Maison Boire: l’autosuffisance à portée de main

L’autosuffisance est plus que jamais à portée de main pour le fondateur et copropriétaire du restaurant Maison Boire à Granby, Brian Proulx. Un partenariat avec une famille de Dunham lui permettra d’aménager sur place des jardins, un atelier de poterie et une meunerie. Il y plantera également des vignes et y produira du sirop d’érable. La fabrication de textiles avec la laine des moutons et des alpagas qui logeront dans la basse-cour est également dans sa mire.


L’entente conclue par Brian Proulx et sa conjointe, Rizlane Abdessamad, avec les propriétaires d’une terre de 150 acres à Dunham s’inscrit parmi les exemples inspirants de maillage agricole.

Maison Boire: du rêve à la réalité (LA VOIX DE L'EST, JESSY BROWN)

«C’est une chance inouïe. Dans un monde comme le nôtre, c’est un gros message d’espoir, affirme Mme Abdessamad. Les terres ne sont pas accessibles en ce moment sur le marché. Ils [les propriétaires, qui préfèrent ne pas être identifiés] nous permettent vraiment de vivre ce rêve-là et d’amener le restaurant à être une entité autosuffisante.»



L’autosuffisance est plus que jamais à portée de main pour le fondateur et copropriétaire du restaurant Maison Boire à Granby, Brian Proulx.

«Oui, l’autosuffisance en légumes, en viande, en fines herbes et plantes médicinales, mais aussi en sirop d’érable et en textile, détaille le proprio du resto nommé le plus vert au Canada en 2020. Il va aussi avoir la poterie [pour la vaisselle], la forge, le vignoble.»

Au travail

Brian Proulx et Rizlane Abdessamad, qui habitent sur place depuis janvier, se donnent quelques années pour concrétiser cette vision. Et tout semble vouloir aller à la vitesse grand V. Les premiers résidants de la basse-cour (poussins, lapins) ont fait leur entrée à la ferme. Des semis de 19 variétés de tomates ont été démarrés. Les érables ont été entaillés la semaine dernière. Une petite écurie est en construction pour abriter le cheval qui travaillera la terre. Car tout se fera «comme dans le temps», lance Brian Proulx. Les produits chimiques seront également bannis des cultures.

Les premiers résidants de la basse-cour (poussins, lapins) ont fait leur entrée à la ferme, pour le plus grand bonheur de Rizlane Abdessamad.

La construction d’une meunerie, qui permettra de produire de la farine, avec les récoltes de blé, d’épeautre, et d’orge mis en terre sur place, est prévue l’an prochain. Le vignoble viendra un peu plus tard.

Également au coeur du projet: l’aménagement dès cette année d’un potager et d’une «forêt nourricière» de 10 acres, orientée plein sud.



Et le plus beau de tout ça, affirme Brian Proulx, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’investir une fortune pour arriver à ses fins. «Il y a toujours moyen de faire comme ça se faisait dans le temps, dit l’entrepreneur. Si on opte pour une façon plus artisanale, à la main, il y a moyen de faire ça de façon plus abordable qu’on pense. Par exemple, le bois qu’on prend pour construire l’écurie vient de la forêt ici. On a la chance d’avoir accès à un terrain qui est plein de ressources.»

«L’autosuffisance en 2023, c’est plus facile qu’en 1800.»

—  Brian Proulx

La Maison Boire, qui peut accueillir 60 clients à la fois, est ouverte trois soirs par semaine. L’autosuffisance visée correspond ainsi grosso modo à nourrir une famille de neuf à dix personnes sur une base hebdomadaire, calcule M. Proulx. Ce qui n’est pas la mer à boire, selon lui.

Laboratoires

Les installations du restaurant gastronomique de Granby (avec des jardins dans la cour et sur le toit, ainsi qu’une fabrique de poterie dans le garage), de même qu’une terre appartenant aux parents de Brian Proulx à Sainte-Cécile-de-Milton, ont permis de réaliser plusieurs expériences au cours des dernières années. L’été, la Maison Boire produit environ 80% de ses fruits et légumes.

«Ça fait cinq ans qu’on étudie, qu’on teste et qu’on s’informe. On l’a toujours dit: Maison Boire, c’est une grosse école», lance le restaurateur.

Située sur la rue Court, la Maison Boire a été nommée restaurant le plus vert au Canada en 2020.

La terre familiale a toutefois été vendue et le potentiel de jardinage urbain a été exploité au maximum sur la rue Court. D’où ce désir de Brian Proulx et de Rizlane Abdessamad d’avoir accès à une terre. C’est finalement un contrat réalisé l’automne dernier par la Maison Boire pour les propriétaires du domaine de Dunham qui est à l’origine de la rencontre qui, contre toute attente, a mené à ce maillage.

Un partenariat avec une famille de Dunham permettra la Maison Boire d'aller au bout de son projet qui vise à rendre le restaurant autosuffisant.

Le fruit des récoltes de la Maison Boire devrait également être disponible, sur la rue Court, du mercredi au samedi, à compter du mois de juillet, souligne M. Proulx. La terrasse en façade sera transformée en marché. «On va vendre des produits frais, des produits transformés, de la poterie. On va aussi avoir des oeufs de notre basse-cour», laisse savoir Rizlane Abdessamad.

Le couple ne craint pas de manquer de bras pour l’aider avec les travaux de la ferme. Il dit être bien entouré, entre autres avec le personnel du resto. Bref, la table est mise à la Maison Boire pour concrétiser la vision d’autosuffisance qui guide Brian Proulx depuis un peu plus de cinq ans, soit depuis l’ouverture de l’établissement.