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Le gouvernement de la CAQ a le bras long et il est à se demander si le hockey senior ne sera pas dans la mire de celui-ci avant longtemps.

Peut-on imaginer le hockey senior sans bagarres? Pourrait-il seulement survivre sans cet élément spectacle qui prend encore de la place pour la peine?

«Personnellement, je suis entièrement d’accord qu’on veuille interdire les bagarres dans les rangs juniors, lance le grand patron des Bisons de Granby, Christian Roy. On parle ici de jeunes, souvent même de mineurs, et il faut d’abord penser à leur sécurité. Interdire les bagarres dans le senior? Les enjeux ne sont pas les mêmes, c’est plus délicat, mais qu’on le veuille ou non, le virage est déjà amorcé.»

Car oui, même dans la dure Ligue de hockey senior AAA du Québec, ça se bat beaucoup moins. Aucune donnée précise n’est disponible, mais la tendance est évidente.

«Ça fait longtemps que je fais du hockey senior à Donnacona et on est loin de l’époque assez récente où les amateurs étaient assurés d’avoir cinq ou six combats par match, explique Luc Thibault, du Métal Perreault. Ça ne fait pas l’affaire de tout le monde, on a probablement perdu un peu de monde à cause de ça, mais on ne retournera jamais en arrière, c’est certain.»

Thibault se dit capable de vivre avec le changement de culture. Mais il trouve qu’on va loin en voulant interdire purement et simplement les combats.

«Là, c’est le junior, mais est-ce que ce sera nous après? Tout est possible. En même temps, est-ce que le gouvernement va aussi s’attaquer à la boxe? Puis aux arts martiaux mixtes? On va s’arrêter où?»

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À Trois-Rivières, l’entraîneur du Climatisation Cloutier, André Lachance, est d’avis qu’on essaie d’éteindre un feu qui ne brûle pas.

«On dit qu’il y a 89% des matchs où il n’y a pas eu de bagarres cette saison dans la LHJMQ, souligne-t-il. Et si ça ne se bat plus aujourd’hui dans le junior, ça ne se battra plus éventuellement dans le senior parce que les jeunes n’auront pas été élevés dans cette culture-là. Les bagarres, c’est un phénomène qui s’éteint doucement, naturellement.»

Mais voilà, si les juniors d’aujourd’hui ne se battent plus, il restera toujours les «spécialistes», ces hockeyeurs seniors qui patinent sur la bottine mais qui aiment jeter les gants pour assurer une forme de spectacle.

«Ceux-là, ce sont les premiers qui vont disparaître, assure Christian Roy. Parce que, croyez-moi, ils sont extrêmement difficiles à trouver. Et j’insiste ici sur le mot extrêmement.»

Dénaturer le hockey senior ?

Qu’importe que le phénomène des bagarres soit appelé à disparaître naturellement ou non, il y a une proportion d’amateurs de hockey senior qui se rend encore à l’aréna pour voir des combats. Oui, ça existe encore.

«Il y a quelques années, un monsieur, à sa sortie de l’aréna de Donnacona, avait demandé le plus sérieusement du monde un remboursement parce qu’il n’avait pas eu assez de bagarres à son goût, se souvient Luc Thibault. Des gens comme ça, qui viennent juste pour ça, il en reste très peu.»

Mais il en reste. On les entend à l’aréna et ils font du bruit sur les réseaux sociaux. Et ce sont des clients, des gens qui paient leur billet à chaque match.

«Je ne vends pas de bagarres à Granby et ça ne fait pas partie du marketing de beaucoup d’équipes à travers la Ligue senior AAA, mentionne Christian Roy. Le senior a commencé à se réinventer et on va simplement poursuivre en ce sens. Reste que le senior, c’est de l’émotion et qu’on ne peut pas dénaturer la game non plus.»

Le hockey est un sport rapide et dangereux, rappelle Roy. Et penser qu’il n’y aura plus aucune bagarre ne fait pas de sens, dit-il.

«On ne pourra jamais empêcher un joueur qui vient de recevoir un six pouces dans les cotes de répliquer. C’est du hockey, ce sont des humains, c’est de l’émotion à l’état pur, c’est une guerre sur la patinoire. En tout respect, ce n’est pas du badminton ou de la balle-molle.»

Non, aucun gouverneur ne va proposer qu’on interdise les bagarres lors d’une réunion de la Ligue senior AAA. Car il y a un risque, il y a une certaine clientèle qui pourrait décider de tourner le dos au produit. Mais tous sont conscients qu’on s’en va ailleurs et que le train ne changera pas de direction.

«La vie change, les mentalités changent et même le hockey senior, qui a longtemps résisté, est en train de changer, philosophe André Lachance. Le processus est enclenché, mais est-ce qu’on est obligé d’accélérer à ce point? Moi, j’ai simplement hâte de voir où est-ce qu’on sera rendu dans 10 ans…»

Et même dans cinq.

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Ministre québécoise du Sport, du Loisir et du Plein air, Mme Charest participe vendredi et samedi à une réunion des 14 ministres responsables du sport à travers le Canada, dont la ministre fédérale Pascale St-Onge.

Cette rencontre se tient en marge des Jeux d’hiver du Canada, événement multisport qui s’ouvre samedi sur l’Île-du-Prince-Édouard.

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La ministre Charest mettra à l’ordre du jour le sujet des bagarres au hockey junior, qu’elle souhaite abolir depuis plusieurs années.

En 2020, la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) a haussé le temps de pénalité imposé à un joueur impliqué dans une bataille sur la glace de 5 à 15 minutes. Une punition automatique de 10 minutes d’inconduite est venue s’ajouter aux cinq minutes déjà passées au cachot.

Une expulsion plus une suspension

Mais M^me Charest a toujours dit qu’elle vise l’interdiction complète.

Sa cible : tout joueur qui se bat sur la patinoire doit aussitôt être expulsé du match, en plus d’être suspendu pour la prochaine partie.

«Au Canada, on est la seule place dans le monde où les bagarres sont encore réglementées. Dans la NCAA [circuit universitaire américain], en Europe, aux Jeux olympiques, si tu te bats, tu es expulsé! souligne M^me Charest.

«Comme ministre, j’ai la responsabilité de protéger nos athlètes, une responsabilité de sécurité. Il est important d’envoyer un message à nos jeunes de partout. Autant pour les équipes du Québec que celles des Maritimes, de l’Ontario et de l’Ouest. On ne peut pas accepter que des jeunes de 16, 17 ans mangent des coups de poing sur la gueule ou qu’on exige d’eux qu’ils en donnent», indique-t-elle.

Le hockey junior majeur canadien compte 60 équipes réparties dans trois circuits du Québec, de l’Ontario et de l’Ouest. Celui du Québec inclut les provinces atlantiques et celui de l’Ouest réunit quatre provinces et cinq formations des États-Unis.

"},"type":"paragraph"},{"caption":{"fr":"Pascale St-Onge"},"contentType":"image","credits":{"fr":"La Presse Canadienne, Justin Tang"},"position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F06fab277-01f4-46e8-b93b-caf2aa76e6fe.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true"},{"position":4,"text":{"fr":"

Bientôt un règlement du gouvernement

La ministre Charest estime qu’un signal clair doit être envoyé. Ce que la société n’accepte pas dans la rue ne doit pas l’être davantage sur une patinoire de hockey, résume-t-elle.

Elle veut légiférer par règlement au Québec. Cela s’appliquerait à toutes les équipes de la LHJMQ, organisation établie au Québec, même aux clubs des Maritimes.

L’ensemble des ligues de hockey québécoises où évoluent des joueurs mineurs seraient touchées, dont la LHJMQ, où quelque 30 % des joueurs sont âgés de 16 ou 17 ans.

M^meCharest souhaite que ce changement soit appliqué aussi tôt qu’en début de saison prochaine, c’est-à-dire avant le changement de commissaire à la tête de la LHJMQ. Le commissaire actuel, Gilles Courteau, a déjà annoncé son départ pour 2024.

M^meCharest croit que le contexte actuel favorise un tel changement à la grandeur du Canada, entre autres avec le changement de garde à la direction de Hockey Canada.

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