Feu à Chapais: Isabelle Lessard gère la crise à 23 ans

La mairesse de Chapais, Isabelle Lessard.

C’est une chose d’être à la tête d’une ville à l’âge de 23 ans, mais c’en est une autre de devoir gérer une crise qui menace la sécurité des citoyens. Entrevue avec Isabelle Lessard, la mairesse de Chapais qui s’est fait connaître en raison du feu qui fait rage à quelques kilomètres de sa municipalité.


La jeune mairesse Isabelle Lessard doit composer avec toute une situation depuis quelques jours. À 23 ans, elle a été amenée à se dépasser comme mairesse et son travail a commencé lorsque la moitié de la municipalité a dû être évacuée mercredi.

« J’ai 23 ans, je n’ai pas d’enfants, mais quand ça a commencé la première nuit, j’étais chez moi, inquiète pour la ville et pour les citoyens. J’étais comme une petite maman, je voulais que les gens aillent bien, que ça se déroule bien et qu’ils puissent dormir en paix. Contre toute attente, j’ai vraiment endossé le rôle de mairesse, dans le sens que je voulais sauver ma ville, mes gens. C’est un drôle de sentiment, quand tu es mairesse c’est ça ton rôle, mais là j’ai me suis vraiment imprégner du rôle », raconte-t-elle au Quotidien.



Bien qu’elle aurait évidemment préféré éviter cette situation exceptionnelle, elle considère que cela l’a fait grandir en tant qu’humain et en tant que mairesse.

« On ne veut pas vivre de situation comme celle-là, mais quand on vit un événement, on essaie de sortir le positif. Je vais l’avoir vécu, je vais l’avoir vu. Ça ne sera plus un stress. Il n’y a pas meilleur enseignement que de le vivre, de le faire, d’être sur le terrain. J’ai beau avoir deux cartables qui me disent quoi faire, tant que je ne l’applique pas, que je ne suis pas dedans, je ne sais pas vraiment c’est quoi. C’est une expérience de vie et un bagage dans ma vie politique que je viens d’ajouter », considère la jeune mairesse.

Satisfaction et fierté

Jusqu’ici, son intuition a payé. Les résidents de Chapais sont très satisfaits de son travail et des efforts maintenus pour transmettre les dernières informations, puis la municipalité est toujours en sécurité grâce au travail des pompiers forestiers.

Elle avoue être fière de sa gestion, elle qui aurait pu avoir le réflexe de figer devant une telle situation, mais qui a plutôt pris les choses en main. « Je pense que les citoyens sont fiers, je le suis également de réussir à gérer tout ça, parce qu’on ne peut jamais savoir comment on va réagir face à une crise. J’aurais pu mal réagir, tomber en crise, être anxieuse, mais au contraire, j’ai réussi à me concentrer, à travailler de façon juste et à être vraiment efficace. Ça, j’en suis fière, j’ai réussi à me ressaisir », confie la jeune mairesse.



Isabelle Lessard croit d’ailleurs que la façon dont se sont déroulés les événements pourrait faire en sorte de donner encore plus confiance aux citoyens sur sa capacité à être à la tête de la ville. « J’espère que ça a donné aux gens le sentiment qu’ils ont une mairesse qui est solide, qui est capable. Parce que si on remonte à quand j’ai été élue à 21 ans, bien des gens se demandaient si j’allais être capable et disaient que la politique c’était gros. Là, on vit un événement comme ça, où on réussit à garder le contrôle et bien mener la bataille. Je pense que ça démontre que je suis capable », soutient-elle en ajoutant qu’elle n’y serait toutefois pas arrivée sans le travail de toute l’équipe.

Entrevues après entrevues

Dans la foulée des événements, Isabelle Lessard a dû apprendre rapidement à parler devant les médias et une foule de personnes qui n’attendent que son message. À chaque conférence de presse, la ville a tenté d’améliorer la diffusion en utilisant du matériel de meilleure qualité, dans le but d’informer au mieux les citoyens. Au cours des derniers jours, elle a enchaîné les entrevues et elle a vu ses points de presse diffusés sur le Web et à la télévision devant tout le Québec.

La mairesse Isabelle Lessard était en compagnie du commandant d'intervention des feux majeurs Rémi Barriault lors du point de presse de 18h vendredi.

« Les points de presse, je pense que c’est ce que je trouvais le plus stressant parce que c’était entièrement nouveau. Ça m’a rappelé un peu les points de presse que devait faire le premier ministre pendant la COVID. Les gens écoutent, ils veulent savoir ce qu’il se passe. À ce moment, quand tu es derrière le micro, tu es soit l’ennemi, soit l’ange tombé du ciel. C’est toi le porteur de nouvelles, qu’elles soient bonnes ou mauvaises », observe-t-elle.

À toutes ses interactions avec les médias et les citoyens, elle a souhaité parler avec son cœur. « Je ne me suis pas mis trop de pression, je ne me suis pas posé trop de questions non plus, dans le sens où j’ai essayé le plus possible de parler comme ça venait, avec mon cœur. Je suis une résidente de Chapais aussi, je vis la situation et je sais comment les gens peuvent se sentir. Je voulais rester moi-même. »

C’est avec cœur qu’elle continue d’informer les gens de sa municipalité sur la situation. Elle a d’ailleurs pu leur annoncer la nouvelle que tout le monde attendait samedi: leur retour à la maison.