
Le visage humain du délestage dans le réseau de la santé
Le 1er décembre, Vanessa Paradis se préparait pour son quart de travail en psychiatrie qui débutait à 16h, où elle travaille depuis neuf mois. Vers 14h, elle a reçu un appel qui l’informait qu’elle devait plutôt se présenter au CHSLD Villa-Bonheur de Granby à 15h, point chaud de la COVID dans la région. Impossible pour elle de refuser : les besoins étaient trop grands et le personnel tombait au combat.
«On n’a pas le choix de mettre la main à la pâte, ça reste des humains qui ont besoin de soins», témoigne Vanessa Paradis, infirmière depuis cinq ans qui se présente comme une passionnée, mais «épuisée», comme plusieurs de nos «anges gardiens».

Au départ, son séjour à Villa-Bonheur était prévu pour deux semaines. Il a finalement été prolongé pour deux autres semaines.
En date du dimanche 13 décembre, la Santé publique rapportait, en plus des 86 cas et des 16 décès chez les résidents, 83 cas parmi les employés. Quelques-uns seront de retour en poste lundi, puisqu’ils ont complété leurs 14 jours d’isolement, mais le manque de personnel est encore un enjeu considérant le nombre d’entre eux qui contractent le virus.
Bien qu’elle ne se considère pas comme une personne anxieuse, ce changement soudain, vers un point chaud, a suscité chez elle de l’angoisse, de la colère et de la tristesse.
Cri du coeur
La hausse fulgurante des cas dans les CHSLD de Granby, doublée de la nouvelle qu’une infirmière s’était vue refuser un emploi en raison de son poids, a été la goutte qui a fait déborder le vase déjà plein d’émotions liées à son transfert.
Vanessa Paradis, qui n’a pas l’habitude de prendre position sur les réseaux sociaux, a publié le 8 décembre un long message sur Facebook.
Malgré ce cri du coeur, elle refuse de baisser les bras. «Je sais qu’ils ont besoin de nous et c’est ça qui fait que je continue de jour en jour à y aller», confie-t-elle.
ACCUEIL CHALEUREUX ET AMBIANCE D’ENTRAIDE
En dépit de ce contexte difficile, l’ambiance est à l’entraide au CHSLD Villa-Bonheur, alors que plusieurs arrivent du délestage et n’ont aucun repère. «On fait tous du mieux qu’on peut, avec le bagage qu’on a. C’est quand même beau, parce que tout le monde s’entraide. Les gens sont contents de voir qu’on vient leur donner un coup de main et ça fait longtemps qu’ils sont au front. Il y a vraiment une belle ambiance malgré que tout le monde est fatigué et un peu à bout de souffle.»
Pour la suite des choses, elle espère que les gens pourront retrouver la santé et que les membres du personnel puissent retrouver leur place.
«Je suis contente de voir que ça fait une différence, même si au départ je n’étais pas contente d’y aller. Au moins, de voir que je fais une différence pour les patients et pour le personnel soignant, c’est encourageant», affirme Vanessa Paradis.