«On a annoncé à tout le monde, à regret, qu’on va fermer. Il reste environ 10 résidents. Même si elle perd de l’argent, la propriétaire a décidé de ne pas faire de fermeture sauvage et d’amener son projet jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne, à la fin des baux en juin», a indiqué à La Voix de l’Est le gestionnaire de l’endroit, Pierre Hovington.

La propriétaire de l’immeuble, Marie-Roseline Joseph, a décliné notre demande d’entrevue.

Bien qu’il se dise réaliste, le gestionnaire de 62 ans encaisse durement cette fermeture. « Ça brise le cœur, a-t-il confié. On s’attache aux résidents. On a aussi une vingtaine d’employés qui sont touchés.»

Explosion des coûts

Selon M. Hovington, la résidence «n’était pas viable». «La propriétaire faisait à peine ses frais. On parle d’une résidence qui a des prix plus que compétitifs pour une clientèle [plus démunie]. On parlait d’un prix mensuel, tout inclus, autour de 1200$. Les gens ne retrouveront pas ça ailleurs, c’est impossible.»

La pérennité de la résidence Les 3 sphères devait être assurée par un projet d’agrandissement, amorcé en 2020. Le CIUSSS de l’Estrie avait donné son aval pour l’ajout de 24 lits à la quarantaine de chambres existantes. Pour ce faire, une nouvelle annexe sur deux étages devait être construite. On devait entre autres y accueillir une clientèle ayant des problèmes cognitifs, comme de la démence et la maladie d’Alzheimer.

Pour que le projet puisse aller de l’avant, des demandes de dérogations mineures avaient été déposées à la Ville. On avait alors assisté à une levée de boucliers par plusieurs citoyens du secteur. Ceux-ci redoutaient notamment «une augmentation de la circulation dans le secteur, que l’agrandissement du stationnement crée un îlot de chaleur et endommage une haie de cèdres en place», rapportait La Voix de l’Est.

M. Hovington mentionne que l’explosion des coûts a finalement eu raison du projet, acculant la propriétaire au pied du mur. «On avait un projet de 3,5 M$. Ça a été très compliqué avec la Ville. On a quand même réussi à avoir les dérogations et les permis nécessaires. Mais, la facture a tellement gonflé. On parlait de 10 M$ et aucun entrepreneur n’était capable de garantir le prix. (...) On était avancés. J’avais même engagé 18 personnes pour le projet, a-t-il spécifié. Mais, tout est tombé à l’eau.»

Selon le représentant de la résidence, la propriétaire compte se départir de l’immeuble. «Est-ce que tout sera rasé pour faire des condos ou des logements? Je ne sais pas», a-t-il dit. Le gestionnaire se dit par ailleurs «très déçu» pour les gens d’ici. «La population de Granby a vraiment perdu quelque chose de gros et de bien pour les personnes âgées».