Les rebuts industriels trouvent aisément preneur sur le marché car les refondeurs arrivent facilement à les utiliser. « Ce sont des rebuts de belle qualité, qui n’ont pas ou peu de contamination, qui sont déjà ségrégés, qui ne sont ni mélangés ou mixtes. On parle de rebuts récupérés à l’étape de fabrication et non en fin de vie d’un produit. Ils sont donc plus simples à traiter », explique Danielle Coudé, coordonnatrice du chantier Valorisation et recyclage d’AluQuébec, lancé en 2020.
L’une des premières étapes du chantier a été la réalisation d’une étude, effectuée par Ageco, dont le mandat était de réunir les informations quant au flux de l’aluminium au Québec. « Nous voulions avoir un portrait de ce qui se passe ici, savoir d’où arrivent les rebuts et où ils s’en vont. Nous voulions aussi quantifier les volumes et identifier les gisements », précise-t-elle.
La répartition géographique : un frein au recyclage
Le rapport a identifié certaines contraintes rendant le réemploi et le recyclage des rebuts postindustriels et postconsommation plus complexes qu’il n’y parait. La répartition géographique du Québec constitue l’un des principaux freins.
« Pour favoriser et simplifier l’émergence de boucles d’écologie industrielle, il faut que l’utilisateur soit proche de son fournisseur. Dans une perspective de développement durable, les courtes distances entre les gisements et un volume suffisant de rebut sont des éléments indispensables. Au Québec, les rebuts d'aluminium sont répartis sur des sites de plusieurs villes et villages, » soutient Mme Coudé.
Les capacités de refonte à leur maximum
Un autre constat, les capacités de refonte des rebuts industriels sont au maximum de ce que le Québec est en mesure de produire. « La capacité de refonte du Québec qui s’est bonifiée dans les dernières années utilise la totalité des rebuts postindustriels disponibles. Il y a un équilibre entre l'offre et la demande », poursuit Mme Coudé.
La deuxième fusion de l'aluminium implique la refonte des rebuts industriels ou de rebuts de produits en fin de vie qu'on retrouve chez les recycleurs et/ou les centres de tri.
« Pour favoriser l'émergence de boucles d'économie circulaire, nous devons considérer un territoire qui va au-delà du Québec. Nous n'avons actuellement pas de capacité de refonte de rebuts post consommation au Québec pour la production de lingots d'alliages de deuxième fusion. Nous ne pouvons pas être autosuffisants dans des boucles fermées.»
Favoriser le traitement des rebuts postconsommation
L’une des avenues à explorer est celle des rebuts postconsommation qui se retrouvent dans le bac de recyclage. Là encore, les défis sont grands, car les outils de tri actuels ne permettent pas un traitement optimal. « Il faut favoriser le traitement des rebus postconsommation puisque c’est tout ce qui est disponible au Québec. »
Même si l’aluminium est recyclable à l’infini, il nécessite une préparation initiale. Par exemple, dans le cas d’une canette pour laquelle le cycle est plutôt court, celle-ci doit tout de même être traitée et certains éléments qui sont contaminants doivent être préalablement enlevés.
Comme le Québec n’a pas de laminoir, les canettes consignées ici sont vendues et acheminées aux États-Unis.
« Les plus gros gisements de rebuts postconsommation à exploiter proviennent de la démolition et du démantèlement des voitures. Il y a cependant beaucoup de travail et de préparation de matière avant de pouvoir valoriser ces rebuts », ajoute Danielle Coudé.
Des initiatives porteuses d’avenir
Récemment, une mission en France a permis d’observer d’autres initiatives de recyclage de l’aluminium, les méthodes de tri, les technologies et les solutions pour traiter les rebuts postconsommations pour évaluer le potentiel de les reproduire ici.
La valorisation des rebuts d'aluminium postconsommation implique une optimisation des méthodes de tri permettant de séparer les alliages.
Il existe certes des pistes de solution potentielles pour accroître le recyclage et la valorisation de l’aluminium au Québec. Beaucoup d’espoir sont fondés sur le développement de la technologie pour y parvenir. La sensibilisation des consommateurs sur l'importance de recycler les métaux tels que l'aluminium ou l'établissement d'une consigne élargie sont des initiatives qui s'ajoutent aux efforts qui permettront de réduire l'enfouissement et améliorer les taux de recyclage au Québec.