Provision d’eau, de nourriture, de bougies, de piles et même, pour certains, de jeux de cartes et de friandises, les Madelinots prennent d’assaut les quatre épiceries de l’archipel comme le constate Le Soleil sur place, d’autant plus qu’elles seront fermées samedi, tout comme l’ensemble des commerces. Seul l’hôpital et les services d’urgence demeureront en opération.
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«Même si on ne sait pas vraiment ce qui s’en vient et si ça va être pire ou non que ce qu’on annonce, on écoute les conseils qu’on nous donne, raconte Lisa Poirier en poussant un panier rempli de vivres, rencontrée à la sortie du supermarché IGA. On fait des provisions parce que tout va être fermé.» La mère de deux enfants de 3 et 8 ans ne prend pas de risques «pour ne manquer de rien», même si elle a la chance de pouvoir compter sur une génératrice à la maison. «On apporte des choses pour garder les enfants occupés et pour leur faire grignoter de petites gâteries. On va jouer aux cartes et on va faire des casse-tête.»
La femme de 34 ans n’a pas peur de l’ouragan. «On a déjà eu des tempêtes et du verglas au cours des dernières années. On est prévoyant.» Préposée aux bénéficiaires dans une résidence pour personnes âgées, elle n’aura pas congé, même au plus fort de la tempête. Elle constate que les travailleurs qui proviennent d’agences de l’extérieur sont beaucoup plus stressés qu’elle. «Nous, des grands vents, on en a à l’année!»
Souvenirs de Dorian et de Blanche
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Vendredi, les pêcheurs s’affairent à attacher leurs bateaux afin qu’ils ne soient pas endommagés par le vent et les vagues. Certains ont encore frais en mémoire la tempête Dorian de septembre 2019, où plusieurs navires s’étaient fracassés contre les quais ou s’étaient agglutinés les uns sur les autres. Avec des vents annoncés d’environ 150 km/h, les résidents entrent les tables et les chaises extérieures, tout comme les BBQ.
Les plus vieux se souviennent de l'ouragan Blanche qui, le 28 juillet 1975, avait ravagé l’archipel. Il s’était impitoyablement acharné sur la région pendant environ 4 heures, générant de fortes orages et déversant d’importantes quantités de pluie. Les vents forts et la pluie occasionnéspar l’ouragan avaient causé des dommages sur l’ensemble du territoire insulaire. «Le toit du motel Bellevue avait arraché», se rappelle Odette Cormier. Une adolescente de 15 ans avait péridans l’incendie de sa demeure, frappée par la foudre.
D’autres appréhendent les vagues prédites par les météorologues qui pourraient atteindre une dizaine de mètres, ce qui équivaut à la hauteur d’un édifice de trois ou quatre étages. Si cela devait arriver, la submersion côtière, principalement dans le secteur des jetées qui relient les îles entre elles, risque de causer la fermeture de routes. Ainsi, les insulaires pourraient être isolés entre eux et privés de l’accès à des membres de leur famille.
Important contingent d’Hydro-Québec
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Hydro-Québec a envoyé par traversier cinq camions à nacelle qui viennent s’ajouter aux quatre déjà disponibles aux Îles ainsi que des poteaux. De plus, la société d’État a dépêché une vingtaine d’employés supplémentaires. Ceux-ci sont arrivés jeudi par bateau ou par avion en provenance de Gaspé, de Carleton-sur-Mer, d’Amqui et de Rimouski. Parmi eux, une douzaine de monteurs de lignes viennent prêter main forte à ceux de l’archipel. Quatre planteurs de poteaux, deux mécaniciens et une conseillère en santé et sécurité au travail font partie du contingent, de même que des gestionnaires en transport et en distribution.
La conseillère aux relations avec le milieu n’écarte pas la possibilité de déployer d’autres travailleurs au besoin. «À ce moment-ci, on juge qu’on a la frappe nécessaire pour intervenir,soutient Ariane Doucet-Michaud. Mais, selon l’évolution de la situation et l’ampleur des dégâts, on va toujours réévaluer les besoins, que ce soit de l’équipement ou des ressources humaines. On va s’ajuster au fil des jours.»
Les équipes d’Hydro-Québec se préparaient donc au pire, vendredi, dans l’éventualité de pannes de courant ou de poteaux cassés. «Les monteurs et leur équipe vérifient la sécurité de leurs équipements pour qu’ils soient prêts à intervenir, qu’il n’y ait pas de bris mécaniques, explique la porte-parole. Puis, l’autre mot d’ordre pour la journée, c’est repos parce qu’on sait que les prochaines journées vont être éprouvantes pour les gars et ils vont avoir de grosses journées de travail.»
Mme Doucet-Michaud précise que la société d’État n’enverra pas ses équipes dans le pic de la tempête. «On va intervenir s’il y a des besoins de sécurisation et on va collaborer avec les services d’urgence. Mais, ils ne répareront pas les pannes. On va attendre que le vent tombe et que les conditions soient sécuritaires. Dans un poteau avec des rafales à 100 km/h dans le camion à nacelle, ce n’est pas sécuritaire.»
Comme il est prévu que Fiona commence à toucher les Îles dans la nuit de vendredi à samedi, des équipes d’Hydro-Québec seront de garde dans l’éventualité où elles seraient appelées pour sécuriser certains endroits. La société d’État travaille en collaboration avec la cellule de coordination composée du ministère de la Sécurité civile, de la municipalité des Îles-de-la-Madeleine et du ministère des Transports du Québec. «On va s’arrimer avec eux pour toutes nos interventions terrains, soit pour sécuriser les lieux ou pour se déplacer sur le territoire s’il y a des enjeux.»
La CTMA a annulé toutes ses traverses de samedi et de dimanche entre Cap-aux-Meules et Souris à l’Île-du-Prince-Édouard. Certains vols ont aussi été annulés.