Réseaux sociaux: quand l'école serre la vis... aux parents

Depuis quelques années, le centre de services scolaires les Navigateurs doit composer avec plusieurs cas de diffamations envers des membres de son personnel, sur Facebook, Instagram ou tout autre réseau social.

Après plusieurs avertissements et mises en demeure visant des parents d’élèves, le Centre de services scolaires les Navigateurs (CSSDN) doit les sensibiliser aux conséquences d'une mauvaise utilisation des réseaux sociaux.


Une lettre a été transmise à tous les parents d’élèves ainsi que tous les élèves majeurs qui fréquentent les écoles du CSSDN, lundi, afin d’encourager une utilisation adéquate des réseaux sociaux.

Depuis quelques années, le centre de services scolaires doit composer avec plusieurs cas de diffamations envers des membres de son personnel, sur Facebook, Instagram ou tout autre réseau social. Il s’agit d’une nouvelle réalité : les parents essaient de régler les insatisfactions et les différends en ligne. 

«Certaines publications vont décrier des situations, mais en omettant des faits ou même en inventant des éléments. Nous avons dû intervenir auprès de gens qui, dans leurs publications sur les réseaux sociaux, n’hésitent pas à nommer les noms de nos employés», signale Louise Boisvert, directrice des communications au CSSDN. 

Ces situations «attisent la haine», insiste Mme Boisvert. Les publications ainsi que les commentaires «souvent très durs» créent un énorme préjudice pour les personnes visées, qui entraine un stress important et une perte de confiance en soi. 

Dans les derniers mois, le centre de services scolaires a donc envoyé quelques lettres formelles et des mises en demeure directement aux personnes fautives, afin de faire cesser les mauvais comportements sur Internet. Chaque fois, la méthode a bien fonctionné : les personnes responsables ont retiré leurs publications. 

«Nous n’avons pas eu à déposer de procédure judiciaire devant la cour pour de telles actions. Il reste que les employés visés par des allégations ont trouvé cela difficile, le mal étant fait», note Mme Boisvert. 

Après que ce phénomène ait pris «une grande ampleur», le CSSDN a décidé d’agir avec cette lettre aux parents. Il s’agit de la même démarche empruntée lors du phénomène des «pages Spotted», qui incitaient les élèves à partager des secrets de façon anonyme, ce qui encourageait la cyberintimidation. 

«Il faut se rappeler qu’ensuite, l’école doit continuer à travailler en partenariat avec le parent qui utilise inadéquatement les médias sociaux pour insulter le personnel. Cela rend la tâche plus ardue pour tous; le lien de confiance étant écorché», signale la directrice des communications du CSSDN. 

Mme Boisvert avoue que les médias sociaux sont très efficaces pour les communications de l’école. Toutefois, ils viennent aussi avec un lot de défis. «Il y a un indéniable besoin d’éducation et de conscientisation aux comportements adéquats et aux pratiques acceptables dans les réseaux sociaux. Et c’est ce que cette lettre vise. L’éducation et c’est ce qu’on fait le mieux», lâche Mme Boisvert.

Résoudre des conflits avec courtoisie

La lettre est signée par MSandra Cauchon, secrétaire générale du centre de services scolaires. L’idée n’est pas de censurer les critiques des parents. L’objectif est de les diriger vers le bon endroit pour critiquer ou formuler des plaintes, un processus existe et il s’avère «beaucoup plus efficace et sécuritaire» que le tribunal de Facebook. 

«Il importe de savoir que lorsque survient une divergence de point de vue ou un différend entre un parent ou un élève majeur et un membre du personnel, le CSSDN met à la disposition des personnes en cause un processus afin de traiter l’insatisfaction générée par la situation en question», insiste Me Cauchon. Le site Web du centre de services scolaires détaille en effet le processus à suivre pour le dépôt d’une plainte. 

Il existe même une «Protectrice de l’élève» qui peut aider les familles dans leurs démarches. Cette personne travaille de façon autonome et ne relève pas des établissements scolaires.

«Les médias sociaux sont des espaces publics. Dès que du contenu est publié, l’auteur en perd le contrôle. Les publications diffusées par les parents ou les élèves majeurs rendront ainsi publics des renseignements qui auraient dû demeurer confidentiels, que ce soit au sujet de leur enfant ou de leur propre personne», met en garde la secrétaire générale du CSSND, dans la lettre envoyée à tous les parents. 

Les médias sociaux ne sont donc pas des espaces appropriés pour régler des conflits, c'est le message à passer. Le risque de dommages est réel pour les auteurs, tout comme ceux qui formulent des commentaires sous les publications, insiste Me Cauchon. 

«Avant de commenter une publication, rappelez-vous que vous ne possédez pas la version des faits de l’école ou de son personnel. Cette version est souvent bien différente de celle colportée dans les médias sociaux. Nous vous invitons à régler vos insatisfactions de manière courtoise, polie et appropriée et en utilisant la procédure à cet effet», termine la secrétaire générale du CSSDN.