
La collection, le secret d’une retraite réussie [GALERIE PHOTOS]
C’est lorsqu’il a été entamer sa carrière chez la Prudentielle d’Amérique à Sherbrooke, il y a 50 ans, que Gilles Deland a découvert l’univers de la collection. « Le gérant qui m’a engagé m’a dit “je t’engage sous deux conditions : je vais te montrer comment réussir ta carrière et comment te préparer pour la retraite. Si t’écoutes ce que je te dis, je te garde, sinon je te mets dehors” », se remémore M. Deland.
Il a donc suivi les conseils de son mentor et s’est appliqué dans ses cours du soir pour devenir assureur-vie agréé. Ses efforts ont porté fruit, puisqu’il a reçu cette année-là le titre de recrue de l’année au Canada. Sa carrière étant sur la bonne voie, M. Deland devait maintenant préparer sa retraite. « On m’obligeait à sortir les fins de semaine avec ma famille, c’est-à-dire mon épouse et mes deux enfants, dans un but commun. Pour nous, ç’a été de collectionner quelque chose qui ferait plaisir et qui passionnerait chaque membre de la famille », raconte le Granbyen.
En famille, ils sillonnaient le Québec, l’Ontario et les États-Unis en quête de cartes postales pour Gilles, d’objet en forme de coq pour son épouse, de Schtroumpfs pour sa fille et de voitures miniatures pour son garçon. « Tout le monde avait une passion et c’était de ramasser », dit-il.

Quand l’heure de la retraite a sonné, après 21 ans à courir les encans et les ventes de garage en famille, le moment était venu de redécouvrir les 660 000 cartes postales qu’il avait accumulées durant sa carrière. C’est toutefois en menant des recherches sur l’histoire des différentes pièces de sa collection que son passe-temps est devenu une passion.
Réseau mondial
Gilles Deland n’est pas le seul à s’adonner à cette activité. Ils sont plus de 1,25 million de collectionneurs sur le site de ventes aux enchères delcampe.net. Pas moins de 55 millions de cartes postales y sont répertoriées.
Les 45 000 cartes de M. Deland vendues en quinze ans lui ont valu le badge du meilleur vendeur pour ce type d’item depuis 2007. « Il va falloir que je vive jusqu’à l’âge de 200 ans pour avoir le temps de toutes les publier sur le site », lance à la blague le collectionneur.
En Amérique, les collectionneurs sont des « ramasseux », indique Gilles. Ils se retrouvent avec un inventaire souvent plus hétéroclite puisque la vente de pièces de collection en « lots » de plusieurs objets y est davantage répandue. « On se ramasse avec toutes sortes de choses », dit celui qui possède plus de 3500 ensembles de salières et de poivrières, 4000 dés à coudre, 1500 épinglettes et médailles, 8000 images religieuses et des éditions de la revue National Geographic de 1911 à 2000. Les collectionneurs européens, eux, préfèrent concentrer leurs recherches sur un thème précis, dit-il.

« Ma collection de cartes postales, c’est celle que j’aime le plus parce qu’elle me permet d’agrandir mes connaissances géographiques et de m’amuser en faisant des recherches sur l’histoire des cartes. Il ne faut pas oublier que la carte postale existe depuis 1870 », mentionne le Granbyen de 78 ans.
Gilles Deland n’est pas non plus le premier à se passionner pour la collection de cartes postales. Sur l’une des 25 000 pièces de sa collection datant du début du XXe siècle, un correspondant y remercie son interlocuteur pour l’envoi d’un paquet de cartes postales et lui demande de lui en envoyer d’autres de différents endroits ou sujets qui le passionnent.
Manque de relève
La plupart des collectionneurs sont rendus « à un âge certain » et n’ont pas de relève pour poursuivre le travail entamé, déplore Gilles Deland. « Qui va prendre mes cartes postales au moment où je ne serai plus capable ? Il n’y a pas personne. Il y a beaucoup de gens qui, comme moi, ont d’immenses collections à vendre, mais personne n’en veut », dit-il.
Son inventaire regorge de cartes de Granby issues de différentes époques. Il a approché la Société d’histoire de la Haute-Yamaska pour leur léguer sa collection, mais on a décliné son offre puisque l’organisme ne dispose pas de l’espace nécessaire pour l’entreposer.
« C’est la beauté de l’histoire des villes et des villages du Québec, avec les maisons en bois, la voiture avec les chevaux et les chemins de terre » qui est illustrée sur ces morceaux d’anthologie, dit-il.