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Je ne pouvais mieux choisir que le retour d’Un gars, une fille pour renouer avec la plume, après ce long congé, qui fut salutaire et dont je sors revigoré.

Je profite d’ailleurs de l’occasion pour vous remercier pour vos nombreux messages, témoins de ce lien privilégié que nous avons, nous, journalistes et chroniqueurs, avec des lecteurs aussi fidèles.

Alors, du réchauffé, la renaissance d’Un gars, une fille? Pas le moins du monde. D’abord parce que ses protagonistes ont vieilli, que leur monde a changé tout comme le nôtre, et qu’on n’est pas du tout dans la répétition.

Pour dire vrai, j’avais envie de revoir Guy et Sylvie, que j’avais tant aimés il y a déjà plus de 25 ans. Je me souviens comme si c’était hier du tout premier visionnement de presse d’Un gars, une fille, dans le sous-sol d’une maison de Notre-Dame-de-Grâce à Montréal, en avril 1997, alors que je travaillais encore pour TV Hebdo.

Dans une télé de salon, les journalistes ont d’abord eu droit à une scène de film porno, avant que Guy A. s’excuse d’avoir mis la mauvaise VHS. Tout à fait dans l’humour du personnage qu’il allait incarner durant sept belles saisons à Radio-Canada.

Dès les premières images, on sentait que l’humoriste tenait un succès. Tout y était: l’humour, le ton des sketchs, les travers du couple si bien explorés, mais aussi la trame musicale signée Gaëtan Essiambre, qui donnait du rythme et accompagnait parfaitement le propos. Tout ça était nouveau, franchement drôle et hyper rafraîchissant.

Au départ, on nous avait servi cinq épisodes; cette fois-ci, on aura quatre demi-heures, disponibles sur l’Extra d’ICI Tou.tv, à raison d’un chaque jeudi dès le 9 mars. Seulement quatre pour l’instant, mais disons que ça regarde bien pour une suite.

Tout en modernisant l’ensemble, on a eu la bonne idée de conserver la forme, la même infographie, la musique, qui n’a pas pris une ride.

Lorsque nous les avions laissés le 31 mars 2003, Guy et Sylvie adoptaient leur fille au Viêtnam. Camille (Anyjeanne Savaria) a donc aujourd’hui 20 ans, étudie à Sherbrooke et est militante LGBTQ+. C’est beaucoup par elle que les parents se familiarisent avec le bouleversement des genres.

La manière maladroite – surtout de Guy – d’aborder la non-binarité ne m’a pas gêné; elle est fidèle à l’inconfort de cette génération à composer avec le phénomène, même si elle devra s’y faire tôt ou tard. Dans les transitions musicales, on a d’ailleurs changé «le monde est pervers» par «le monde est binaire».

Malgré tout, Guy et Sylvie ne paraissent pas décalés des enjeux d’aujourd’hui; ils ne sont pas devenus «mononque» et «matante».

«Je voulais que ce soit un couple moderne», insiste Sylvie Léonard, qui sourcille toujours un peu quand on lui dit qu’elle ne fait pas sa soixantaine. «Ça ressemble à quoi, quelqu’un de 60 ans?» demande-t-elle. De moins en moins à l’image qu’on s’en faisait jadis.

Pour le reste, Guy et Sylvie s’énervent encore autant, mais s’aiment aussi encore autant. La soixantaine leur va formidablement bien.

Même si la dysfonction érectile s’invite dans leur chambre à coucher, leur libido, elle, n’est pas atteinte. Comme à l’époque, on parle beaucoup de sexualité. Et avec consentement, le ti-galop ti-galop et les Road Runner sont toujours permis entre Guy et Sylvie.

Après avoir élevé leurs enfants en banlieue, voici qu’ils désirent revenir en ville 20 ans après l’avoir quittée. Surtout Guy, qui entreprend de convaincre sa blonde, un peu réticente.

Au fait, j’avais oublié que Sylvie était enceinte à la fin de la première série. Pas bien grave, Guy A. ne s’en souvenait pas non plus quand il a commencé à écrire la suite!

Charles (Jean-Christophe Leblanc), leur fils, vit toujours dans la maison familiale, enfermé dans sa chambre, pas du tout chaud à l’idée de déménager en ville.

Les fans de l’émission retrouveront le père de Guy (Pierre Lebeau), encore plus libidineux, et son ex, Mélanie (Mahée Paiement), qu’il a quittée pour une plus jeune. On revoit également Élise (Élise Guilbault), la sœur de Guy, et Geneviève (Geneviève Brouillette), avec qui il avait eu une aventure.

L’incontournable duo d’amis, Daniel et Loulou (Daniel Brière et Louise Richer), est encore dans le décor, toujours prêt à faire de nouvelles expériences.

Parmi les vedettes qui feront des apparitions, Caroline Néron incarne l’agente d’immeubles chargée de vendre la demeure du couple.

Il ne faudra pas attendre trop longtemps pour voir atterrir les quatre épisodes sur ICI Télé; on leur a trouvé une case de choix, celle de STAT à 19h, dans la semaine du 24 avril prochain.

J’ai beaucoup ri en voyant les deux premiers épisodes, qui ne m’ont pas déçu. Même que j’en prendrais encore. Guy A. Lepage et Sylvie Léonard ont repris leurs rôles comme s’ils les avaient quittés hier; on croit complètement à ce couple qui dure.

Et jamais, on a l’impression qu’ils soient moins mordants ou irrévérencieux qu’à l’époque, ou qu’une police de la morale soit repassée sur leurs textes.

Si le duo parle d’un cadeau aux fans pour les 25 ans de la série, il semble prêt à poursuivre pour de nouveaux épisodes. Radio-Canada attend la réaction du public avant de confirmer quoi que ce soit.

Le format québécois est toujours vendu à l’international et encore en production dans une dizaine de pays. Les Français, dont plusieurs croient encore dur comme fer avoir inventé le concept, proposeront bientôt deux spéciales dans lesquelles une vingtaine de couples ou duos connus reprendront les sketchs originaux.

Bref, un succès qui ne se dément pas, même 25 ans plus tard.

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