Ma conjointe, par contre, l’a entendu ce bruit. Et je savais que quelque chose de grave venait de se produire lorsque je me suis levé et qu’elle écoutait les nouvelles dans le salon.
«T’as entendu ça, Denis?
—Entendu quoi ?
—Le gros boom de ce matin. Il m’a réveillée. Une explosion est survenue à Orléans, quatre maisons en construction ont été démolies et d’autres maisons du quartier ont été endommagées. Ils disent aux nouvelles que ce serait une fuite de gaz qui en serait la cause.»
On apprenait un peu plus tard que deux personnes ont été blessées gravement et hospitalisées, et qu’une douzaine d’autres ont subi des blessures mineures.
Ce «boom» m’est devenu bien réel en entendant les mots «à Orléans». C’est si près de nous, Orléans. C’est chez nous. Ce «boom» vient vite nous chercher.
Comme plusieurs d’entre vous, je connais beaucoup de gens qui habitent Orléans. Des amis, des membres de ma famille, des collègues. Ont-ils été touchés directement par ce «boom»?
Où s’est-il produit? Sur le chemin Tenth Line, dit-on. Alors vite sur Google voir où se trouve exactement ce chemin. Puis on fait ensuite le décompte dans notre tête et dans notre coeur.
Denis et Lise n’habitent près de Tenth Line, et ma nièce et sa famille habitent près de chez Denis, donc ils sont corrects. Mes amis André et Denise n’habitent pas ce coin d’Orléans non plus, good.
Mais Valérie, Brigitte, Jean-François, Diane, Raymond…? Ils habitent où à Orléans au juste?
Vite les textos, les courriels et les appels. On craint le pire, on veut être rassuré.
Le travail de mon fils l’amène parfois à visiter des chantiers de construction et des maisons en rénovation. Se trouvait-il par hasard à cet endroit ce matin? À 6h15? Ça ne se peut presque pas. Mais vérifions. Juste au cas.
Puis une fois rassuré que nos proches sont en sécurité, on s’inquiète pour les victimes. En fait, l’inquiétude se transforme en tristesse.
Deux personnes ont été blessées grièvement. Le temps s’est arrêté lundi matin pour les familles de ces deux victimes. Le temps s’arrête toujours quand nos vies sont soudainement bouleversées.
S’agissait-il de deux travailleurs de la construction? D’un jeune couple qui visitait chaque matin les progrès de leur première maison en construction? De deux passants qui se trouvaient simplement au mauvais endroit au mauvais moment? De deux employés du fournisseur de gaz naturel? De deux secouristes?
On ne le sait pas. On le découvrira sûrement plus tard, quand les journalistes sur le terrain auront complété leur travail.
Et on s’inquiète. On a le coeur lourd. On est triste. Le «boom» nous a touchés après tout. On l’entend maintenant.
On se console un peu en se disant que l’explosion est survenue à Orléans, et on sait que les gens de ce quartier d’Ottawa sont solidaires et que l’entraide fait partie de leur ADN. Les victimes et leurs proches seront entre bonnes mains.
Oui, la Croix-Rouge était déjà sur place ce matin pour aider. Ils sont toujours là, les gens de la Croix-Rouge. Inondations, tornades, derecho, explosions… peu importe le malheur, ils sont là. De «boom» en «boom». De tragédie en tragédie. Ces gens sont incroyables. Incroyablement bons.
Mais il y aussi les Orléanais qui ne laisseront jamais tomber l’un des leurs. Et ça, c’est rassurant.
Comme plusieurs, je n’ai pas entendu le «boom» de ce matin. Mais curieusement, il résonnera longtemps dans nos coeurs.
Bon courage, amis Orléanais. Le drapeau franco-ontarien flotte pour vous aujourd’hui.