Des agricultrices d’ici au rythme du Sénégal

Michèle Laberge, présidente des Agricultrices de la Montérégie Est, en compagnie d'une agricultrice de la région de Thiès, au nord du Sénégal.

Dans ce pays de lumière, où le soleil dicte sa loi, les femmes rayonnent tout autant, avec leurs vêtements colorés et leur implication dans toutes les sphères des organisations agricoles, ont constaté 13 agricultrices du Québec, dont cinq sont originaires de la Montérégie Est, lors d’une mission de partage et de collaboration effectuée dans ce pays d’Afrique.


«Que ce soit dans le travail aux champs d’arachides ou d’hibiscus, par exemple, dans le secteur de l’éducation où elles sont de plus scolarisées, jusque dans la gouvernance des entreprises agricoles et d’autres secteurs, les femmes sénégalaises rayonnent dans le pays», souligne Michèle Laberge, présidente des Agricultrices de la Montérégie Est, et 2e vice-présidente des Agricultrices du Québec.

L’objectif de cette mission était d’échanger sur les défis de l’entrepreneuriat agricole féminin au Sénégal, ainsi que sur la gouvernance.

Yarame Fall, présidente du Collège des femmes, entourée notamment de Jeannine Messier, présidente des Agricultrices du Québec et résidante de Saint-Pie, Sophie Brodeur, des Agricultrices de la Montérégie Est, d'agricultrices du Lac- Saint-Jean, et Michèle Laberge, présidente des Agricultrices de la Montérégie Est devant le thiéboudienne, plat national sénégalais

Les agricultrices sénégalaises rencontrées étaient membres du Collège des femmes, l’équivalent des Agricultrices du Québec. Les Québécoises ont également rencontré lors de leur mission des représentantes du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux, cet organisme soutenant l’agriculture paysanne et les exploitations agricoles familiales.

La parité inscrite dans la loi sénégalaise

«La parité, pour eux, c’est naturel, constate Mme Laberge. Dans toutes les institutions électives du Sénégal, la loi oblige la parité. Et dans les groupes mixtes auxquels nous avons participé, ils sont très reconnaissants de l’apport des femmes.»

Les agricultrices québécoises, œuvrant dans différents secteurs agricoles — grandes cultures, fermes laitières, maraîchères ou d’élevage —, originaires de régions distinctes et d’âges différents, ont mis leur expérience notamment au service d’un projet visant à accompagner de jeunes éleveuses dans la production de moutons.

Projet «Jeunes bergers»

Avec le projet «Jeunes éleveurs», l’objectif est d’outiller 30 femmes — sur un total de 60 éleveurs — à toutes les étapes de l’entrepreneuriat agricole.

Pour cela, des prêts ont été consentis par le gouvernement du Canada afin de participer au démarrage de ce projet d’autosuffisance alimentaire, alors que la production locale ne suffit pas à approvisionner les Sénégalais, friands de cette viande pour la fête musulmane du «Tabaski», ou «fête du mouton», lors de laquelle les familles sacrifient un animal. Mme Laberge ne connaissait pas les montants de ces prêts.

À la fin de ce projet intitulé «Jeunes bergers», les jeunes sénégalaises et leurs homologues masculins seront formés à tous les niveaux de leur métier, de l’élevage à la production et à la commercialisation.

«Nous avons partagé avec elles des conseils autant techniques qu’administratifs, et aussi sur le soin des animaux», explique Mme Laberge, qui possède une ferme à Mont-Saint-Grégoire en grandes cultures.

Valeurs d’accueil et de partage

Madame Laberge s’est dit impressionnée par l’accueil chaleureux et protocolaire aux différents endroits où elles se sont rendues.

Elles étaient invitées à partager le repas de façon rituelle —souvent le thiéboudienne, ou «riz au poisson». «Nous étions assises, pieds nus, autour de ce plat communautaire, et on ressentait beaucoup d’humanité, ainsi qu’un grand respect quant à l’apport des femmes.»

Cette mission, où les échanges et apprentissages étaient réciproques, était organisée par la section développement internationale de l’Union des producteurs agricoles, du 28 janvier au 11 février dans les régions de Thiès, à l’ouest du Sénégal, et de Louga, au nord.

Deux agricultrices faisant partie du territoire couvert par La Voix de l’Est étaient de ce voyage. Il s’agit de Jeannine Messier, de la Ferme Équinoxe située à Saint-Pie, qui est présidente des Agricultrices du Québec, et de Marie-Michèle Bernier résidant à Saint-Valérien-de-Milton. Nous n’avons pas été en mesure de nous entretenir avec elles.

«Le bilan de cette expérience est très positif, ajoute Mme Laberge. Cela a été enrichissant pour tout le monde.»


Des agricultrices hors pair

Le gala Reconnaissance des agricultrices de la Montérégie Est se tiendra par ailleurs le 15 avril prochain, au club de golf d’Acton Vale.

À cette occasion seront honorées des agricultrices qui se sont démarquées sur ce territoire.