
Meurtre de Jacques Choquette: des aveux lors d’un party
«C’est moi qui l’a tiré», aurait déclaré Stéphane Blanchard «avec un rire jaune» à une amie au cours de cette soirée. Cette femme, Nathalie Blanchard (aucun lien de parenté), a été le dernier témoin appelé à la barre par la Couronne, lundi, à l’ouverture du procès de l’homme de 38 ans.
«J’ai trouvé que c’était malade mental», a-t-elle laissé tomber en répondant aux questions de Me Émilie Baril-Côté, du ministère public. «Tu ne veux pas le savoir, ces affaires-là.»
Mme Blanchard venait de rompre avec un homme qui était le propriétaire du logement loué par l’accusé. Cet homme fait également face à des accusations de meurtre prémédité dans cette affaire; son procès a été fixé en février prochain, et celui du troisième coaccusé en janvier.
Au moment du party, M. Blanchard et les autres accusés avaient tous préalablement reçu la visite de la police pour être interrogés.

Stéphane Blanchard a voulu savoir si la SQ était retournée voir l'un des autres accusés. C’est en réaction à la réponse négative de Nathalie Blanchard qu’il aurait fait ses aveux, accompagnés du geste de l’index pointé sur la tempe.
La femme lui a alors demandé où était le corps, ce à quoi l’accusé lui aurait dit que «c’était pas lui qui s’est occupé de ça». L’arme à feu, a-t-il ajouté, avait été «fondue».
5000 $ de pot comme paiement
Tous les faits entendus en cette première journée d’audience de témoins, au palais de justice de Granby, portent à croire que M. Blanchard, qui possédait des armes, a été utilisé par les deux autres accusés pour tuer la victime, qu’il ne connaissait pas.
En exposé introductif, Me Baril-Côté a mentionné que l’accusé avait été «bien déçu d’accepter 5000 $ sous forme de cannabis comme paiement» pour sa participation au crime. Marchandise qu’il a dû vendre lui-même pour se payer ensuite un voyage dans les Caraïbes.
Une affirmation corroborée par le témoin Nathalie Blanchard. À la question «pourquoi as-tu fait ça», Stéphane Blanchard lui aurait répondu «pour 5000 $ et aller dans le Sud».

Entrepreneur dans le domaine de la construction, Jacques Choquette, 51 ans, avait été invité dans un «guet-apens» organisé «dans un rang isolé de Bolton-Est» lors du soir fatidique du 3 novembre 2016, a fait savoir la Couronne. À noter que l’exposé introductif du ministère public ne constitue pas une preuve.
Le mobile du crime reste inconnu, mais pourrait s’expliquer par une dette d’argent. Un témoin policier, le sergent-enquêteur Martin Gélinas, a souligné qu’un chèque de 30 000 $ avait été versé par la victime à l'un des accusés par compagnies à numéro interposées. Dans un texto subséquent, Jacques Choquette avait écrit «besoin de $$$» à M. Giroux.
Communication abondante
Les registres téléphoniques obtenus par la police témoignent par ailleurs d’une communication abondante entre les trois accusés dans les jours précédant et suivant le crime. Deux d'entre eux ont également correspondu avec la victime, mais jamais Stéphane Blanchard.
Selon la Couronne, c’est l'un d'eux qui a commandé le meurtre, Stéphane Blanchard l’a exécuté et les deux autres accusés ont ensuite disposé du corps. Les ossements de Jacques Choquette ont été retrouvés en 2019.
Sa veuve a fait partie des premiers témoins entendus, lundi. Marylène Arteau a relaté comment son époux était parti subitement de leur demeure, le soir du crime, en prétextant devoir aller voir un ami. Il n’est jamais revenu.

Présent dans le box des accusés, Stéphane Blanchard est représenté par Me Jean-François Lambert et Me Rémi Cournoyer-Quintal. ll reste quatre semaines à cette cause tenue devant jury et présidée par le juge André Vincent, de la Cour supérieure. Le procès pourrait toutefois être plus court que prévu, a indiqué le magistrat.