De grands maîtres internationaux d’échecs en tournoi à Waterloo [VIDÉO]

Des échecs de haut calibre se jouent au Manoir Maplewood de Waterloo depuis lundi.

Depuis quelques jours, l’écrin feutré du Manoir Maplewood accueille des invités exceptionnels. À l’abri des regards et coupés du train-train quotidien des Waterlois, de grands maîtres internationaux d’échecs s’affrontent dans un tournoi prestigieux.


Il a fallu plusieurs mois aux organisateurs, Charles Lespérance et Salim Belcadi, pour concrétiser cette idée un peu folle. Le premier possède le Manoir Maplewood avec sa famille et voyait dans ce chic lieu de villégiature le cadre parfait pour y tenir un événement de cette envergure. De multiples démarches plus tard, le duo peut dire mission accomplie.

Invités selon plusieurs critères précis, dix joueurs du Canada (dont le Québécois Shawn Rodrigue-Lemieux, le nouveau champion du monde d’échecs chez les moins de 18 ans), de la Croatie, de Cuba, de l’Inde, des États-Unis et de la Lettonie sont arrivés lundi. Ceux-ci possèdent soit le titre de grand maître — le plus haut dans la hiérarchie des échecs — ou de maître international, et auront disputé neuf parties d’ici leur départ du Manoir, ce dimanche. Leur but : gagner des points, remporter une bourse et améliorer leur place au classement mondial.



«Des tournois de ce calibre, il y en a très peu. La moyenne des joueurs est de 2460. On pense que c’est du jamais vu en 20 ans au Canada. Le monde des échecs est en pleine ébullition en ce moment. De très forts joueurs sont venus récemment dans divers clubs, mais le calibre professionnel ici est vraiment très élevé», explique M. Lespérance.

(La Voix de l'Est, Jimmy Plante)

«On a choisi des joueurs avec des styles très intéressants et on a eu des parties passionnantes. Le tournoi est plein de rebondissements jusqu’à présent et il y a encore du suspense pour la fin.»

Pour les non initiés, disons que pour y participer, les joueurs devaient avoir une cote de plus de 2400. À titre comparatif, le meilleur sur place, le Croate Marin Bosiocic, affiche la cote de 2536, alors que celle du meilleur joueur au monde, Magnus Carlsen, est de 2859.

Pour le photographe, les organisateurs du tournoi, Salim Belcadi et Charles Lespérance, ont improvisé une partie sous l’œil de l’arbitre international Aris Marghetis.

Et tout a été mis en œuvre pour rendre leur séjour plaisant. «On voulait fournir les meilleures conditions aux joueurs pour qu’ils se sentent chez eux le plus possible, que ce soit au niveau des chambres, de la nourriture et des demandes de chacun», ajoute l’homme d’affaires, en précisant que les convives ont notamment eu droit à une immersion dans la culture culinaire québécoise.



Charles Lespérance et Salim Belcadi ont par ailleurs été agréablement surpris du niveau de collégialité présent entre les joueurs, pourtant de grands compétiteurs. «Ici même, on a joué des parties rapides jusqu’à très tard hier soir!» mentionne M. Lespérance, lui-même grand amateur d’échecs.

Le grand maître croate, Marin Bosiocic

Arbitres du monde

Pour s’assurer du bon déroulement des affrontements, le duo a dû faire appel à des arbitres de calibre international. L’arbitre en chef, Aris Marghetis, ne tarit pas d’éloges sur l’organisation du tournoi. «Je suis très impressionné par les conditions offertes aux joueurs, qui sont vraiment supérieures. Ces deux gars-là ont créé quelque chose de spécial, mentionne l’officiel, qui habite Ottawa. Ils ont réuni dix joueurs avec une très bonne attitude et qui offrent du great chess. Il y a vraiment une très bonne atmosphère ici.»

Un privilège pour Rodrigue-Lemieux 

Lors du passage de La Voix de l’Est au Manoir, Shawn Rodrigue-Lemieux se reposait dans ses quartiers entre deux parties. Comme c’est souvent le cas, il avait dû manquer plusieurs de ses cours de cégep pour participer à ce tournoi. Mais le jeu en valait la chandelle. «C’est un privilège d’être ici. Faire partie d’un tournoi comme ça, c’est exceptionnel pour moi. J’ai accepté l’invitation sans réfléchir», explique le jeune homme de 18 ans.

Il ne cachait pas, toutefois, une certaine déception. Les choses n’allaient pas aussi bien qu’espérées pour le jeune prodige qui aspire à devenir grand maître. «Je m’attendais à mieux, mais bon.»

Le Québécois Shawn Rodrigue-Lemieux, nouveau champion du monde d’échecs chez les moins de 18 ans, était invité à prendre part au tournoi.

Après Waterloo, ce dernier s’envolera vers le Mexique, puis à Las Vegas pour prendre part à d’autres tournois.

Shawn avait plus tôt affronté Marin Bosiocic, pour qui l’événement de Waterloo compte parmi la centaine de tournois mondiaux qui l’occupent durant l’année. Le joueur professionnel avait d’ailleurs de bonnes chances de l’emporter. Accro aux échecs depuis l’âge de 5 ans, le Croate semblait se plaire au Manoir Maplewood, même s’il n’était pas là en touriste. «C’est beaucoup de travail et de stress. Il faut se garder en forme, mais c’est mon travail et il me plaît.»

Le tournoi n’est pas ouvert au grand public, mais il est possible de visionner les parties en direct, avec un léger décalage pour éviter toute tricherie.