Liberté refusée à nouveau au père de la « fillette de Granby »

Une croix ornée de fleurs et de décorations avait été installée près de la maison de Granby où l'enfant a perdu la vie.

Le père de la « fillette de Granby », cette enfant de sept ans morte en 2019 à la suite de mauvais traitements administrés notamment par sa belle-mère, doit poursuivre son incarcération.


La Commission des libérations conditionnelles du Canada a indiqué lundi que les plus récentes demandes de libération conditionnelle et de semi-liberté de l’homme de 34 ans, qui purge une peine de quatre ans de prison pour séquestration, lui ont été refusées.

Ces décisions en appel confirment celles données au détenu ― son identité ne peut être publiée ― en avril dernier à la suite de ses premières demandes de libération.

La Commission avait alors indiqué que bien que l’ex-employé d’une usine de matelas ait fait des progrès dans sa compréhension des gestes qui l’ont mené à séquestrer sa fille en avril 2019, contribuant ainsi à sa mort, il était trop tôt pour lui permettre de bénéficier d’une libération.

La Section d’appel de la Commission a confirmé ces décisions, lundi.

Par le biais de son avocate, l’homme reprochait plusieurs erreurs à l’organisme fédéral, notamment de ne pas avoir agi équitablement, d’avoir omis de communiquer des motifs suffisants et d’avoir fait une mauvaise évaluation de son risque.

Il réfutait que ses gestes aient contribué à la mort de la jeune victime, rejetant plutôt la faute sur son ex-conjointe.

La Commission lui rappelle qu’il purge effectivement une peine de prison fédérale pour séquestration et que son «agir délictuel fait partie des circonstances entourant l’agir délictuel de votre ex-conjointe».

« La Commission comprenait bien votre délit et que c’était votre ex-conjointe qui a provoqué la mort de la victime par suffocation. La Commission a agi sur la foi des renseignements lorsqu’elle a considéré que votre délit “est empreint d’une grande violence psychologique et instrumentale, et ce, à l’endroit d’une personne vulnérable que vous auriez dû protéger.” »

La fillette de Granby est morte par suffocation.

L’organisme ajoute que la dépendance affective du contrevenant «constitue un facteur de risque important auquel vous n’aviez pas su démontrer que vous possédiez les outils pour y faire face adéquatement».

Gestion des émotions

Elle rejette aussi les autres arguments avancés par le détenu. Reprenant les motifs déjà évoqués en avril, la Commission rappelle que l’homme n’a «pas intégré toutes les notions requises qui pourraient justifier une libération anticipée».

« Vous êtes au début du processus à suivre quant aux domaines de la gestion des émotions, les insécurités relationnelles et l’image de soi. […] Vos besoins d’intervention sont toujours évalués à la cote élevé dans les domaines de la vie personnelle et affective et matrimoniale et familiale ― ces domaines sont les facteurs contributifs à votre délit.

« La Commission a déterminé que le risque que vous présentiez était inacceptable pour la société et conséquemment, il n’était pas encore opportun de vous permettre un retour dans la collectivité. »

La mère de l’accusée s’est dit lundi «bien contente» que son fils ne soit pas remis en liberté maintenant. Via les médias, elle s’est fréquemment prononcé en défaveur de son fils, notamment en dénonçant sa peine de prison qu’elle jugeait trop clémente.

Il n’a pas été possible de joindre l’avocate de son fils, Me Marylie Côté, lundi.

Le père de la fillette de Granby a jusqu’ici purgé 20 mois de sa peine. Une nouvelle audience pour sa libération doit avoir lieu en novembre prochain et il sera éligible à une libération en avril 2024.

Son ex-conjointe, aujourd’hui âgée de 40 ans, est pour sa part détenue à vie pour meurtre non prémédité. Elle ne sera pas admissible à une libération conditionnelle avant 13 ans.

Elle avait mis du ruban adhésif sur le nez et la bouche de la fillette, provoquant sa mort par suffocation.