Le réseau communautaire prend du galon

«Le milieu communautaire se porte de mieux en mieux», note le DG de la CDC de la Haute-Yamaska, Nicolas Luppens.

Les organismes communautaires de la région donnent de plus en plus de services à la population, avec des équipes bonifiées ayant de meilleures conditions de travail générales, notamment des salaires plus attrayants qu’il y a à peine quelques années. Il s’agit là de quelques-uns des faits saillants d’une enquête socio-économique, dévoilée mardi.


«Le but de cette étude est de mettre à jour les données concernant la situation des organismes communautaires. On sent qu’il y a eu une évolution depuis le dernier rapport, produit en 2014. On voulait le mettre en lumière», a indiqué en entrevue le directeur général de la Corporation de développement communautaire de la Haute-Yamaska (CDCHY), Nicolas Luppens.

Globalement, 41 organismes sur 53 membres de la Corporation ont participé à l’enquête, réalisée en 2022. Ceux-ci donnent des services à plus de 5000 personnes. La quasi-totalité des organismes sondés (95%) dessert des communautés de la Haute-Yamaska.

Petit bémol, «avec le transfert de région administrative de la Montérégie vers l’Estrie, il est intéressant de constater que près de 10% des répondants offrent toujours des activités ou services en Montérégie», mentionne la CDCHY.

Des dizaines de représentants d'organismes communautaires de la région ont participé au dévoilement du rapport d’enquête socio-économique de la CDC Haute-Yamaska, mardi, à la Ferme Héritage Miner à Granby.

Or, comme l’enquête a été réalisée avant le transfert officiel de la Haute-Yamaska vers l’Estrie, «aucune question n’a été posée sur la nouvelle découpe régionale», a concédé M. Luppens.

Autre point, les 41 organismes répondants en 2022 ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux qui ont répondu au questionnaire huit ans auparavant. «On peut évaluer les tendances, a dit le DG de la Corporation, mais on doit être prudents lorsqu’on regarde les chiffres totaux.»

Plus d’effectifs

Le nombre d’employés des organismes communautaires a grimpé au cours des dernières années, passant d’une moyenne de 9,6 en 2014 à 13 selon les plus récentes données. À ce moment, les 41 organismes interrogés employaient 557 personnes.

Selon Nicolas Luppens, l’amélioration des conditions de travail dans le milieu communautaire a largement contribué à la rétention et l’attractivité de main-d’oeuvre.

«Les organismes n’ont pas eu le choix de se mettre à niveau, étant donné la pénurie de ressources humaines», a fait valoir M. Luppens.

Concernant les salaires, «seulement 10% des employés étaient rémunérés 24$/h ou plus en 2014, alors que cette proportion s’élève à 31,7% en 2022», met-on en relief. Le nombre de personnes travaillant à temps partiel a également considérablement rétréci.

«Les semaines de 31 à 40 heures ont connu un bond plus important, passant de 50% en 2014 à 65% en 2022. Les semaines de 21 à 30 heures ont presque doublé en passant de 16% à 29%, tandis que les emplois de moins de 20h ont baissé drastiquement de 33% à 6% pour cette même période», évoque-t-on dans le rapport dévoilé mardi.

Interventions en hausse

Les organismes questionnés en 2022 offrent une panoplie de services à la population. Ceux-ci sont scindés en 15 catégories. Les trois plus fréquents sont l’accompagnement, les interventions ponctuelles et les suivis individuels, note la Corporation. On fait aussi de la prévention, la défense des droits, de l’entraide, du dépannage ponctuel, de l’hébergement et du transport, entre autres.

Selon le récent rapport, les interventions de groupe ont connu une forte croissance. Selon l’étude, elles sont passées de 2 1694 en 2014 à 4 650 en 2022. De plus, «36 répondants sur 41 (88%) offrent des interventions collectives», souligne-t-on.

À ce chapitre, Nicolas Luppens fait une corrélation avec les hausses salariales des effectifs et des enveloppes consenties par les différents paliers gouvernementaux. De ce côté, note le DG de la Corporation, les subventions de Québec et Ottawa ont connu une hausse globale représentant 68% des revenus totaux des organismes, alors qu’ils étaient de 63% en 2014.

«Souvent, on pense que les organismes communautaires ne font que des interventions un pour un. Beaucoup d’organismes ont reçu du rehaussement du financement. Ça a permis d’ajouter des personnes dans les équipes, ce qui va souvent se traduire par des interventions de groupe.»

Le nombre de participations individuelles est aussi en progression (16 995 à 28 349) pour les mêmes années de référence.

Chute du nombre de bénévoles

Un des enjeux majeurs ayant des répercussions directes sur les services offerts par les organismes communautaires est la baisse drastique du nombre de bénévoles. On en dénombrait 1700 en 2014, alors qu’ils sont désormais un peu moins de 1300 selon les dernières statistiques.

Il s’agit d’un défi que devront surmonter les organismes communautaires au cours des mois et années à venir pour garder la tête hors de l’eau. «Avec la pandémie, on a vu le nombre de bénévoles baisser considérablement. Le plein emploi a aussi une incidence», a indiqué le DG de la Corporation.

Or, cette diminution des effectifs bénévoles a été atténuée «par une hausse importante du temps de bénévolat annuel total», souligne-t-on dans le rapport. Les heures effectuées par des bénévoles sont passées de 30 368 en 2014 à 86 764 en 2022.

La vigilance sera de mise pour éviter de surcharger ces personnes (72% de femmes) cruciales pour les organismes, a mentionné M. Luppens. «On devra trouver le moyen de rajeunir l’image du communautaire pour recruter de plus jeunes bénévoles a-t-il dit. C’est un enjeu majeur dans notre milieu.»