
Il était l’ami des éléphants du Zoo de Granby [GALERIE PHOTOS]
M. Jutras est décédé le 31 décembre dernier des suites de la COVID-19. Il avait 70 ans. Au cours des dernières années, il a souffert d’une forme sévère de la maladie d’Alzheimer.
«Michel a vraiment laissé sa marque. Son décès a touché beaucoup de personnes. [...] Il avait le Zoo de Granby tatoué sur le coeur», affirme le directeur des soins animaliers au Zoo, Karl Fournier.
Pas seulement sur le coeur. Les filles de Michel Jutras ont offert à leur père un tatouage — son premier— lorsqu’il a pris sa retraite du Zoo en 2015, après 38 ans de services. Un éléphant, avec le logo du Zoo dans l’oreille, ornait désormais son avant-bras.
Une façon symbolique de souligner la passion qui a animé Michel Jutras tout au long de sa carrière. S’il a veillé sur plusieurs pensionnaires du Zoo, dont ceux de la savane africaine, il avait développé un attachement particulier pour les éléphants, et particulièrement pour Toutoune, décédée en 2012.
«Toutoune, je lui faisais faire ce que je voulais. Elle me suivait partout. On est même allés à l’école Saint-André ensemble [pour y chercher ses filles], aux Expos, aux Galeries d’Anjou», avait raconté Michel Jutras en entrevue à La Voix de l’Est, en 2013.

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Cela ne se fait plus maintenant, mais à cette époque, le gardien pouvait entrer dans l’habitat des éléphantes Sarah et Toutoune pour leur prodiguer différents soins. Cette relation avait fait du gardien un expert des éléphants.
Michel Jutras a par ailleurs fait profiter plusieurs techniciens en santé animale du Zoo de Granby et d’ailleurs de ses connaissances. «Il était très généreux en informations», affirme Karl Fournier. Celui-ci est un de ceux qui a profité de l’expérience de M. Jutras et a oeuvré de façon étroite avec lui au début de sa carrière. Les deux hommes ont d’ailleurs développé au fil des ans une amitié durable. Ils se côtoyaient encore sur une base hebdomadaire avant la crise sanitaire.
«Michel, c’est le meilleur gardien de tous les temps. Il n’y en a pas un qui lui arrive à la cheville», lance pour sa part Isabelle Fortin, technicienne en santé animale. Celle-ci a été initiée aux soins aux éléphants par M. Jutras à partir de 2001. «Lorsque j’ai vu la complicité qu’il avait avec Toutoune, ça m’a confirmé que c’est ce que je veux faire dans la vie. Quand il revenait de vacances, les éléphants, surtout Toutoune, faisaient tout un barrissement. C’était magnifique», ajoute-t-elle avec émotion.
Pour son ami et technicien vétérinaire, Rock Boily, Michel Jutras était dans une classe à part. Professionnel, charismatique, il savait parler aux animaux et les comprendre. «Il interpellait les animaux avec douceur. Il leur parlait comme si c’était ses enfants», dit-il.
Michel Jutras était un homme de famille, selon Karl Fournier. Il était très dévoué à son épouse, ses enfants et petits-enfants. Ceux-ci le partageaient d’ailleurs de bon coeur avec sa «deuxième famille», celle du Zoo de Granby, où M. Jutras n’a jamais ménagé les heures de travail. À une époque, il habitait même pratiquement en face du Zoo, rue St-Hubert.
Même après sa retraite, Michel Jutras a conservé une proximité avec l’équipe de santé animale, affirme M. Fournier. Celui-ci a accompagné son ex-collègue au Zoo pas plus tard qu’en août 2020. Même si sa mémoire était défaillante, ses yeux brillaient d’un éclat particulier au terme de sa visite, affirme son ami.