«C’est une façon préventive de maintenir un état de santé, pour que les personnes âgées soient prises à temps», résume André Plouffe, directeur de la Coop autonomie chez-soi qui chapeaute le service.
L’idée émane de la Table des aînés de la Haute-Yamaska qui exprimait le souhait de développer la gériatrie sociale. Elle s’est alors adressée à la coopérative qui a accepté de prendre les guides du projet au moment de sa mise en service. «Les entreprises d’économie sociale comme la nôtre, il y en a partout. C’est un terrain fertile pour développer la gériatrie sociale», estime M. Plouffe.
L’équipe a cogné à la porte de la Fondation AGES, une communauté bienveillante créée par le gériatre Stéphane Lemire. Leur mandat est d’accompagner les organismes dans le déploiement de la gériatrie sociale en offrant entre autres la formation aux sentinelles et aux navigateurs. Au Québec, six projets comme celui de la Gériatrie sociale Haute-Yamaska sont en cours. Neuf autres sont en développement.
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Les sentinelles sont les yeux et les oreilles de la société. Ils peuvent signaler tout changement qui pourrait accélérer le vieillissement d’une personne aînée. «La formation est pour détecter les difficultés que les personnes âgées pourraient avoir pour prévenir le vieillissement accéléré et éviter qu’elles se retrouvent tout le temps à l’urgence. Et quand elles se retrouvent à l’urgence, souvent le problème est tellement développé qu’il n’est plus régressif.», dit M. Plouffe.
À la Coop autonomie chez-soi, les 80 employés ont été formés par deux navigatrices, Julie Champagne et Dominique Descelles. Les employés se rendent chez les personnes âgées pour offrir différents services; aide domestique, courses, repas, travaux lourds et aide pour le bain ou la prise de médication, entre autres. «Des fois, ce sont les seuls qui vont côtoyer l’aîné dans la semaine, explique Mme Champagne. Ils tissent un lien de confiance et sont capables de remarquer certaines choses.»
En plus des employés de la coopérative, des membres des services d’urgence, dont les paramédics et des pompiers, et des livreurs de pharmacie ont aussi été formés pour être sentinelles.
La sentinelle doit toujours obtenir le consentement de l’aîné pour le signaler aux navigatrices, qui une fois l’accord de la personne en main, lance le processus. «On est là pour aller approfondir le repérage de la sentinelle et diriger l’aîné vers la bonne ressource. Par exemple, une personne qui est de retour d’une hospitalisation, on va lui proposer la popote roulante. Quelqu’un qui vit de l’isolement sera recommandé à l’organisme les Petits frères. Il existe un paquet de services que les gens ne connaissent pas», fait valoir Mme Champagne.
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Les navigatrices peuvent aider directement les aînés dans certaines situations, notamment pour la prise d’un rendez-vous médical, pour des prélèvements sanguins ou encore pour s’inscrire au guichet d’accès pour consulter un médecin s’ils n’en ont pas. «On les dépanne, résumé Julie Champagne. Il y a plein de petites craques qui existaient qu’on est capables de combler.»
Le service est rapide pour ne pas démotiver l’aîné. Souvent le jour-même, ou dans un délai maximal de 24 à 48 heures. Au cours du premier trimestre en 2023, 91 alertes ont été enregistrées à la Gériatrie sociale Haute-Yamaska.
Une infirmière dédiée à la gériatrie sociale
Au moyen d’une grille d’évaluation, la navigatrice peut déterminer que l’intervention de l’infirmière Annie Fontaine, rattachée au CLSC Yvan-Duquette de Granby, est requise. «Je suis le trait d’union entre le réseau communautaire et le réseau public. Si une personne chute, je peux faire une référence pour un physiothérapeute. Si la personne a une plaie, je la dirige vers le bon soin. Si le communautaire ne peut pas combler le besoin, c’est le réseau de la santé qui intervient», résume-t-elle.
L’infirmière dédiée à la gériatrie sociale a également un rôle d’accompagnement et de formatrice auprès des aînés, que ce soit au niveau de la prise de médication ou de la glycémie, par exemple. «Un usager qui est diabétique et qui ne mange pas régulièrement, on fait du travail avec lui pour qu’il puisse se prendre en main», explique Mme Fontaine.
«On veut éviter d’aller à l’hôpital, mais on ne dit pas que ce ne sera pas la finalité», précise Nancy Van Herck, chef de service dans le milieu, volet soins infirmiers au CIUSSS de l’Estrie (CLSC Yvan-Duquette).
Le déploiement des sentinelles permet aussi de rejoindre des aînés qui ne sont pas connus du milieu de la santé avant que leur condition ne s’aggrave. «Notre objectif est d’aller chercher des gens qui ne sont pas connus, des gens qui sont incapables de faire de démarches eux-mêmes. C’est là qu’on veut intervenir pour résoudre le problème», expose Mme Fontaine.
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Certains aînés sont réticents à obtenir de l’aide par crainte de devoir quitter leur domicile. Ils sont toutefois nombreux à accepter d’ouvrir la porte de leur domicile à l’infirmière. «Quand on entre, ce sont souvent des soupirs de soulagement, dit-elle. On nous dit beaucoup que la ligne 811 option 3, que l’attente est longue. On leur dit qu’il n’y a pas de place au Groupe de médecine familiale et ils ne savent pas où aller à part à l’hôpital. On peut parfois les diriger vers les pharmaciens ou tenter de prendre rendez-vous pour eux.»
Le projet pilote a été déployé en 2021. C’est surtout au cours de la dernière année que la Gériatrie sociale Haute-Yamaska fonctionne de façon organisée, estime André Plouffe. «Ça continue. Il faut s’adapter aux changements, à la réalité. On a des rencontres régulièrement pour voir si notre fonctionnement est optimal, dit-il. On est à démontrer au gouvernement que la gériatrie sociale, c’est valable. Ça semble être intéressant pour le ministère de la Santé.»
«C’est un beau partenariat public, privé, communautaire, confirme Mme Van Herck. Grâce à la Fondation AGES, on a été loin pour les usagers.»
Pour joindre la Gériatrie sociale Haute-Yamaska, vous pouvez leur écrire par courriel ou les contacter par téléphone au 579 420-1522. À noter que le service est offert gratuitement. Les personnes qui sont intéressées à devenir sentinelles peuvent se manifester aux mêmes coordonnées.