Le budget critiqué par des organismes communautaires

Le budget déposé mardi dernier par le gouvernement du Québec a suscité des réactions mitigées de la part de plusieurs acteurs communautaires de la région.

Le budget déposé mardi dernier par le gouvernement du Québec a suscité des réactions mitigées de la part de plusieurs acteurs communautaires de la région. La Corporation de développement communautaire de la Haute-Yamaska (CDC Haute-Yamaska) s’est montrée particulièrement déçue, estimant que le gouvernement avait mal saisi l’ampleur des défis actuels.


Selon Nicolas Luppens, directeur général de la CDC Haute-Yamaska, ce budget ne fera que «saupoudrer par-ci et par-là» et ne permettra pas de résoudre la crise actuelle ni de réduire l’iniquité de traitement par rapport aux autres services publics.

La CDC Haute-Yamaska avait pourtant mis en garde le gouvernement sur l’importance d’investir davantage pour permettre aux organismes de faire face à la pénurie de main-d’œuvre. Selon une étude réalisée il y a environ un an, 71% des organismes répondants avaient des besoins actuels de recrutement et 70% affirmaient que les services avaient déjà été affectés ou le seraient dans les prochains mois.

La moyenne des besoins financiers supplémentaires par organisme est chiffrée à 130 000 $ annuellement, soit 7 410 000 $ pour les 57 membres de la CDC Haute-Yamaska seulement. Les 36 millions de dollars supplémentaires au financement à la mission des organismes communautaires autonomes correspondent à moins de 10% des besoins.

Crise du logement

En plus de la pénurie de main-d’œuvre, la crise du logement est un autre enjeu majeur soulevé par plusieurs organismes. La CDC de Brome-Missisquoi a accueilli le dernier budget avec déception, regrettant que les sommes investies dans les baisses d’impôts ne soient pas plutôt utilisées pour financer de nouveaux projets de logements sociaux.

Selon Nicolas Luppens, directeur général de la CDC Haute-Yamaska, ce budget ne fera que «saupoudrer par-ci et par-là» et ne permettra pas de résoudre la crise actuelle ni de réduire l’iniquité de traitement par rapport aux autres services publics.

«Aucune nouvelle somme substantielle n’a été annoncée pour soutenir le financement de l’action communautaire. Le gouvernement ne se contente que de rappeler les engagements financiers du Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire 2022-2027 avec très peu d’investissements supplémentaires», a déclaré Nicolas Gauthier, directeur à la CDC de Brome-Missisquoi.

La situation est d’autant plus critique que la fin du programme Accès-Logis, qui était mis en place pour financer la construction de logements sociaux, a été remplacée par le Programme d’habitation abordable du Québec, qui met de côté l’aspect social du logement pour ouvrir la porte à la privatisation.

Or, selon la CDC Haute-Yamaska, le taux d’inoccupation à Granby est seulement de 0,4% et l’itinérance est de plus en plus visible. Les organismes accompagnent la population dans la recherche de logement avec la plus grande désolation devant le manque d’unités disponibles.

Inégalités sociales

Le Groupe Actions Solutions Pauvreté (GASP) partage ce constat de précarisation accrue chez les personnes en situation de pauvreté au Québec. Selon leur rapport annuel 2020, la pandémie a amplifié les inégalités sociales et a créé de nouveaux défis pour les personnes les plus vulnérables de la société.

Le Groupe Actions Solutions Pauvreté (GASP) partage ce constat de précarisation accrue chez les plus pauvres.

Le GASP met de l’avant l’importance d’agir rapidement et de manière concertée pour prévenir et réduire la pauvreté et l’exclusion sociale. Ils proposent plusieurs recommandations pour y parvenir, notamment en matière de soutien financier, d’emploi, de logement et d’accès aux services de santé. Le groupe souligne également l’importance d’adopter une approche intégrée qui prend en compte les multiples dimensions de la pauvreté et qui implique la participation active des personnes concernées.

De manière générale, la lutte contre la pauvreté est un enjeu majeur pour la société québécoise. Selon les données de Statistique Canada pour l’année 2020, le taux de pauvreté au Québec était de 12,8 %, ce qui représente environ 956 000 personnes vivant sous le seuil de faible revenu. Ce chiffre est en baisse par rapport à l’année précédente (14,6 %), mais demeure préoccupant.

Les organismes communautaires de la région s’entendent pour dire que la pandémie a amplifié les défis pour les personnes pauvres au Québec et que le budget du ministre Éric Girard ne répond pas à ces problématiques.