La première des sessions s’est ouverte à Shawinigan, mardi, sur le coup de 16 heures. La présentation de la compagnie prend la forme de kiosques d’information à travers lesquels le public se promène et où les différents détails du projet sont mis de l’avant. Outre les redevances, on y aborde les aspects techniques et financiers du modèle d’affaires de TES Canada.
Bien que les études soient toujours en cours, il serait question d’environ 140 éoliennes, installées sur des terres agricoles. On parle d’une emprise au sol avoisinant ½ à ¾ d’acres. La taille de chaque éolienne varie en fonction de sa capacité énergétique, expose-t-on, en évoquant vaguement les 200 mètres de hauteur, à titre d’exemple.
Rien n’est encore déterminé quant aux endroits précis ou aux municipalités susceptibles d’accueillir les infrastructures, sinon que le parc éolien doit se déployer dans les MRC de Mékinac et des Chenaux. Les redevances seraient réparties en trois parts égales, entre municipalités, propriétaires des terrains visés, et voisins compris dans un certain périmètre des tours à hélice.
Des parcs de panneaux solaires doivent aussi prendre forme sur des terrains «zonés blancs», indique-t-on.
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Des représentations sont prévues à court terme devant la Commission de protection du territoire agricole, souligne par ailleurs Éric Gauthier, directeur général de TES Canada.
Le promoteur a fait vœu de rallier l’acceptabilité sociale à son projet, apte à soustraire 800 000 tonnes de GES du bilan québécois, soutient-il. TES Canada se targue d’avoir déjà en poche une entente avec Énergir pour écouler une partie de sa production.
TES Canada ira à la rencontre de la population, à Saint-Adelphe et Saint-Narcisse, les 27 et 28 novembre prochains. Un peu plus de 400 personnes se seraient inscrites aux différents événements.
Beaucoup d’enthousiasme et quelques bémols
Présent à l’Hôtel Énergie, où se tenait la rencontre de mardi, le maire de Shawinigan, Michel Angers, continue de chanter les louanges du projet de TES Canada.
«On ne peut pas parler de transition énergétique et de décarbonation, s’il n’y a pas d’efforts qui sont faits.»
— Michel Angers, maire de Shawinigan
Le maire Angers pense qu’une fois que la population aura l’information en main, l’acceptabilité sociale ne sera qu’une formalité. Il assimile le bruit induit par le mouvement des éoliennes – 40 décibels, évoque-t-on – à celui d’un chuchotement.
Le premier magistrat s’en remet par ailleurs à l’expertise de la compagnie pour s’assurer que les nuisances sont maintenues à un minimum.
«Je ne me fais pas le promoteur de la compagnie, je me fais le promoteur du gros bon sens», martèle au demeurant Michel Angers. Les opposants éventuels et tenants du «pas dans ma cour» devront affuter leur argumentaire pour le faire changer d’idée, laisse-t-il entendre.
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Curieux, Nicolas Chevalier et Élisabeth Paradis, tous deux de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, étaient venus pour s’informer.
«On ne comprenait pas l’intérêt d’utiliser l’électricité pour produire une autre source d’énergie, là on comprend que c’est pour fournir des industries qui ne peuvent pas utiliser d’électricité... L’idée est intéressante», commente le couple.
Pierre Bourassa voulait pour sa part en apprendre davantage sur l’aspect technique du projet. L’acceptabilité sociale de l’affaire ne fait pas de doute dans son esprit.
«Si t’as le choix entre une éolienne, une centrale hydroélectrique, une centrale nucléaire, ou une centrale au gaz, qu’est-ce que tu prends», laisse tomber le Shawiniganais, dont l’adhésion au projet est déjà gagnée.
«J’ai eu le malheur de fermer une usine de papier puis une usine d’aluminium, ici à Shawinigan», témoigne de son côté Alexandre Beaudoin. Le travailleur de la construction se désole d’avoir à s’expatrier pour œuvrer sur de grands chantiers. Le projet sonne comme de la musique à ses oreilles.
À ses côtés, Lianne Seykora se montre plus tempérée dans ses commentaires. «C’est un beau projet, mais il faut juste s’assurer de poser les bonnes questions», observe-t-elle. La jeune femme espère que le BAPE annoncé permettra de faire le tour du dossier.
Mme Seykora se demande notamment si le projet respecte l’esprit de la Loi sur Hydro-Québec, en produisant elle-même de l’énergie hors du site de son usine. «Je pense qu’il y a une petite zone grise, et que M. Fitzgibbon [ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie] l’a un peu balayée sous le tapis», avance-t-elle.
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Agricultrices de leur état, Hélène et Marie-Christine se montrent beaucoup plus mitigées – et préfèrent demeurer discrètes sur leur identité.
«Je leur ai demandé pourquoi ils allaient sur des terres cultivables et non dans des terres boisées... Ils m’ont dit “parce que ça va mieux”, j’ai dit “ben ça, c’est pas une réponse”», tonne l’une des deux fermières.
«C’est beaucoup de superficie qui va être touchée, puis s’il avait pas le petit nanan, l’argent que les propriétaires et les voisins vont recevoir, c’est sûr que ça serait non... On a 2% du territoire qui est cultivable, puis là, on s’apprête encore à gruger dedans.»
— Hélène et Marie-Christine, agricultrice de la région
Les deux prochaines séances d’information doivent se tenir au cœur du territoire agricole visé par le promoteur. Hélène et Marie-Christine présentent que leurs inquiétudes pourraient trouver un certain écho.
TES Canada espère pouvoir entrer dans la phase de mise en chantier en 2026 et être en opération à compter de 2028. Bien que le projet s’autosuffise en partie en électricité, à hauteur de 1000 mégawatts, Hydro-Québec lui a également consenti un bloc énergétique de 150 mégawatts. On évoque la création de 1000 emplois dans la construction du projet et 200 autres de manière permanente, une fois la production lancée. Pièce centrale de l’entreprise, une usine abritant l’électrolyseur servant à convertir l’eau en hydrogène doit être implantée dans le secteur Saint-Georges, à Shawinigan.