
Or et argent sur écrin de soie
Argiope aurantia est la deuxième espèce du genre Argiope vivant au Québec. Il n’en existe que trois autres en Amérique du Nord, sur les quelque 175 identifiées dans le monde. Ces araignées sont rarement aperçues lors de leur croissance durant l’été, et deviennent surtout visibles en début d’automne, à la période de reproduction.
Les mâles sont trois à quatre fois plus petits que les femelles. Celles-ci construisent de grandes toiles circulaires dont le diamètre peut atteindre 60 centimètres. Un curieux motif vertical en zigzag les traverse en plein centre. La fonction de cette structure, appelée stabilimentum, reste toujours un mystère pour les chercheurs.
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Hebdo Le Plus
Le mâle est attiré par les phéromones de la femelle. Mais avant de risquer une approche, il attend, dans une petite toile qu’il se tisse au voisinage, que celle-ci en soit à sa dernière mue. Au moment propice, il rejoint sa partenaire et lui joue sa « sérénade » : tel un guitariste, il pince les fils de la toile en un rythme vibratoire particulier.
Comme chez Dolomedes tenebrosus, le mâle Argiope pratique la « monogynie ». À son premier accouplement, dès qu’il a inséminé la femelle, il perd l’extrémité de son pédipalpe qui se sectionne à l’entrée de l’épigyne… puis il meurt ! L’orifice sexuel de la femelle est ainsi obstrué, empêchant qu’elle ne soit fécondée par un autre partenaire.
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Une fois fertilisée, la femelle tisse un réceptacle de soie où elle pondra quelques centaines d’œufs. Puis elle l’entoure de plusieurs couches pour en faire un petit sac en forme de poire, de la taille d’une balle de ping-pong. Elle tisse ainsi trois ou quatre « couchettes » bien isolées où les œufs écloront pendant l’hiver. Les petits quitteront ce cocon douillet au printemps.
Michel Aubé, membre du CINLB et professeur retraité de l’Université de Sherbrooke