L’Ordre des ingénieurs du Québec sur la voie de la continuité avec Sophie Larivière-Mantha

ZONE / L’arrivée de Sophie Larivière-Mantha à la présidence de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) se passe sans grand branle-bas de combat. Rien de comparable à l’agitation générale qui avait marqué les premiers pas de sa prédécesseure à la tête de l’organisation regroupant 70 000 membres.


En juin 2016, Kathy Baig accédait à la présidence de l’OIQ. À l’époque, la capacité de l’ordre professionnel d’assumer pleinement son mandat de surveillance de ses membres et de protection du public avait du plomb dans l’aile. La Commission Charbonneau sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction - dont le rapport final avait été déposé en novembre 2015 - et les avis émis par l’Office des professions avaient mis en lumière des lacunes dans la gouvernance et les pratiques administratives de l’OIQ.

Un mois après l’élection de Mme Baig, le gouvernement du Québec plaçait l’OIQ sous tutelle. Le carcan a été levé deux ans et demi plus tard, une fois que Kathy Baig et son équipe étaient parvenus à remettre l’organisation sur les rails en multipliant les actions assurant la protection du public et l’amélioration de la pratique professionnelle.

«La confiance du public à l’endroit des ingénieurs a atteint et même un peu dépassé les pourcentages enregistrés avant la Commission Charbonneau», souligne Sophie Larivière-Mantha. Affichant 78 % en 2015, le niveau de confiance à l’égard des ingénieurs atteignait 87 % en 2022.

«Les efforts de renforcement de nos mécanismes de protection du public sont constants», insiste Mme Larivière-Mantha qui est en poste depuis juin dernier.

Plus d’inspections

En 2015-2016, l’IOQ réalisait 1700 inspections professionnelles. L’an dernier, 2974 inspections ont été faites afin de s’assurer que les ingénieurs exercent leur profession en conformité avec les lois, les règlements et les normes les régissant. De ce nombre, 83 % des inspections ont ciblé des membres œuvrant dans les domaines de pratique à risque comme ceux des ponts et des structures de transport, de la protection incendie et des charpentes et fondations.

«Pour nous, il est également important que la population puisse connaître les mécanismes leur permettant de faire un signalement au sujet des compétences et du comportement d’un ingénieur ou encore de déposer une plainte à la suite d’une décision de l’Ordre», ajoute Mme Larivière-Mantha. «Trop peu de citoyens savent qu’ils peuvent, à partir de notre site Internet, consulter le bottin de l’Ordre et vérifier s’ils font affaire avec l’un de nos membres ou pas.»

Surveillance obligatoire des travaux

Le dossier de la surveillance obligatoire des travaux de construction demeure une priorité pour l’OIQ.

Qui ne se souvient pas de l’effondrement d’une partie du viaduc de la Concorde à Laval en 2006 ? Ou du panneau de béton qui s’est écrasé sur une cliente assise à la terrasse d’un restaurant à Montréal en 2009 ? Dans les deux cas, il a été reconnu que les travaux exécutés ne respectaient pas les règles de l’art. Les politiciens étaient appelés à légiférer afin de rendre obligatoire la surveillance des travaux dans les chantiers de construction.

«La surveillance des travaux est l’un des maillons importants dans la chaîne de la qualité dans l’industrie de la construction», martèle Sophie Larivière-Mantha. «Ça permet d’avoir des ouvrages qui sont sécuritaires et qui permettent à ceux qui les font construire d’en avoir pour leur argent.»

«Selon nous, les travaux de construction des bâtiments industriels et de certains bâtiments commerciaux et résidentiels de trois étages et plus devraient faire l’objet d’une surveillance par des professionnels. Pour les plus petits bâtiments résidentiels, une meilleure protection serait nettement à l’avantage du public.»

Le gouvernement du Québec a demandé à la Régie du bâtiment de mener des consultations afin d’établir un modèle d’application de la surveillance des travaux sur les chantiers de construction. «Plusieurs rencontres se sont tenues au cours des derniers mois. Nous attendons d’en connaître les premiers résultats», signale la présidente de l’OIQ qui ne doute nullement de l’engagement du gouvernement Legault pour aller de l’avant.

Rappelons que le Québec est la seule province canadienne à ne pas imposer une forme ou une autre de contrôle de la qualité en construction.

QUELQUES CHIFFRES

70 000 membres de l’Ordre des ingénieurs du Québec.

2974 inspections professionnelles réalisées en 2021-22.