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Son avocate Me Marie-Pier Bertrand suggère au tribunal d’imposer une peine de 36 mois de pénitencier pour les chefs d’accusation de contacts sexuels, incitation à des contacts sexuels et leurre informatique, dont son client a été déclaré coupable en juin 2022.

«Il est pertinent pour comprendre la dynamique où s’inscrivent les agissements sexuels. On comprend qu’une relation s’est établie entre M. Belziles et le plaignant. L'accusé a développé des sentiments amoureux», soulève Me Bertrand, jeudi au palais de justice de Québec.

Belziles, 60 ans a d’abord été la nounou de sa victime vers le printemps 2020, puis a tranquillement tissé des liens avec l’adolescent. Au début de l’année 2021, Belziles l’a engagé pour réaliser des tâches dans son immeuble. Avec le couvre-feu encore en vigueur, l’accusé utilisera ce prétexte pour que l’adolescent reste dormir chez lui, à au moins trois reprises.

Après qu’une amie ait découvert les conversations inappropriées entre l’accusé et sa victime, elle a dénoncé la situation à sa maman, qui a rapidement contacté les autorités. Lorsque la police de Québec a procédé à l’arrestation de l’homme dans son logement de Limoilou, il était accompagné de l’adolescent.

L’avocate de la défense insiste et cite le rapport de l'agent de probation : son client n’a pas d’attirance envers les jeunes garçons. Il avait de l’attirance envers la victime en raison de la relation particulière qu’il entretenait avec elle, indique Me Bertrand. En d’autres mots, l’accusé a manqué de jugement, plaide-t-elle.

L’avocate indique que le processus judiciaire a déjà eu beaucoup de conséquences sur la vie de son client. Il a perdu tous ses contrats de travail et garde une «timidité» à trouver un autre emploi. Elle rappelle qu’il a suivi un cheminement thérapeutique et qu’il exprime beaucoup de remords.

Rickey Belziles a d’ailleurs lu une lettre, jeudi, devant la famille de la victime. «J’ai manqué de jugement, j’ai causé des dommages collatéraux, ce qui est très déplorable. Si je pouvais changer les choses, je le ferais maintenant. J’espère que le temps pourra atténuer les souffrances vécues. Je m’excuse», a lu l’accusé, sans toutefois regarder la famille présente dans la salle.

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Belziles, jusque là sans antécédents criminels, a plaidé coupable vendredi à des accusations de leurre informatique, de contacts sexuels sur un adolescent de 14 ans et d’avoir incité le jeune à le toucher à des fins sexuelles. La période des infractions commence en mars 2020, au moment où le Québec a été confiné en raison de la pandémie de COVID-19.

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Homme de ménage pour la famille de la victime depuis janvier 2020, Rickey Belziles gagne la confiance des parents et se fait engager comme aide familial en mars, lorsque les écoles ferment et que les enfants se retrouvent à la maison.

Il est là en permanence lorsque les parents doivent travailler. Belziles dort à la maison de ses employeurs deux nuit par semaine. Il occupe un lit dans la chambre du plus vieux des enfants, un garçon qui aura 14 ans en avril 2020 et qui a un retard d’apprentissage.

Au départ, la relation est strictement amicale et n’inquiète nullement les parents.

Mais progressivement, à l’insu de tous, Belziles et l’adolescent se mettent à s’écrire sur Messenger chaque jour. Les propos deviennent plus intimes. L’accusé appelle le jeune «baby» ou «baby love».

En décembre 2020, Rickey Belziles invite l’adolescent à faire de la distribution de paniers de Noël avec lui et à installer des décorations.

Couvre-feu

De janvier à avril 2021, l’adolescent est engagé formellement par Belziles pour faire des travaux à l’immeuble où l’homme réside. Le jeune passe des fins de semaine complètes au logement de l’accusé.

«La victime finissait de travailler tard et il expliquait à ses parents qu’étant donné qu’il y avait beaucoup de travail et compte tenu du couvre-feu, il était mieux de coucher chez l’accusé», résume le procureur de la Couronne Me Louis-Philippe Desjardins.

À trois occasions, l’accusé admet avoir posé des gestes de masturbation et de fellation ainsi qu’une tentative de pénétration sur l’adolescent. Le jeune a aussi dû se livrer à des gestes de masturbation et de fellation sur l’accusé.

En vue des représentations sur la peine, qui auront lieu plus tard cet automne, le procureur de la Couronne déposera en preuve de multiples conversations Messenger entre l’accusé et sa victime.

En plus des propos sexuels très explicites, on peut y lire comment Belziles se place en victime, blâmant l’adolescent pour «tout ce qui arrive», le qualifiant de manipulateur.

Dans d’autres conversations, Belziles menace de cesser la relation s’il n’a pas de preuve de l’amour du jeune. En retour, la victime écrit qu’il ne montrerait pas son corps et qu’il n’irait pas dans le lit de l’accusé s’il ne l’aimait pas vraiment.

Un ami de la victime a découvert les messages sur le téléphone du jeune en avril 2021 et a alerté les parents.

Ceux-ci ont dénoncé la situation à la police. Lorsque Belziles a été arrêté par l’Unité de l’exploitation sexuelle des mineurs du SPVQ, l’adolescent se trouvait à son logement de Limoilou.

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Une confiance brisée

Le procureur de la Couronne, Me Louis-Philippe Desjardins, estime plutôt qu’une peine de 8 ans de prison est raisonnable dans ce dossier.

«Il devait garder, protéger et s’occuper de la victime. Au lieu de protéger cet enfant-là, il en a profité pour l’agresser […] On voit tout de suite la grande vulnérabilité de cet enfant-là, envers qui l’accusé avait un accès illimité», plaide Me Desjardins

Il rappelle la gravité des gestes sexuels posés et l’abus de confiance envers la victime, et envers ses parents.

En guise de preuve, il a fait défiler l’entièreté de la conversation Messenger entre l’accusé et l’adolescent. Elle était remplie de cœurs, d’images et de longs messages. Des déclarations d’amour, même.

Me Desjardins note la «manipulation psychologique» de l’agresseur qui détient «l’expérience d’une vie» comparativement à sa victime. L’avocat insiste aussi sur l’écart d’âge de 46 ans entre Belziles et l’ado, ce qui représente selon lui un facteur aggravant.

Même si le rapport d’un agent de probation indique que Belziles a un risque de récidive faible, Me Desjardins souligne au juge que l’accusé de 60 ans «tend à se victimiser, se déresponsabiliser en mettant la part du blâme sur la victime». Cette caractéristique peut faire augmenter le risque de récidive, croit-il.

La mère de la victime est venue témoigner en cour des conséquences qu’ont eues les agressions de Belziles sur son fils et sur toute sa famille. «Mon cœur est rempli de colère, de culpabilité, de honte», souffle-t-elle devant le juge. La maman regrette tous les jours de ne pas avoir empêché ces agressions, et surtout, d’avoir fait confiance à cet homme de 60 ans.

Son fils, lui, semble avoir perdu confiance en ses parents, exprime-t-elle. Il évite aussi les contacts avec d’autres adultes.

Le juge Mario Tremblay prendra la cause en délibéré et rendra sa décision au mois de juin. Avant de lever l’audience, il a adressé quelques mots à la famille de la victime.

«[La peine] va vous permettre de tourner la page, mais ce ne sera pas une compensation mesurée à ce que votre fils a vécu.»

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