« Bien que je respecte son pouvoir et ses compétences, je ne partage pas ses conclusions », a déclaré le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, jeudi matin.
Mercredi, la commissaire à l’éthique et à la déontologie de l’Assemblée nationale du Québec a remis un rapport d’enquête sur le potentiel conflit d’intérêts dans lequel s’est placé le ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, lors d’un séjour de chasse sur une île privée du lac Memphrémagog, en Estrie.
La commissaire, Ariane Mignolet, disculpe de tout blâme le ministre Fitzgibbon, évoquant le caractère privé de cette activité avec certains gens d’affaires qui reçoivent des contrats de la part du gouvernement du Québec.
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Mais Me Mignolet sert aussi une « mise en garde » au ministre, s’il compte retourner chasser le faisan sur l’île de la Province. Ce que le principal intéressé a d’ailleurs déjà confirmé, dès mercredi.
« Est-ce que la définition de lien privé est utile? » se questionne le chef péquiste, M. St-Pierre Plamondon.
« Parce que n’importe qui qui me donnera un jour un cadeau comme élu peut être qualifié de lien privé. »
— Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois
« Est-ce que c’était un ami du secondaire? Est-ce que c’est une connaissance d’un cocktail il y a cinq ans? À un moment donné, la loi est claire. Si tu obtiens un cadeau de plus de 200 $, tu as l’obligation de le divulguer. Et, si tu ne le fais pas, tu es hors la loi. Donc, je ne comprends pas pourquoi la notion de lien privé viendrait suspendre l’obligation d’être transparent », résume-t-il.
Déterrer le rapport de 2019
M. St-Pierre Plamondon estime qu’il est temps de revoir le code d’éthique des membres de l’Assemblée nationale.
Les deux autres partis d’opposition représentés au Parlement, le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec solidaire (QS) suggèrent pour leur part de commencer par dépoussiérer le rapport produit par la commissaire Mignolet et son équipe en 2019 et d’ajouter certaines de ses recommandations d’alors aux règles actuelles.
Mais PLQ et QS se rangent néanmoins derrière la décision de la commissaire. Décision « prise avec les outils qu’elle a », a précisé Ruba Ghazal, de Québec solidaire.
Les trois partis ont de plus dénoncé que le premier ministre, François Legault, ait fait des blagues à ce sujet en chambre, mercredi, après le dépôt officiel du rapport. M. Fitzgibbon ne s’est pas privé pour rigoler des allusions de son patron au fameux costume traditionnel que doivent porter les chasseurs de faisan.
« La conclusion de la commissaire, c’est une mise en garde très claire. François Legault et Pierre Fitzgibbon, eux, semble-t-il, n’en ont rien à cirer », a commenté le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay.
« Pour eux, l’éthique, c’est un détail. »
— Marc Tanguay, chef par intérim du Parti libéral du Québec
« M. Fitzgibbon, à sa place, je ne ferais pas le fanfaron en me disant : ah! j’ai été blanchi. Il y a eu quand même six enquêtes sur lui [de la commissaire à l’éthique, depuis 2018], dont trois sur six où il a reçu des blâmes. Ça, ça met en question la confiance du public envers nos institutions, et M. Fitzgibbon y contribue. Et la confiance aveugle qu’a M. François Legault envers M. Fitzgibbon y contribue », a dit Mme Ghazal.