
Les enseignants paradent pour relancer les négociations
Trois parcours partaient simultanément de Saint-Jean-sur-Richelieu, de Marieville et de Saint-Paul-d’Abbotsford, sur le coup de 16 heures. En tout, une centaine de voitures et d’autobus scolaires ont pris part à l’une ou l’autre de ces parades, qui ont circulé à basse vitesse sur diverses artères afin d’être bien en vue.
Une vingtaine de véhicules formaient le cortège parti de l’école primaire Micheline Brodeur, à Saint-Paul-d’Abbotsford, en direction de l’école Saint-Michel de Rougemont, avec un passage devant l’école secondaire Paul-Germain-Ostiguy de Saint-Césaire où des collègues enseignants les attendaient pour se joindre au mouvement. Le groupe est ensuite retourné à son point de départ, une heure plus tard.
«Initialement on voulait faire un seul trajet qui couvrirait tout notre territoire, mais on n’y serait pas parvenus dans les temps souhaités», souligne Éric Plourde, président du SEHR.
L’objectif de cette action syndicale était de demeurer visible aux yeux du public alors que, selon les représentants syndicaux, les négociations avec le gouvernement sont au point mort. «On est pratiquement à la veille de Noël, on arrive au bout d’une année de négociations, et rien ne bouge à la table, déplore M. Plourde. Les négociateurs de la partie patronale n’ont aucun mandat.»

«Pour nous, c’est une manière de donner une dernière chance au gouvernement, ajoute Pierre Haineault, représentant syndical chargé du cortège partant de Saint-Paul-d’Abbotsford. Nous sommes sérieux dans nos démarches et nous souhaitons que le dialogue reprenne rapidement.»
Meilleures conditions de travail demandées
Les conditions de travail du corps enseignant sont au coeur du renouvellement des conditions collectives. «Être enseignant est un métier fondamentalement exigeant et il ne devient pas plus facile avec le temps, explique le président. Nos classes sont surchargées, on a des élèves en difficulté qui n’ont pas accès à tout le soutien qu’ils méritent. Nous sommes les enseignants les moins bien payés au Canada, et nos conditions d’emploi sont loin d’être équivalentes à celles d’autres provinces, ce qui explique notre difficulté à attirer de nouveaux enseignants au sein de notre profession.»
«C’est loin d’être jojo pour nos collègues du primaire, illustre M. Haineault. Surplus de tâches, de surveillance et de désinfection, des devoirs et des suivis qui n’en finissent plus... Au secondaire, comme les élèves ont des cours en classe un jour sur deux, ça a dédoublé la tâche pour des enseignants.»
Tout cela sans la moindre reconnaissance des efforts investis, lâche le professeur. «Bien des gens sont compensés ou récompensés parce qu’ils en font plus pendant la COVID. Les enseignants, on les remercie d’être de bons Samaritains, d’avoir la vocation. Mais ça reste qu’on en fait plus, nous aussi», poursuit-il.
Les enseignants syndiqués déplorent les offres du gouvernement caquiste, moins généreuses — et de beaucoup disent-ils — que celles de son prédécesseur libéral.
«Même le Parti libéral, avec son austérité, avait mis plus d’argent sur la table, rage M. Plourde, qui parle d’une offre ayant fondu de moitié avec le changement de gouvernement. Pour un parti qui disait faire de l’éducation sa priorité, c’est bien mal parti...»
«Ce sont de belles paroles, les élus promettent devant les médias et les gens y croient, renchérit M. Haineault. Mais la réalité sur le terrain, c’est tout autre chose.»