Ces grands patrons de l’industrie ont convergé au siège social du ministère des Ressources naturelles et des Forêts pour rencontrer la ministre Maïté Blanchette Vézina et les hauts fonctionnaires qui vont gérer la relance des opérations de récolte dans des conditions difficiles. Selon les commentaires recueillis par Le Quotidien au terme de cette rencontre, les patrons de l’industrie ont apprécié l’écoute et attendent maintenant les actions concrètes avant de crier victoire.
«C’est bien correct de protéger les biens et les personnes et tout le monde s’entend sur cette préoccupation. Mais il faut aussi que le gouvernement comprenne que l’enjeu des prochaines semaines est la stabilité économique des régions forestières», a insisté un interlocuteur du Quotidien qui a évidemment requis l’anonymat.
Les dirigeants de l’industrie ont mis l’accent sur l’urgence de mettre en place un programme de soutien pour les entrepreneurs forestiers, dont les machines sont arrêtées depuis maintenant trois semaines et qui risquent de l’être encore jusqu’à ce que la pluie élimine les risques d’incendies. «Notre industrie repose en bonne partie sur un réseau d’entrepreneurs en récolte, en construction de routes et en transport. En plus, le feu arrive alors que nous vivons un changement de génération et les jeunes qui ont racheté l’entreprise de leur père n’ont pas tous la capacité financière de supporter un arrêt aussi long», explique au Quotidien une autre source.
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Sur ce point précis, les représentants du gouvernement ont évoqué l’existence d’un programme à Investissements Québec tout en reconnaissant le rôle de premier plan de ces entrepreneurs. Ils sont plusieurs à croire dans l’industrie que la catastrophe des feux justifierait que l’on mette en place un programme de soutien comparable à ceux déployés pendant la pandémie de COVID-19, quand des entreprises ont été dans l’obligation de cesser leur activité.
La ministre a d’autre part confirmé que le gouvernement entendait utiliser un programme déjà existant pour compenser les coûts additionnels reliés à la récolte de bois brûlé et sa transformation en usine. Il est question d’un programme qui représente 6 $ le mètre-cube. Il a cependant été impossible mercredi de déterminer si ce 6$ provenait d’une réduction des droits de coupe ou d’une subvention directe.
Les représentants gouvernementaux et la ministre ont informé les dirigeants de l’industrie qu’il y avait déjà des consultations avec les communautés autochtones. La loi sur l’Aménagement durable de la forêt Québécoise prévoit une période de consultation de 60 jours avec les communautés autochtones et 45 jours avec les autres utilisateurs du territoire. Il sera trop tard dans 60 jours pour récolter le bois brûlé puisque les larves des longicornes vont avoir causé des dommages trop importants.
«Si on veut récolter le maximum de bois, on doit avoir la possibilité de débuter rapidement les opérations. Il y a des territoires où nous avons des permis, mais pour les secteurs où il n’y a pas de permis, le gouvernement doit trouver des solutions pour écourter au maximum les délais. Mais on s’entend tous pour dire qu’on ne récoltera rien si nos entrepreneurs n’ont plus la capacité financière d’opérer», a poursuivi notre interlocuteur.
La ministre a profité de ce forum pour annoncer la mise sur pied d’un comité spécial dont le mandat sera de vieller à résoudre rapidement les problèmes qui vont se présenter dans les prochaines semaines. La ministre Blanchette Vézina a déjà évoqué l’allègement réglementaire mais selon ce qu’il a été possible de constater dans les derniers jours, l’allègement dont fait état la ministre ne se fait pas encore sentir sur le terrain.
En plus de récolter le bois destiné au sciage, il est possible que Québec mette en place une seconde stratégie. Le projet évoqué mercredi viserait une seconde récolte dans le temps. Il s’agirait de poursuivre la récolte de tiges brûlées et de procéder à la transformation de ce bois en copeaux directement en forêt. L’Ontario autorise cette façon de faire dans les opérations régulières mais plusieurs émettent des réserves quant à la rentabilité d’une telle opération qui permettrait d’alimenter en copeaux les usines de pâtes Kraft de Saint-Félicien, Lebel-sur-Quévillon et La Tuque.