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Le Service de police d’Ottawa (SPO) et la Police provinciale de l’Ontario (PPO) font de l’oeil aux jeunes Québécois qui désirent faire carrière dans les forces de l’ordre. Certains corps ontariens proposent aux diplômés en techniques policières de se diriger vers le Collège de police de l’Ontario, près de London, plutôt qu’à l’École nationale de police du Québec à Nicolet.

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La PPO dit le faire «régulièrement», alors qu’au Québec, les services de police doivent s’en tenir à ce que Nicolet peut leur fournir, selon ce que prévoit la Loi sur la police. Les équivalences académiques ne sont pas reconnues de la même façon dans les deux provinces.

Depuis plusieurs années, le collège anglophone John Abbott, dans l’ouest de Montréal, reçoit des représentants ontariens lors de foires d’emplois. Il est le seul collège anglophone du Québec à offrir le programme de techniques policières. Dix cégeps et deux collèges privés offrent le programme en français, au Québec.

«Le personnel du recrutement de la PPO se déplace régulièrement hors de la province», explique son directeur des relations médias, Bill Dickson, dont le personnel s’est rendu au collège John Abbott et à la Foire nationale de l’emploi à Montréal, l’an dernier.

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«Puisque la plus forte population francophone se trouve au Québec, la participation à ces événements constitue un des moyens permettant à la Police provinciale de cibler les personnes bilingues pour pouvoir remplir les postes aux détachements désignés bilingues», dit-il.

En Ontario, la demande d’agents bilingues est particulièrement forte dans le nord et l’est. Dans l’Est ontarien, la PPO est «voisine» du Service de police d’Ottawa, qui recherche aussi à recruter des agents bilingues.

«Notre but est de représenter le pays, la culture, avec sa diversité, explique le chef du SPO, Eric Stubbs. Nous devons inclure dans nos rangs des Noirs, des femmes, des Asiatiques, des autochtones, des francophones. Il y a un effort de représenter la population francophone. On en cherche en différents endroits. Nous nous rendons aussi, depuis quelques années, au Collège John Abbott, et dans notre cour, à La Cité, à Ottawa, qui offre aussi un programme de techniques policières.»

Pénurie mondiale

La pénurie de policiers touche l’ensemble des forces de l’ordre au pays, et ailleurs dans le monde. «Il n’y a même pas cinq ans, des diplômés de Nicolet étaient incapables de se trouver un emploi», rappelle un expert, Rémi Boivin. Cette pénurie est mondiale.»

Ces campagnes de charme ne surprennent pas ce professeur agrégé de l’École de criminologie de l’Université de Montréal, et ex-analyste au Service de police de la Ville de Montréal.

«Que la police d’Ottawa aille à John Abbott n’est pas nouveau ni illégal. Les corps policiers ontariens sont particulièrement actifs et présents à John Abbott, le seul qui offre la formation en anglais. Cela se fait depuis au moins 2014. Lorsque le marché était très contingenté, les employeurs de partout étaient bienvenus. Alors, cette visite est restée pratique courante. Après avoir étudié au Québec, rien n’oblige un finissant de travailler dans la même province.»

Deux provinces, même opération

À Ottawa, la police municipale veut attirer une centaine de nouveaux policiers en 2023. En plus de devoir combler 40 nouveaux postes, le SPO devra remplacer plus de 60 agents partis à la retraite au cours de l’année. «Tous les corps de police du pays cherchent des employés, lance le chef Stubbs. Les jeunes veulent un équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Le nouvel élément à faire valoir, c’est le fait qu’on s’occupe de la santé mentale de nos troupes.»

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En 2022, par contre, tous les nouveaux agents du SPO venaient d’Ottawa. Pas une seule recrue québécoise n’a été recrutée par la capitale.

La compétition est féroce. De l’autre côté de la rivière des Outaouais, le Service de police de la MRC des Collines s’efforce aussi d’attirer des agents. Son nouveau directeur, Martial Mallette, arrive de la métropole, où il travaillait comme cadre au Service de police de la Ville de Montréal. Il veut attirer les jeunes pour la même raison qu’il a choisi de travailler en Outaouais.

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«Je ne connaissais pas beaucoup la région, mais lorsque je suis passé par ici, je me suis dit que la qualité de vie devait être excellente», dit-il, regardant les forêts entourant son poste, à quelques kilomètres de Gatineau.

À l’heure actuelle, la police de la MRC des Collines a plus de postes à combler qu’elle ne reçoit de curriculum vitae. «C’est un point à l’ordre d’un jour dans les réunions de directeurs, à travers la province.»

«Notre force, ici, est que nous avons un centre d’appels 9-1-1, vante le directeur Mallette. Un étudiant en techniques policières peut travailler ici à plus de 30$ de l’heure et acquérir de l’expérience. On peut lui fournir une promesse d’embauche à la fin de son programme en techniques policières. Cela lui permet d’entrer à Nicolet, et de revenir en tant qu’agent de police.»

Pendant ce temps, la PPO continue ses opérations de charme au-delà de ses frontières. Elle s’est rendue à Moncton au Nouveau-Brunswick, l’an dernier, ainsi qu’au Manitoba.

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Le nombre d’étudiants inscrits dans les douze collèges offrant cette formation augmentera de 43%, passant de 700 à 1000, ont confirmé nos sources.

Les corps policiers du Québec devront attendre jusqu’en 2027 avant de sentir les effets de cette hausse des inscriptions, puisque le programme collégial est d’une durée de trois ans. Avant d’être assermentées, les recrues doivent passer 15 autres semaines à l’École nationale de police du Québec à Nicolet.

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L’époque où les finissants en techniques policières faisaient la file pour obtenir ne serait-ce qu’une entrevue d’embauche dans un marché fortement contingenté est bel et bien révolue.

«Le rapport de force est complètement inversé», dit Martial Mallette, directeur du Service de la sécurité publique de la MRC des Collines-de-l’Outaouais, dont l’organisation dessert de petites municipalités en périphérie de Gatineau.

Ancien cadre du Service de police de la Ville de Montréal, M. Mallette confirme que la pénurie de policiers touche tous les corps du pays, du plus petit au plus grand.

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Quand j’étais jeune, j’ai envoyé 150 CV. Aujourd’hui, on doit quasiment ériger un pont d’or pour attirer les recrues!

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Le programme de techniques policières est contingenté au Québec. Les collèges ne peuvent former plus d’étudiants que ce que l’École nationale de police peut accueillir. Par exemple, le Cégep de l’Outaouais a reçu 174 demandes pour 70 places disponibles, en 2022. La tendance est semblable dans les autres collèges de la province.

1000 apprentis

Le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, s’attend à recevoir d’ici peu une confirmation du ministère de l’Enseignement supérieur.

«Nous sommes sur le point d’avoir une annonce sur la hausse du nombre de places. On parle de plus grandes cohortes en septembre prochain. Les infrastructures sont là», dit M. Tremblay, rappelant du même souffle que la date limite des demandes d’inscription dans les cégeps se termine ce mercredi 1er mars.

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L’objectif sera de former 1000 étudiants au lieu de 700 actuellement.

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«C’est une augmentation notable. On parle effectivement de 300 étudiants de plus l’an prochain», dit-il.

Le ministère de l’Enseignement supérieur confirme travailler avec le ministère de la Sécurité publique dans ce dossier.

Québec «travaille effectivement à déterminer les contingents en techniques policières dans les collèges pour l’année 2023-2024, et ce, afin de répondre aux besoins de main-d’œuvre des différents corps policiers au cours des prochaines années», explique le responsable des relations de presse du ministère de l’Enseignement supérieur, Bryan St-Louis.

Le gouvernement consulte actuellement les cégeps pour connaître leur capacité d’accueil d’étudiants supplémentaires pour l’année scolaire 2023-2024. «La répartition des contingents est donc toujours en élaboration», mentionne M. St-Louis.

Nicolet est prêt

À Nicolet, l’École nationale de police se prépare déjà à former davantage d’apprentis, bien qu’elle n’ait pas encore reçu la confirmation du financement de Québec. «Nos actions actuelles nous permettent avant tout de planifier cette augmentation pour une implantation rapide, au besoin», nuance sa responsable des communications, Véronique Brunet.

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Les établissements collégiaux ne connaissent pas encore le nombre exact de nouveaux étudiants attendus dans chacun des établissements collégiaux offrant le programme de techniques policières. Le calcul sera fait en fonction de leur capacité d’accueil et du personnel disponible, entre autres.

«Les cégeps ont souvent un lien naturel avec les services de police de leur région, dit Simon Desjardins, coordonnateur aux communications du Cégep de l’Outaouais. Ici, on parle de la Sûreté du Québec, du Service de police de la ville de Gatineau ou de la MRC des Collines. L’augmentation d’admissions se fait dans les secteurs où il y a de grandes pénuries, comme en santé.»

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