fait une allocution sur les enjeux de la transition énergétique au Québec.

Un avis que partage l’expert Normand Mousseau, professeur de physique et directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, qui a dirigé le colloque à Bromont. «C’est bien beau la carboneutralité, a-t-il dit en entrevue, mais on ne connaît pas les ambitions à long terme.»

Pour atteindre la carboneutralité, le Québec devra produire 100 térawatts-heures (TWh) additionnels au cours des 27 prochaines années. Une cible atteignable, mais qui demande des actions concrètes, fait valoir M. Mousseau. «Ça a l’air beaucoup, mais c’est ce que l’on a construit en 25 ans, entre 1964 et 1989. Malgré tout, a-t-il déploré, on ne se décide pas à avancer.»

«Je crois qu’on a un gouvernement (provincial) qui ne croit pas aux enjeux climatiques, a renchéri M. Mousseau. On le voit par les mesures qui sont prises au quotidien.»

À ce chapitre, on sent une plus grande ouverture du côté d’Ottawa, qui demeure néanmoins dans les blocs de départ. «Il y a quand même un décalage important entre les actions et les objectifs», a indiqué le spécialiste. «On fait trop souvent de grandes annonces génériques. Si on veut livrer sur le terrain, c’est faisable. Mais il faut aller au-delà de la vision.»