« Il y a des gestes de générosité, mais à ce point-là, c’est extraordinaire », témoigne-t-elle. Après avoir été évacuées d’urgence, mardi soir, en raison d’un feu de forêt qui menaçait sa communauté, la femme et la famille de son fils ont été contraintes de dormir sur des lits de camp, au Centre sportif Benoît-Lévesque de Roberval, là où les sinistrés de sa municipalité étaient invités à se rendre après avoir tout laissé derrière eux. Deux jeunes enfants de 3 et 5 ans se trouvaient avec eux.
Malgré l’accueil exemplaire des personnes qui se trouvaient sur place, elle avait peine à s’imaginer devoir séjourner à l’intérieur de l’aréna. La situation était insécurisante et perturbante. Celle qui occupe un poste d’agente administrative au centre hospitalier de Chibougamau ne voyait pas la lumière au bout du tunnel après avoir roulé pendant plus de six heures avant d’arriver en terre robervaloise.
Rongée par la fatigue, l’angoisse et la peur de tout perdre, une chance inouïe s’est offerte à elle dès mercredi matin. Karine Paquet leur a ouvert les portes de sa vaste propriété de trois étages, même si elle se trouvait à l’extérieur de la région pour des raisons professionnelles. « Une dame est venue nous voir et elle nous a demandé si nous avions un endroit pour demeurer pour les prochains jours. Cette maison nous a été offerte puisque nous avions de jeunes enfants avec nous. Ce fut un soulagement. C’était un gros problème de réglé. »
Donald Tremblay, qui était seul en compagnie de son chien Kimo, s’est joint à la famille de Cathy Proulx pour intégrer la résidence de Saint-Prime. Quant à son compagnon sur quatre pattes, un octogénaire de Roberval l’a pris sous son aile. « Il est vraiment bien. Lorsque je vais chercher mon chien pour le promener, il a hâte que je le ramène chez le monsieur », raconte M. Tremblay, sourire aux lèvres.
Les quatre adultes et les deux enfants ont un toit sur la tête. Ils se sentent en sécurité malgré la situation qui sévit à Chibougamau. Chacun d’entre eux a un lit pour dormir. Les gamins peuvent profiter d’une salle de jeux et d’une belle grande cour munie de jeux extérieurs pour s’amuser. « On est bien, c’est immense et on a tout ce dont nous avons besoin. Les enfants sont corrects et c’est ça le plus important parce qu’avec eux à l’aréna, ça n’avait pas de bon sens », mentionne Mme Proulx.
Bien que tout indique que leur séjour au Lac-Saint-Jean se poursuivra au moins jusqu’à mardi, les quatre adultes et les deux enfants gardent le moral. « Karine nous a dit que l’on pouvait demeurer chez elle tant et aussi longtemps que nécessaire. Je n’ai pas de mot pour dire comment je me sens. C’est incroyable. »
Les sinistrés saluent au passage la générosité et l’accueil de la population de la région. « Ça me rend ému. C’est vraiment touchant. Nous avons eu des accès gratuits pour le Zoo sauvage de Saint-Félicien. Le magasin Mode Choc nous offre un rabais de 15 % et la pharmacie Uniprix nous remettra un gros sac avec des produits. C’est vraiment quelque chose. Je suis touché », affirme Donald Tremblay, qui a aussi poussé un soupir de soulagement vendredi, après avoir appris qu’un montant de 1500 $ sera versé aux sinistrés par le gouvernement du Québec. « C’est merveilleux. Ça m’apporte un baume et allège ma situation, car étant évacué, je perds du salaire », ajoute-t-il.
Bien que la situation du feu 334 soit stable depuis jeudi, les évacués ne cachent pas qu’ils ont toujours des craintes quant à la menace qui plane sur leur ville. Aux dernières nouvelles, l’incendie se trouvait à une vingtaine de kilomètres de la localité. « Ce n’est pas réglé encore. À Chibougamau, il y aura encore de la belle température et du soleil jusqu’à mardi. Je demeure à côté de la forêt alors ça dépendra vraiment du vent. Par contre, le renfort de l’extérieur qui va arriver me rassure beaucoup », affirme M. Tremblay.
Alors que la presque totalité des personnes évacuées aient trouvé un hébergement chez des Jeannois, le Centre sportif Benoît-Levesque de Roberval accueille toujours une près d’une quarantaine de citoyens. De 100 à 120 personnes s’y rendent pour prendre un repas.
« Ça va très bien. J’aime bien ça. Je dors bien et je mange bien. Je n’ai aucune misère. Je prends ma douche tous les jours, mais c’est certain que j’ai hâte de rentrer à la maison », raconte Shirley Gallon, qui a préféré demeurer à l’aréna avec son mari et son chien.
« Tous les services sont encore présents. Nous avons du personnel du CIUSSS et des bénévoles sur place. Nos équipes ont planifié des gardes toute la fin de semaine. Nous sommes bien organisés et bien planifiés. Notre préoccupation est de bien nous occuper de notre monde et de répondre à leurs besoins », souligne le maire de Roberval, Serge Bergeron.