Préposée menacée de déportation: «Je n’ai plus de pression»

Les émotions sont encore à fleur de peau chez Amélie Mafogué-Tadié, qui était à deux doigts de se faire expulser du pays, il y a deux mois. On a voit ici en compagnie de sa superviseure, Géraldine-Catherine Plante-Desbiens, et du député fédéral de Trois-Rivières, René Villemure.

L’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête d’Amélie Mafogué-Tadié, préposée aux bénéficiaires à la Résidence Laliberté, à Trois-Rivières, n’est plus là. Alors qu’il y a à peine deux mois, elle a évité de justesse son expulsion du pays, l’employée camerounaise tant aimée de ses collègues et des résidents a fait de nouvelles démarches pour pouvoir rester au pays pour de bon.


Rappelons que le 12 janvier dernier, Mme Mafogué-Tadié s’apprêtait à prendre un vol pour le Cameroun après avoir épuisé tous ses recours pour rester au Canada. Une intervention in extremis du ministre de l’Immigration lui a finalement évité ce sort, en lui octroyant un sursis de 60 jours. Elle risquait la persécution dans son pays d’origine, en raison de son orientation sexuelle.

Deux mois plus tard, la préposée travaille toujours à la Résidence Laliberté, avec un réel espoir d’y rester.

«Avec les 60 jours de sursis, j’avais plusieurs avenues possibles. J’ai déposé une nouvelle demande, par un autre programme. On m’a demandé de compléter de nouveaux formulaires, ce que je vais faire d’ici peu. C’est ça pour le moment», résume-t-elle.

Plus d’une personne demeurerait craintive quant à l’avenir, surtout après avoir vécu la même chose que Mme Mafogué-Tadié. Celle-ci assure toutefois être sereine.

«Je vis ma vie simplement, comme d’habitude. Et sans inquiétude, parce que M. le député est là et mon avocat est là aussi. Je vis tranquille, je n’ai plus de pression comme avant. Je vis en attendant que les choses avancent», explique-t-elle.

Ledit député, René Villemure, avait convié les médias à le rejoindre à la résidence, vendredi, pour faire le point sur la situation. Il se montre lui aussi optimiste.

«C’est un bon dossier qui avait été mal traité. Amélie a fait ses points avec son avocat, on a fait des appels et on suit le tout. On est vigilant. Pour l’instant, la demande est là où elle peut être», assure le député du Bloc québécois de Trois-Rivières.

Le député de Trois-Rivières du Bloc québécois, René Villemure, était en visite à la Résidence Laliberté, vendredi, pour rendre visite à Amélie Mafogué-Tadié.

Celui-ci promet que si d’autres ratés surviennent, il interviendra. Car selon lui, il n’y a aucune raison que l’on ne veuille pas de Mme Mafogué-Tadié ici.

«Le cas d’Amélie, c’est un cas humanitaire, mais c’est aussi une personne qu’on veut avoir ici. Elle parle français, elle travaille, c’est une personne que tout le monde aime», souligne-t-il.

La superviseure de Mme Mafogué-Tadié, Géraldine-Catherine Plante-Desbiens, abonde dans le même sens. Pour elle, c’était un non-sens de la renvoyer dans son pays d’origine, tant pour ses qualités comme employée et comme personne que pour les risques qu’elle encourrait.

«C’est un humain, elle a des droits comme tous. Les droits fondamentaux, c’est ce qu’on protège, en soins. On est là pour préserver l’autonomie des personnes, leurs droits fondamentaux. Et puis la sécurité, le respect de l’orientation et de la religion, on est la terre d’accueil parfaite pour ça, alors pourquoi la renvoyer chez elle et la mettre en danger? Moi, je ne comprends pas», mentionne-t-elle.

De son côté, René Villemure souligne que bien que le travail d’un député est d’être présent pour tous ses concitoyens, surtout lorsqu’il voit une «injustice flagrante», ce cas est particulier.

«C’est la première fois qu’on sort quelqu’un de l’avion. C’était in extremis», insiste-t-il, dénonçant au passage les ratés chez Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

«Une histoire du passé »

Le député ne manque pas de souligner la contribution de l’employeur de Mme Mafogué-Tadié dans son dossier. Tout comme la préposée, celui-ci fait confiance à la vie pour la suite des choses.

«Pour nous, on a l’impression que c’est une histoire du passé. On sait qu’il reste du travail à faire, mais c’est au-delà de notre contrôle», déclare Yves Laliberté, directeur général de la résidence.

Yves Laliberté, directeur général de la Résidence Laliberté.

Ce dernier ne tarit d’ailleurs pas d’éloges envers son employée, qu’il dit dévouée et volontaire.

«Si je pouvais la cloner, je serais très heureux», lance-t-il à la blague.

Le directeur général de la Résidence Laliberté mentionne enfin que malgré tout, cette saga n’a pas refroidi ses ardeurs pour ce qui est du recrutement de personnel à l’étranger.

«On a entamé le processus de recrutement international depuis huit mois, autant aux Philippines qu’au Cameroun. On est dans le processus, en espérant que ça va s’accélérer. Les gens sont en attente d’un visa avant de venir», conclut-il.