«Ce ne sont pas des gros montants qu’on demande au gouvernement», alors que seulement 1% à 2% du budget québécois en santé et en services sociaux sont octroyés aux organismes communautaires oeuvrant dans ce secteur, relativise Nicolas Luppens, directeur général de la Corporation de développement communautaire (CDC) de la Haute-Yamaska.
Ce dernier a participé au point de presse tenu jeudi matin à Granby, avant de se rendre à Montréal à la manifestation de soutien à l’action communautaire, en compagnie d’autres organismes de la région.
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La CDC de la Haute-Yamaska a multiplié les actions ces derniers mois afin de monter le ton face au sous-financement chronique des organismes.
Nommons entre autres la rédaction d’un rapport soulignant les impacts de cette pénurie dans le secteur communautaire, des rencontres avec le député de Granby et son équipe, des actions de mobilisation ou encore des réactions aux budgets.
La CDC dénonce le manque de soutien financier du gouvernement.
«Les investissements supplémentaires prévus pour l’ensemble des organismes sont presque nuls de 2024 à 2027 et vont créer une onde de choc pour les organismes, qui sont à bout de souffle avec la hausse de l’inflation et l’exode des travailleurs du communautaire vers d’autres secteurs», dénonce M. Luppens devant un filet tenu à bout de bras par plusieurs intervenants communautaires, ce dernier symbolisant le filet social indispensable que représentent les acteurs du milieu communautaire.
Selon lui, la pénurie de main-d’œuvre qui sévit actuellement frappe de plein fouet le secteur communautaire. Soixante-dix pour cent des organismes du territoire ayant répondu à l’étude de la CDC indiquent que des coupures de services ont déjà eu lieu par manque d’employés et d’autres sont à venir si le gouvernement n’agit pas.
460 M$ plutôt que 3 M$
M. Luppens revendique plus d’autonomie pour les organismes membres de la CDC, alors que les montants qui leur sont alloués sont régulièrement conditionnels au respect de certaines modalités, ce qui nuit à leur autonomie de fonctionnement.
Ce respect de l’autonomie des groupes en action communautaire devrait s’accompagner d’un financement à long terme accru à la mission des organismes, plutôt que des ententes spécifiques par projet de quelques années.
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Karine Lussier, directrice du Groupe action solution pauvreté, est par exemple la seule employée salariée de son organisme, son salaire étant financé par le biais d’une entente de deux ans avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. Le GASP intervient localement sur les dossiers d’itinérance, de logement social et de sécurité alimentaire.
Pour arrêter de fragiliser les organismes, le Réseau québécois de l’action communautaire autonome demande au gouvernement d’augmenter le financement de la mission des organismes de 460 M$ par année, soit l’équivalent de 130 000$ par organisme.
Au lieu de cela, selon M. Luppens, le gouvernement prévoit d’augmenter de 3 M$ le Programme de soutien aux organismes communautaires pour l'année 2023-2024 uniquement.
Notons par ailleurs qu'Anne-Sophie Legault, candidate de Québec solidaire dans Granby, était présente lors de cette sortie des représentants du communautaire.
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Des besoins grandissants
Les organismes peinent à répondre aux besoins. L’organisme Dynamique des handicapés de Granby et région, par exemple, a vu son territoire d’intervention passer de 1 MRC à 9 MRC soit l’ensemble de l’Estrie, et ce, sans financement supplémentaire. Résultat, la directrice Marie-Christine Hon continue à faire cavalier seul à sa barre, à sa plus grande désolation.
Au GASP, on souligne que la précarité de la population est en hausse fulgurante, avec la hausse du coût de la vie. «Plusieurs doivent choisir entre manger ou payer leur loyer», dit Mme Lussier, qui coordonne une table sectorielle sur la sécurité alimentaire et qui constate la hausse des demandes de dépannage alimentaire.
«Sans les organismes communautaires, la société ne fonctionnerait tout simplement pas», tranche pour sa part Martine St-Germain, directrice des Cuisines collectives Haute-Yamaska.
Le filet social assuré par le communautaire, ce sont «tous les services que l’État ne fournit pas directement et délègue aux organismes, rappelle-t-elle. Si on n’était pas là, les hôpitaux et les CLSC déborderaient [encore plus]. Une fois pour toutes, il faudrait reconnaître tout ce que fait le communautaire».
Bref, le constat est sombre pour les 4000 organismes en action communautaire du Québec. M. Luppens appelle le futur gouvernement à agir rapidement : «Nous sommes arrivés au point de rupture.»