Rivière Yamaska: les bateaux de wake pointés du doigt

Les bateaux utilisés pour la pratique du wakeboard et du wakesurf sur la rivière Yamaska demeurent la plus grande problématique pour la rivière selon de nombreux riverains sondés l'été dernier par l'OBV Yamaska.

Les puissants bateaux utilisés pour la pratique du wakeboard et du wakesurf, deux sports de glisse qui gagnent en popularité, sont décriés par plusieurs riverains des rivières Yamaska et Noire. On craint pour la sécurité des usagers, pour la qualité de l’eau et pour la dégradation des berges de ces deux cours d’eau.


Lundi, l’Organisme de bassin versant de la Yamaska (OBV) a rendu public un rapport sur les impacts de la navigation sur la rivière Yamaska.

Du 4 juillet au 22 septembre 2022, deux représentants de l’OBV se sont rendus dans 158 résidences situées en bordure des rivières Yamaska et Noire. Ils ont questionné les propriétaires, entre autres, sur les causes de l’état de la rivière. De ce nombre, 58 demeuraient à la même adresse depuis plus de 25 ans. «Ce sont des gens qui ont vu évoluer leur rivière et pas forcément de façon positive», souligne Michel Laliberté, responsable des communications de l’OBV Yamaska.



Lundi, le Comité Yamaska a présenté aux médias le résultat de consultations publiques et d'un sondage effectué auprès de nombreux riverains dans le cadre des impacts de la navigation sur la rivière Yamaska.

Érosion des berges

À la question, «Quelles sont les problématiques de la rivière Yamaska?», 38 % ont répondu l’érosion, 17 % la vitesse des embarcations à moteur et 12 %, la cohabitation des usagers. Des 21 % des répondants qui ont coché «Autre» à cette question, 74 % d’entre eux considèrent que les bateaux de wake demeurent la problématique la plus importante de la rivière Yamaska.

Selon le sondage, 63 % des riverains interrogés considèrent que la vitesse des embarcations à moteur sur la Yamaska est raisonnable comparativement à 28 % qui l’ont qualifiée de trop rapide ou d’excessive (9%). La vitesse moyenne des bateaux de wake observés par l’OBV était de 24,45 km/h.

Par contre, les bateaux de wake sont les embarcations qui ont créé les vagues les plus hautes lors de mesures effectuées à l’aide d’un mètre fixé au niveau de l’eau. «La hauteur moyenne des vagues causées lors des 23 passages de bateaux de wake observés a été de 18,83 cm», précise le rapport. Seuls trois bateaux ont provoqué des vagues d’une hauteur comprise entre 30 et 40 cm.

Comme synthèse de ce document, la pratique du wakeboard et du wakesurf sur cette rivière pose clairement problème. « Les riverains de la rivière Yamaska dans les municipalités de Saint-Césaire, Saint-Damase, Saint-Hyacinthe et Saint-Pie s’inquiètent des impacts causés par les bateaux de wake », peut-on lire en conclusion.



«On ne peut pas démontrer que les bateaux de wake sont les responsables de la détérioration des berges. Ce sont souvent les mêmes riverains qui sont propriétaires de ce type de bateau», indique Michel Laliberté.

Michel Laliberté, responsable des communications de l'OBV Yamaska.

Consultations publiques

Au printemps dernier, en marge de ce coup de sonde, quatre consultations publiques avaient été organisées dans les municipalités partenaires du Comité Yamaska. Lors de cet exercice, les principaux problèmes soulevés étaient l’érosion des berges, les enjeux de sécurité et la présence de bateaux de wake.

Les citoyens qui ont participé à ces consultations ont proposé comme pistes de solution, la sensibilisation, la limite de vitesse des embarcations et l’interdiction des bateaux de wake.

Comité Yamaska

Pour dresser un portrait de la rivière Yamaska et de la rivière Noire, le Comité Yamaska a été mis sur pied en collaboration avec les municipalités de Saint-Césaire, Saint-Damase, Saint-Hyacinthe et Saint-Pie. Les députés du Bloc québécois, Simon-Pierre Savard-Tremblay (Saint-Hyacinthe-Bagot) et Andréanne Larouche (Shefford) siègent à ce comité environnemental.

L’érosion des berges, la qualité de l’eau et la sécurité nautique de la rivière Yamaska sont sources d’inquiétudes. Le Comité Yamaska se charge de trouver des solutions.

«Les conclusions des deux démarches nous indiquent notamment que les préoccupations concernant l’érosion des berges sont partagées par plus de 60 % des répondantes et répondants. La sécurité nautique et la qualité de l’eau ont également été largement mentionnées, a réagi Simon-Pierre Savard-Tremblay. S’il faut être conscient que l’érosion des berges est en partie due à des causes naturelles, dont la dérive des glaces, plusieurs ont toutefois souligné l’impact des vagues causées par les bateaux de wake.»

«Le but de ces démarches est de protéger la rivière Yamaska qui est une source importante en eau potable. Protéger l’eau est un problème mondial», a souligné Andréanne Larouche.



Les députés du Bloc québécois, Simon-Pierre Savard Tremblay (Saint-Hyacinthe-Bagot) et Andréanne Larouche (Shefford).

Et maintenant?

À la suite des consultations publiques et du sondage effectué auprès de riverains, un plan de sensibilisation sera déployé.

«Nous sommes obligés de passer par une étape de sensibilisation. Si celle-ci ne fonctionne pas ou ne donne pas les résultats attendus, nous verrons pour une option réglementaire», a indiqué le député de Saint-Hyacinthe-Bagot.

Des affiches pour sensibiliser les usagers à la vitesse et aux vagues seront installées aux descentes de bateaux. Des dépliants seront envoyés par voie postale par les deux députés, une opération de communication sur la rivière sera organisée et finalement les patrouilles de la Sûreté du Québec devraient s’intensifier cet été.