Puisqu’il faut du temps et de l’argent pour réparer et ultimement remplacer tout ce qui ne dure pas, il y a lieu de questionner les choix que nous faisons comme société. Après tout, tôt ou tard, la génération qui suit devra assumer les conséquences (et régler la note) des fausses économies que nous croyons réaliser aujourd’hui.
Certes, l’utilisation de l’aluminium présente de nombreux avantages, son prix d’achat initial généralement plus élevé demeure son principal inconvénient. Un facteur qui le désavantage dans un contexte de prise de décision à court terme où seul le plus bas soumissionnaire est retenu. « Historiquement, l’écart pour réaliser un projet en aluminium se situe entre 5 à 10 %. On ne parle pas de coûts passant du simple au double,» explique François Racine, président-directeur général d’AluQuébec.
Utiliser une autre méthode d’arbitrage pour aborder la question tombe sous le sens. L’analyse du coût total de possession considère le prix d’achat initial, mais également l’ensemble des coûts inhérents à l’entretien dans toute la durée de vie de l’ouvrage.
« Dans beaucoup de cas, un projet en aluminium va coûter moins cher durant sa vie utile au niveau de l’entretien et des réparations à faire. Si on le compare à l’acier, on peut penser à des frais de peinture, de sablage, reconditionnement et dans certains cas de remplacement pour une durée de vie plus courte. Sans compter que tout ça a un impact sur l’environnement ».
Économiquement parlant, ces travaux d’entretien représentent un poids important. « Dans un contexte de développement durable, ce qu’on souhaite, c’est de faire des projets qui sont pérennes qu’on consacre peu de temps à réparer. Favoriser le plus bas soumissionnaire est un frein à l’innovation. Collectivement, il y a un coût rattaché au fait de compromettre la qualité au profit de projets qui sont moins durables » fait état M. Racine.
Un travail de sensibilisation demeure puisqu’on observe qu’une certaine méconnaissance persiste. « Un de nos principaux chevaux de bataille est de faire de la formation et de la sensibilisation auprès des ingénieurs. Ce qui nous fait réagir, c’est lorsque l’aluminium n’est pas considéré dans un appel d’offre. Souvent, pour un projet donné, la firme d’ingénierie sera choisie en fonction du plus bas soumissionnaire. Elle ne détiendra ni l’expertise, ni les connaissances en matière d’aluminium et voudra consacrer le moins de temps possible au mandat. Elle reproduira ce qu’elle connaît et maîtrise déjà sans chercher à innover », conclut-il.
Néanmoins, de plus en plus d’ingénieurs commencent à développer une expertise aluminium. Un travail qui demande un investissement de temps et argent, mais qui en bout de ligne, en vaut largement la peine.