Un terrain près du lac Boivin dans la mire des promoteurs

Des promoteurs s'intéressent au terrain du Royaume des quilles, situé près du lac Boivin, pour y développer des projets.

Alors que la propriétaire du Royaume des quilles, à Granby, a récemment confirmé réfléchir à l’avenir de son commerce, La Voix de l’Est a appris que le terrain sur lequel il est situé, en bordure du lac Boivin, est très convoité. Certains promoteurs aimeraient y construire des immeubles de quatre, voire de huit étages.


Depuis l’adoption d’un Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour la rue Denison Est en mars 2022, le nombre maximal d’étages dans le secteur a toutefois été revu à la baisse pour des projets résidentiels, soit deux étages ou une hauteur de huit mètres.

Le site du Royaume des quilles est considéré comme un «emplacement de choix» par la Ville de Granby, selon le PPU adopté l'an dernier.

La Société immobilière Cogir a néanmoins accordé un mandat l’automne dernier à un lobbyiste pour qu’il fasse des représentations à la Ville. Le but: que le zonage soit modifié pour permettre la réalisation «d’un projet de construction comportant 156 unités de résidentiel locatif, sur huit étages, avec une section du rez-de-chaussée contenant du commercial, avec des commerces de proximité», est-il détaillé sur le site Carrefour Lobby Québec.



Le président, développement immobilier et construction, de Cogir, Marc Doré, est le lobbyiste associé à ce mandat, valide jusqu’au 20 septembre 2023.

Cogir est un important propriétaire d’appartements et de condos locatifs, ainsi que de résidences pour aînés, au Québec. La société immobilière détient également des propriétés commerciales et hôtelières, dont le Carrefour Haute-Ville, à Granby. Le supermarché Métro y a notamment pignon sur rue. L’entreprise n’a pas donné suite à l’appel de La Voix de l’Est.

Selon les informations obtenues à l’hôtel de ville, aucun projet d’immeuble de huit étages n’a récemment été déposé au service d’urbanisme. Par contre, un projet d’immeuble de quatre étages a été soumis pour analyse. Impossible de savoir, pour le moment, qui est à l’origine de la démarche.

Intérêt

La propriétaire actuelle du terrain convoité, occupé depuis 1975 par un salon de quilles, Véronique Picard, confirme avoir été «approchée» à plusieurs reprises depuis qu’elle a fait l’acquisition de la propriété en 2012.



Mme Picard ne nie pas avoir songé à vendre l’endroit. Mais, dans un monde idéal, elle aimerait aller elle-même au bout du potentiel qu’offre le site, situé à deux pas de la piste cyclable et du lac Boivin, a-t-elle expliqué en entrevue.

Elle a récemment dû se résoudre à fermer ses allées de quilles pour une période indéterminée, car l’immeuble et les équipements nécessitent d’importantes rénovations. Seul le bar du salon de quilles demeure ouvert.

La propriétaire du Royaume des quilles a reçu la visite de plusieurs promoteurs intéressés par le 151 Denison Est, au fil des ans.

L’entrepreneure souhaite prendre les prochains mois pour réfléchir aux différentes options qui s’offrent à elle. Le PPU du secteur, et ses nouvelles règles qui limitent notamment la hauteur des immeubles, ne facilitent toutefois pas la tâche, dans un contexte où l’ajout d’étages pourrait permettre d’augmenter la rentabilité d’un éventuel projet, estime-t-elle.

Le 151 Denison Est est considéré comme un « emplacement de choix pour le secteur » par la Ville de Granby, selon le PPU adopté.

Vue sur le lac

La mairesse Julie Bourdon affirme que les projets soumis seront évalués, mais il importe pour les élus de « garder une belle vue sur le lac », dit-elle. « Je veux quand même rassurer les citoyens là-dessus, dit-elle. (...) Mais, si éventuellement il y a du résidentiel, il va falloir s’asseoir avec le conseil pour voir l’orientation qu’on veut donner. »

Maintenir une «vue sur le lac» Boivin est important pour les élus, selon la mairesse, Julie Bourdon.

Pour l’heure, le Programme particulier d’urbanisme, qui encadre le développement de la rue Denison Est, entre la rue de la Gare et le boulevard Pierre-Laporte, ouvre la porte à des projets mixtes, soit avec des usages résidentiel et commercial. « Le PPU permet une certaine ouverture et donne des orientations sur ce qu’il pourrait y avoir là », dit la mairesse.



La nouvelle limite de deux étages permet en outre aux citoyens d’avoir voix au chapitre. Si un promoteur devait présenter un projet qui déroge à ces normes, celui-ci devra être soumis au processus légal de consultation publique qui entraîne la tenue d’un registre et, ultimement, d’un référendum.

« Ce ne sera plus possible de faire des quatre étages dorénavant, à moins qu’il y ait une consultation et que les gens du secteur l’appuient », a souligné le conseiller municipal responsable de l’aménagement et de la protection du territoire, Paul Goulet, lors de l’adoption du PPU, l’an dernier.