L’entreprise, qui célèbrera ses 130 ans le 15 novembre, aura ainsi survécu au grand feu de Hull de 1900 qui avait entièrement détruit le bâtiment original de l’entreprise situé la rue Main et la majeure partie de la ville. Elle a vaincu plusieurs récessions de même que la récente pandémie. Dans les années 1990, la perte de contrats gouvernementaux et de 50% de ses revenus aurait aussi pu sonner le glas de l’entreprise familiale.
«Nous sommes une famille de résilients, toujours prêts à trouver des solutions et à s’adapter aux changements qui touchent non seulement l’entreprise mais aussi l’industrie», indique M. Gauvin pour expliquer le succès de cette longévité.
«L’innovation, j’en mange»
L’innovation et le grand intérêt envers les changements technologiques ont aussi toujours été dans l’ADN des dirigeants de l’entreprise. «L’innovation, j’en mange, j’en rêve», illustre l’entrepreneur de 62 ans qui a joint l’entreprise familiale en 1983, après l’obtention de son baccalauréat en administration. «Mon père voulait absolument que j’aie un diplôme universitaire avant de travailler à plein temps dans l’entreprise.» Et ce, après avoir commencé à y travailler pendant les saisons estivales dès ses 12 ans et y avoir fait tous les boulots.
Dès son arrivée en poste, André Gauvin a tôt fait de faire prendre à l’entreprise le virage vers l’informatisation. Son père Robert, typographe comme son grand-père et son arrière grand-père, avait introduit le procédé d’impression lithographique dans l’entreprise. Avant lui, son grand-père Joseph avait fait l’acquisition d’une Linotype, une machine qui utilise un clavier alphanumérique à 90 caractères, afin de permettre à l’entreprise de prendre de l’expansion.
Pendant plus de 100 ans, Imprimerie Gauvin aura fait sa marque dans le domaine de l’impression commerciale (cartes professionnelles, enveloppes, pochettes). Le déclin de ce marché, jumelé à la perte des contrats gouvernementaux, l’amène dans les années 1990 à modifier sa stratégie et à se lancer dans l’impression de livres et, au fil des ans, dans l’achat de presses numériques qui lui permettront d’accroître sa capacité de production.
Sa réputation et son savoir-faire, dans l’impression de livres à court et moyen tirages, feront le reste et lui permettront de remplir rapidement son carnet de commandes de nouveaux clients éditeurs de partout au pays, et même des États-Unis. «À notre première année dans l’impression de livres, on a fait 15 titres. L’an dernier, c’était plus de 4000 titres», souligne M. Gauvin, en précisant que l’entreprise réalise 40% de ses ventes à l’extérieur du Québec.
Le livre en mode juste-à-temps
En 2020, autre innovation alors qu’Imprimerie Gauvin lançait sa plateforme technologique GoLibro. Ce système à court tirage permet d’imprimer seulement la quantité de copies de livres dont les éditeurs ont besoin et de les expédier en trois jours ou moins.
«C’est un processus de production juste-à-temps qui est beaucoup plus flexible. Les éditeurs n’ont plus besoin de commander l’impression d’un minimum de livres, de tenir des inventaires ou encore de se débarrasser des livres invendus. Puis, selon les ventes, ils peuvent faire une nouvelle commande de réimpression de livres», explique André Gauvin. Cette solution, dont une demande de brevet international a été déposée, répondait ainsi aux doléances exprimées par les éditeurs, ajoute-t-il.
Le développement de GoLibro a pris forme en 2016, lors d’un voyage d’affaires à Düsseldorf en Allemagne pour participer à une foire spécialisée dans le domaine de l’imprimerie. C’est là que l’idée de manufacturer des livres différemment a germé dans la tête d’André Gauvin et sa conjointe Marie-France Forgette, qui est directrice du département pré-presse et l’accompagnait dans ce voyage.
Autre avantage offert par l’entreprise: les clients ont accès gratuitement à leur propre bibliothèque virtuelle, qui agit tel un cloud (stockage de données) et regroupe tous les projets imprimés par l’entreprise. Imprimerie Gauvin s’est aussi mise en mode 4.0 alors qu’elle a récemment investi 2,5 M$ pour automatiser certaines activités, notamment les opérations de reliure.
Toutes ces innovations devraient sûrement lui permettre de poursuivre son développement pendant encore de nombreuses années et de passer le flambeau à la cinquième génération, Francis-Olivier Gauvin, qui a joint l’équipe de production en 2015. Il s’apprêtait même, ces jours-ci, à suivre une formation sur la nouvelle presse numérique qui entrera prochainement en fonction.
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3 questions à André Gauvin
1. Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu ou que vous aimeriez avoir reçu?
«De bien s’entourer! Il est important de bien choisir le personnel et les professionnels pour nous soutenir dans nos projets.»
2. Avec le recul, qu’auriez-vous fait différemment?
«J’aurais travaillé dans une autre entreprise avant de rejoindre l’entreprise familiale. Pour vivre et expérimenter une autre culture d’entreprise et approfondir mes connaissances de gestionnaire plus rapidement.»
3. Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneur, comme dirigeant?
«L’innovation et l’automatisation! Il y a aussi la vision, la conception et la réalisation. Et être un chef de file en impression à la demande!»
En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce