Omy mise sur l’IA et le marketing numérique

Andréa Gomez et Rachelle Séguin

Omy Laboratoires est assurément bien de son temps et tournée vers l’avenir. À preuve: la jeune entreprise de Québec, fondée en 2018, a dès le départ misé sur l’intelligence artificielle pour être la première au pays à offrir des produits personnalisés de soins pour la peau. De plus, elle s’en remet au marketing numérique pour accroître sa notoriété et sa clientèle qu’elle dessert principalement par le biais du commerce électronique. Enfin, elle a adopté des valeurs d’écoresponsabilité en cherchant à réduire le plus possible son empreinte écologique, et ses produits sont composés à 95% d’ingrédients d’origine naturelle.


Voilà autant de facteurs qui, dans un marché hautement concurrentiel, l’amènent à se distinguer. «On a une culture orientée fortement vers l’innovation et un modèle d’affaires qui a un grand potentiel de croissance», fait valoir Rachelle Séguin, présidente et cofondatrice avec Andrea Gomez de cette entreprise qui souhaite d’ailleurs faire sa marque hors des frontières du Québec.

Les deux jeunes entrepreneures, fascinées depuis leur tout jeune âge par le domaine des cosmétiques et ayant même chacune travaillé à temps partiel comme cosméticienne, souhaitaient un jour lancer leur propre entreprise. Leur rencontre pendant leurs études à l’Université Laval, où Rachelle Séguin a obtenu un baccalauréat en chimie cosméceutique et une maîtrise en sciences pharmaceutiques, et Andrea Gomez une maîtrise en administration des affaires, a permis de mettre leur projet à exécution.



L’IA au service de la peau

«On voulait créer une entreprise capable de concevoir des produits sur mesure qui pourraient évoluer dans le temps, au gré des besoins changeants de chaque personne», explique Rachelle Séguin. La clé: le développement d’un logiciel, appelé SkinIA, qui utilise justement l’intelligence artificielle et ses algorithmes pour concevoir une formule de soins personnalisée.

Cet outil, développé pendant plus d’un an par une équipe de dermatologues, de chimistes, de programmeurs et de spécialistes en reconnaissance faciale, permet à une personne de faire une consultation en ligne et d’obtenir une analyse cutanée complète en moins de cinq minutes. Il lui suffit d’envoyer un égoportrait puis de répondre à un questionnaire portant notamment sur ses allergies. Le logiciel procède à l’analyse 3D de la peau de son visage, sélectionne ensuite les ingrédients requis selon ses problématiques cutanées, puis lui propose une gamme de produits fabriqués sur mesure par Omy.

«Le logiciel est en constante évolution afin d’y ajouter des fonctionnalités qui nous permettent d’avoir des analyses encore plus précises», souligne Mme Séguin, en précisant qu’il a fallu notamment l’adapter aux technologies évolutives des appareils photos intégrés dans les téléphones cellulaires.

Médias sociaux, blogues et boutiques éphémères

Une fois le développement du logiciel terminé, encore fallait-il faire connaître Omy. L’entreprise a d’abord profité du soutien d’influenceurs, non rémunérés, qui en ont parlé dans leurs blogues et les réseaux sociaux. Des influenceurs, certains rémunérés, font encore la promotion de ses produits. Les plateformes comme TikTok, Pintarest, Instagram ou encore YouTube contribuent aussi à accroître la notoriété de l’entreprise et à convertir leurs visiteurs en clients. Elle est même à l’affût de ce que pourrait offrir le métaverse et ses univers virtuels en 3D.



L’entreprise utilise le concept de «funnel» commercial afin de mesurer son efficacité à attirer, convertir et retenir des clients selon les diverses plateformes utilisées. Elle publie aussi des blogues qui sont notamment «très utiles pour informer les clients et répondre à ceux qui se posent des questions sur des problématiques de peau particulières», indique Mme Séguin.

Par ailleurs, Omy ne néglige pas pour autant les médias traditionnels comme des magazines spécialisés. «Ça rend notre marque plus concrète et nous donne une meilleure crédibilité», explique Rachelle Séguin, en ajoutant que le bon vieux bouche à oreille reste encore aussi efficace.

L’entreprise, dont la grande majorité de ses ventes provient de son site transactionnel, ouvre parfois des boutiques éphémères dans des centres commerciaux ou lors de festivals afin, encore là, de mieux se faire connaître mais aussi d’être plus directement en contact avec des clients.

Résultat: Omy emploie aujourd’hui une trentaine d’employés et a fait grimper son chiffre d’affaires d’environ 1300%, à près de 3 M$, au cours de ses trois premières années d’existence. Elle n’entend pas s’arrêter là. Des investissements importants visant à automatiser des équipements et accroître sa capacité de production ont récemment été réalisés afin de lui permettre de faire une percée importante aux États-Unis, dès le début de la prochaine année. Et ce, en utilisant les mêmes stratégies d’innovation et commerciale qui ont fait son succès.

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3 questions à Rachelle Séguin

1. Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu ou que vous aimeriez avoir reçu?



«Ne pas attendre le produit parfait avant de se lancer en affaires. Il faut essayer! Le conseil que j’aurais aimé avoir reçu est qu’il est beaucoup plus ardu de se lancer en affaires qu’on peut le croire. Les défis sont nombreux et constants.»

2. Avec le recul, qu’auriez-vous fait différemment?

«Bien choisir l’image de marque, un nom accrocheur et facile à prononcer. Ne pas négliger la marque (avec le nom de domaine disponible) et investir dans le branding.»

3. Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneure, comme dirigeante?

«Je veux changer le monde, un pot de crème à la fois! Je veux avoir un impact positif sur notre société, donner confiance aux gens, et avoir le plus petit impact que possible sur notre planète. Ma plus grande motivation est d’utiliser la technologie au service de la communauté, dans un but de bienveillance.»

En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce