S’inquiétant de ne pas recevoir de ses nouvelles depuis quelques jours en communiquant avec lui par le biais de la messagerie électronique comme ils en avaient l’habitude, les parents ont fini par appeler à la résidence située à Shawinigan où on leur a signifié que leur fils de 42 ans était disparu depuis neuf jours et qu’un signalement avait été fait à la Sûreté du Québec.
Or, ni la responsable de la résidence ni les policiers n’avaient cru bon informer la famille. Ce n’est qu’après s’être plaint à la Sûreté du Québec qu’un avis de recherche a finalement été émis, le 16 novembre, qui a permis rapidement de le localiser grâce à la collaboration de la famille. Sa mère a en effet fourni des contacts supplémentaires qui ont permis de le retrouver.
Une situation que dénoncent vivement Madeleine Jean Mercier et Denis Mercier, qui déplorent avoir été tenus à l’écart en raison d’une mauvaise interprétation du protocole qui interdirait de communiquer une disparition aux parents. Une décision qu’ils s’expliquent mal, alors que toute la famille élargie est mise à contribution pour bien encadrer leur fils.
«Ça fait 22 ans qu’il a une problématique en santé mentale. Ça fait 22 ans qu’avec la famille, il y a un filet de sécurité qu’on appelle et que, du jour au lendemain, il y a une intervenante que je ne connais même pas qui décide de ne pas avertir... C’est ordinaire», déplore son père.
«C’est incroyable comment les bottines ne suivent pas les babines. Ils ont beau faire des plans quinquennaux en santé en général et en santé mentale. Ils nous promettent que les familles seront plus incluses dans le rétablissement des patients, mais ce n’est pas ce qui s’est passé, ajoute sa mère. Ils n’ont pas tenu compte du filet que l’on met autour de notre fils malade pour le protéger.»
Celle-ci ajoute que le délai de neuf jours aurait pu avoir des effets sur la santé mentale déjà précaire de leur fils. «En omettant de nous transmettre cette information-là, ça le met dans une situation où il se désorganise parce qu’il ne prend plus sa médication et tous les dommages collatéraux que ça occasionne», soulève Madeleine Jean Mercier.
Elle ajoute que depuis qu’il est revenu à sa résidence, jeudi dernier, il n’y a pas eu d’évaluation de son cas pour savoir comment il se porte. «C’est sûr qu’il est très en colère. Il est en train de décompenser. La médication va tranquillement faire son œuvre», espère-t-elle.
«Dans son cheminement, notre fils était retourné au travail, mais il avait une ordonnance de revenir à la résidence chaque jour pour le coucher, continue-t-elle. Tranquillement, il reprenait sa vie en main pour l’amener, quand l’ordonnance sera terminée et que la réévaluation sera faite, à le retourner dans la communauté comme il se doit.»
S’ils en veulent au protocole du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ), les parents s’expliquent mal pourquoi ils n’ont pas été contactés par les enquêteurs de la Sûreté du Québec ni pourquoi il a fallu autant de temps avant que l’avis de recherche soit envoyé aux médias.
«Je n’ai jamais eu d’appel de la Sûreté du Québec pour me dire qu’on a retrouvé notre fils ni avant pour nous dire qu’il a disparu. Je ne sais pas comment ç’a été amené à la Sûreté du Québec et c’est sur ça que je veux avoir des réponses», ajoute Mme Jean.
Les parents espèrent que la médiatisation de leur histoire pourra faire bouger les choses pour ne pas que d’autres aient à revivre la frustration et l’inquiétude qu’ils ont vécues la semaine dernière en apprenant la nouvelle.
«Ça vient nous chercher en tant que parents, mentionne Denis Mercier. Tu te demandes, est-ce qu’il a eu un accident? Est-ce qu’il est décédé? Il est rendu où? Il fait quoi?»
Depuis la médiatisation de leur histoire, les parents ont d’ailleurs eu un premier contact avec un responsable des services de santé mentale du CIUSSS MCQ où ils ont pu faire part de leurs insatisfactions.
Le CIUSSS MCQ nous a d’ailleurs précisé par écrit que l’implication des proches et des membres de l’entourage est souhaitée afin de favoriser le rétablissement de la personne qui reçoit des services. «À la lumière de notre analyse, nos prochaines actions viseront à s’assurer que les rôles et responsabilités de même que les informations à transmettre aux proches sont claires autant pour notre personnel que les ressources d’hébergement et nos partenaires», mentionne l'agente d'information, Maude Bourgeois.
«On m’a dit qu’ils étaient pour faire des réunions d’équipe pour voir ce que c’était ce protocole-là, ajoute Madeleine Jean Mercier. Ce n’est pas tout faux, mais concernant notre fils, il y a peut-être eu une erreur dans le sens où la confidentialité du dossier médical a été mêlée à la confidentialité du dossier, point. Comme parent, on se doit de savoir et on devrait être les premiers rejoints pour aider le plus vite possible.»